Paris vous aime magazine Juillet-Août-Septembre 2024
Club Bolivar, dans le 19 e arrondissement de Paris, juste avant que l’Insep, l’usine à champions qui a vu défiler tous ses prédécesseurs, ne lui ouvre ses portes à Vincennes. Soutien, encadrement, bourses, soins, stages, primes : rien n’est refusé à l’exception qui, qualité détermi nante supplémentaire, y met aussi beau coup du sien. Suivront et / ou s’ajoute ront une kyrielle de bienfaits opportuns : l’effet de groupe, Franck Chambily, l’entraîneur idoine, un clan familial, soudé, des pauses antillaises indispen sables, une popularité consensuelle, le tout versé au bénéfice d’une précocité elle-même inédite. Riner accède au Pôle espoir dès l’âge de 15 ans. Il est encore junior, mais dispute déjà les Championnats d’Europe seniors. Jusqu’à devenir à son tour inabordable. Entre 2010 et 2019, soit durant 3 436 jours d’affilée, il collectionne 154 victoires en l’espace de 36 compétitions, dont deux titres olympiques à Londres et à Rio. Ajoutez à cela d’indispensables périodes de jachère, de convalescences assumées, de doutes surmontés (face aux gau chers, en particulier), des tombereaux de sacrifices accumulés, et vous aurez une idée à peu près conforme du che min parcouru. À Tokyo, lors du dernier rendez-vous olympique, le multi-champion du monde (onze titres à ce jour !) a pour partie failli, échouant en finale indi viduelle, mais participant de manière déterminante au gain du titre par équipe, le baromètre le plus fiable de l’état de santé du judo d’une nation. Ses partenaires viennent de Clamart, de Besançon, de Soisy, de Noisy, de Sarcelles, références et prosélytes à leur tour. À l’image de l’irrésistible Clarisse Agbegnenou, porte-drapeau dans tous les sens du terme, fille d’un scientifique togolais, née prématurée, opérée du rein, dans le coma sept jours durant, double championne olym
pique vingt-sept ans plus tard, égérie incontestée de son sport, désormais mère de famille et, encore et toujours, sur la brèche ! Qui a dit que le sport n’était pas une source de motivation ? Et le judo une religion pour la vie ?
BENOÎT HEIMERMANN Journaliste sportif et écrivain, il a été grand reporter au Matin de Paris , à Challenges puis à L’Équipe magazine jusqu’en 2014, ainsi qu’éditeur chez Flammarion, Grasset et à présent chez Stock. Auteur de plus d’une trentaine de livres balayant des disciplines comme la boxe, le tennis, le football, la navigation, l’alpinisme ou l’aviation, il a par ailleurs écrit plusieurs documentaires télévisés. Je me souviens… de la foulée de Pérec (et autres madeleines sportives) , publié sous sa direction, vient de paraître au Seuil. Sports journalist and writer Benoît Heimermann worked as a senior reporter L’Équipe magazine until 2014. He is the author of over 30 books, published with Flammarion, Grasset and now Stock, on sports, including boxing, tennis, football, sailing, mountaineering and aeronautics, and several television documentaries. Je me souviens... de la foulée de Pérec (et autres madeleines sportives) , edited by Heimermann, was recently published by Seuil. for Le Matin de Paris , Challenges and then
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