Paris vous aime magazine (oct-dec 2023)

Un auditorium de 234 places se loge dans le grand comble où dormaient autrefois les moines. The large attic where the monks once slept now houses a 234-seat auditorium.

des rangées de 32 colonnes soutiennent des voûtes arquées, les 5000 m 2 du bâtiment regorgent d’autres salles tout en pierre et en ogives, entièrement réno- vées. L’ancien cellier est déblayé pour la première fois depuis l’époque médiévale : auparavant garde-manger des moines, il sert à présent aux nourritures spirituelles, puisqu’il a été cloisonné en salles de cours. Un vaste auditoriumde 234 places se loge dans le grand comble où dormaient autrefois les moines. Une rosace cistercienne permet d’y admirer le ciel, mais c’est une copie de l’ori- ginale du XIII e siècle… qui se trouve sur le pignon nord du bâtiment, apportant au petit auditorium un cachet exceptionnel. Partout, le bois et le verre dialoguent avec les pierres ancestrales. Désormais, les Bernardins sont un «lieu de partage et de rencontre», pour reprendre les mots de l’ancien archevêque de Paris, Monseigneur Vingt-Trois. Pour s’en convaincre, il suf t d’admirer

when the Archbishop of Paris, Jean-Marie Lustiger, decided to bring it back to life. The future cardinal dreamed of a place where interfaith dia- logue and reason could once again be embodied, with the underlying idea that the past allows us to re ect on the present in order to build our future. Architect Jean-Michel Wilmotte’s mission was to “bring the 13 th century building into the 21 st century ”. To prevent the building from gradually sinking into the ground, 322micropiles were buried 80ft (25m) into the ground to support the columns and external walls. The Bur- gundian roof, covered with 110,000 tiles in ve differ- ent shades, was restored. In addition to the great nave, where rows of thirty-two columns support the arched vaults, the 54,000 sq ft (5,000 sq m) of space was completely renovated. The old cellar has been cleared for the rst time since the Middle Ages: the monks’ former pantry has been divided into classrooms and is nowused as a space for spiritual nourishment, while the spacious attic, where the monks once slept, now houses a large 234-seat auditorium. A Cistercian rose window - a copy of the original from the 13th century - gives the auditorium a unique character and lets you admire the sky. The Bernardins are a “place of meeting and sharing” , according to the former archbishop of Paris, Monsei- gneur Vingt-Trois. To be convinced, one only has to admire the 14th-century sacristy that once connected the un nished Bernardins church to the monks’ building. Themajestic sacristy, with its 36ft (11m) high Une des salles composées d’ogives devenue un lieu de partage et de rencontres. One of the rooms has become a hub for gathering and sharing.

la sacristie du XIV e siècle qui reliait autrefois l’église des Bernardins, jamais achevée, au bâtiment des moines. Majes- tueuse avec ses 11 mètres sous plafond, elle est bâtie au cours de la période du gothique am- boyant, mais reste marquée par la sobriété cistercienne. Les visiteurs peuvent y découvrir la pierre tombale de Günter, un moine allemand de Thuringe décédé en 1306, qui révèle l’in uence européenne du Collège au XIV e siècle. Les trois piliers du Collège Il accueille aujourd’hui des expositions d’art contempo- rain et des concerts. Le Collège des Bernardins repose ainsi désormais sur trois piliers. Avant tout, la formation intellectuelle, exactement comme au Moyen Âge, sou- ligne Laurent Landete : «Nous formons les grands théo- logiens de demain – une centaine de séminaristes envi- ron –, mais pas seulement! Nous nous adressons à tous, laïcs ou religieux qui, parce qu’ils cherchent du sens à l’existence, veulent faire de la philosophie ou de la théo- logie.» Près de 4000 étudiants en présentiel se côtoient ainsi chaque année au sein de «L’École cathédrale» et la plateforme numérique du Collège compte 16000 inscrits. Une attention toute particulière est portée au dialogue interreligieux, en particulier avec le judaïsme. Deuxième pilier, la recherche, avec un credo : la foi sans la raison s’assèche et la raison sans foi se raidit. Le Collège fait ainsi le pari de confronter l’Écriture sainte aux enjeux de notre temps, que ce soit le climat, l’écologie ou même… la mode. Le frère dominicain Alberto Fabio Ambrosio, spécialiste du sou sme et auteur de plusieurs ouvrages sur la mode, pilote ainsi un projet de recherche intitulé «revêtir l’in- visible : la religion habillée»! Et en n, l’expression artis- tique, car, souligne le directeur général des lieux, «là où l’intelligence se heurte à ses limites, la sensibilité nous offre de nouveaux chemins à parcourir. Ces dernières années, on a proposé à des artistes croyants ou pas, chrétiens ou pas, d’habiter ce lieu, de venir aussi souvent qu’ils le voulaient, d’assister à des conférences ou de participer à des cours, et de produire ensuite quelque chose en lien avec ce qu’ils ont vécu ici.» Parmi eux, le vidéaste Laurent Grasso ou les plasticiens Abdelkader Benchamma et Paul Kichilov pour ne citer que les plus récents. Laurent Landete insiste : «Ici, les tables rondes succèdent aux débats ou aux expos… C’est qu’une seule voûte unit ces trois piliers : le dialogue!» Un dialogue manifestement apprécié, puisque le Collège attire chaque année quelque 100000 visiteurs. ◆

Le Collège confronte la parole de l’Évangile aux enjeux de notre temps. The College confronts the words of the Gospel with the challenges of our time.

ceiling, was built in the extravagant Gothic style, but tempered by Cistercian sobriety. Visitors can see the tombstone of a German monk from Thuringia called Günter, who died in 1306, which reveals the European in uence on the 14th-century college. The Collège’s three pillars Today, the Collège des Bernardins is based on three pillars. Firstly, intellectual training, as in the Middle Ages. “We prepare about 100 priests to become the great theologians of the future. In fact, we welcome any secular or religious person who is looking for meaning in life and wants to study philosophy or theology”, says Landete. Some 4,000 students attend The Cathedral School each year, and the college’s digital platform has 16,000 registered users - “the Net ix of theology!” Particular attention is paid to interreligious dialogue, especiallywith Judaism. The second pillar is research, based on the credo: “Faith without reason dries up and reason without faith becomes rigid” . In this way, the College seeks to confront the Gospels with the issues of our time, such as climate change, ecology and even fashion. The third pillar is artistic expression, because, according to Landete, “where intelligence reaches its limits, sensitivity offers new paths to follow. Over the past few years, we have invited artists, regardless of their religious beliefs, to live in this place and come as often as they like, to attend conferences or courses, and nally to produce something related to the Collège” . Guest artists include videographer Laurent Grasso and visual artists Abdelkader Benchamma and Paul Kichilov. “A single arc unites these three pillars: dia- logue”, says Landete. This dialogue clearly appeals to the 100,000 people who visit the Collège every year. ◆

Les grandes dates Important dates

1248 Pose de la première pierre.

1338 Début de la construction de la sacristie. Beginning of the construction of the sacristy.

1790 Con scation du Collège par les Révolutionnaires. Con scated by the Revolutionaries.

1848-1993 Le Collège devient

2001 Rachat par le diocèse de Paris.

2008 Réouverture et inauguration par Benoît XVI.

une caserne de pompiers.

Collège des Bernardins 20, rue de Poissy, Paris 5 e . 10 Maubert Mutualité Informations : 01 89 71 34 62

The rst stone is laid.

The Collège was used as a re station.

Repurchased by the Diocese of Paris.

Renovation began.

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