Paris vous aime magazine Juillet-Août-Septembre 2024
pedigree serait vraiment hors norme. Tombé du ciel, façonné à la perfection, Yasuhiro Yamashita concentre toutes les attentions. Même la légende s’en mêle, qui rapporte que, si sa charpente osseuse est à ce point inébranlable, c’est qu’elle a hérité des pratiques de son père, habitué à truffer d’arêtes de poisson le biberon de son rejeton ! La recette tient ses promesses. Entre 1977 et 1985, le nouvel Hercule accu mule une cascade de récompenses : un titre olympique et 203 victoires de rang, dont 198 conclues par ippon (l’équivalent du K.-O. pugilistique). Sauf que le miracle s’interrompt avec lui. D’autres forts en muscles suivront, inca pables cependant de garantir au Japon une hégémonie à long terme. Pour la rai son essentielle que tous les autres pays candidats à l’excellence se sont, dans le même temps, empressés de hausser le ton dans de semblables proportions. Stimulée par une poignée de pionniers inspirés, l’école française n’est pas la dernière à s’être adaptée à cette nou velle donne, y compris au niveau de la plus spectaculaire des catégories. À cette altitude, trois pays, pas davan tage, se sont partagés les sept titres olympiques mis en jeu depuis 1996 : la République tchèque, victorieuse en 2020 ; le Japon plébiscité à deux reprises en 2004 et 2008 ; et la France, quatre fois récompensée, en 1996 et 2000 grâce à David Douillet, et en 2012 et 2016 grâce à Teddy Riner. Les mérites initiaux de Douillet sont immenses. Avant lui, à des échelons inférieurs, Rey, Parisi, Alexandre, Nowak, Fleury ont certes ouvert le bal olympique, mais les deux sacres consécutifs qu’il obtint à Atlanta et à Sydney entérinèrent plus nette ment encore le savoir-faire tricolore. Désormais, à tous les niveaux, celui-ci est considéré sur l’ensemble de nos ter ritoires – ultramarins compris –, chez les garçons et chez les filles, comme
Stimulée par une poignée de pionniers inspirés, l’école française n’est pas la dernière à s’être adaptée à la nouvelle donne du judo mondial
the athlete’s level of commitment, his coach Franck Chambily and the cohe sion of the team, the support of his close-knit family and essential times of rest in the West Indies, not to men tion his great popularity, all contri buted to his remarkable talent. Riner joined the elite Pôle Espoir pro gramme and was already competing in the European senior championships by the age of 15. Between 2010 and 2019, over a period of 3,436 consecutive days, he amassed 154 victories in 36 compe titions, including two Olympic gold medals in London and Rio. Add to that the indispensable periods of rest and recovery, the moments of doubt (espe cially against left-handers) and the many sacrifices he had to make, all give an idea of how far he’s come. At the last Olympic Games in Tokyo, this 11-time world champion did not
reach the individual judo finals, but still played a decisive role by win ning the mixed team gold medal – the most reliable assessment of a nation’s strength in a sport. Hailing from Clamart, Besançon, Soisy, Noisy, and Sarcelles, Riner’s team mates all have their own stories to tell. Take the irrepressible Clarisse Agbegnenou, the flag bearer in every sense of the word. The daughter of a Togolese scientist, she was born pre maturely, underwent a kidney opera tion and remained in a coma for seven days, she nevertheless rose to become a two-time Olympic judo champion 27 years later. The undisputed muse of her sport is now a mother but remains immersed in judo. An illustration of the great motivational potential of sport and the enduring appeal of judo as a lifelong pursuit.
l’un des plus efficaces et enthousias mants du monde. Comme leurs dates de naissance le sou lignent (1969 et 1989), vingt années tout juste séparent les règnes de Douillet et de Riner (on y revient) et une augmen tation de 100 000 licenciés au bas mot. Une parenthèse qui permit d’éprouver un système de détection quasi infail lible et un outil de formation pareille ment efficace. Le parcours de l’actuel leader des équipes de France en est la meilleure preuve. Né à Point-à-Pitre, en Guadeloupe, mais installé en région parisienne dès l’âge de 5 ans, Teddy a pour la première fois apprivoisé les mouvements de son corps à l’occasion d’un cours de danse ! Une introduction pour rire avant un parcours autrement plus musclé. À 9 ans, le gamin s’éparpille encore, à 13, il ne fait plus que cela. Au Judo
À leur retour du Japon, le 2 août 2021, après les JO d’été 2020, les judokas
présentent leurs médailles : pour Teddy Riner, le bronze des plus de 100 kg homme et l’or en équipe mixte ; pour Clarisse Agbegnenou, l’or des moins de 63 kg femmes et l’or en équipe mixte. Upon their return from Japan on 2 August 2021, Teddy Riner and Clarisse Agbegnenou pose with their medals from the 2020 Summer
Olympics. © J.E.E / SIPA
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LE RÉCIT TEDDY RINER
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