Paris vous aime magazine Avril-Mai-Juin-2024
Thomas Schlesser en dates 2006 : il obtient un doctorat en histoire et civilisations avec sa thèse sur le peintre Gustave Courbet. 2006-2016 : journaliste ( Beaux Arts Magazine et Radio Nova), et enseignant (Sciences-Po, École du Louvre, Polytechnique). Paris 2024, should sport and culture be pitted against each other, as they sometimes are? Certainly not. Many artists have been athletes, such as Robert Delau nay and Jacques Henri Lartigue. A gifted player is said to be an artist, and certain gestures are likened to masterpieces. ◆ 2014 à aujourd’hui : il est directeur de la Fondation Hartung-Bergman - centre de recherche et musée - à Antibes. 2024 : déjà auteur d’une dizaine d’essais remarqués, il connaît un succès mondial avec Les Yeux de Mona . 2006: Doctorate in History and Civilisation 2006-2016: Journalist (Beaux Arts Magazine and Radio Nova) and teacher (Sciences-Po, École du Louvre, Polytechnique). 2014 to date: Director, Hartung Bergman Foundation Antibes. 2024: Authored Mona’s Eyes . Among the artists you mentioned, there are 40 men and 12 women. When will we have gender parity? Very soon. Because of the focus on gender parity in museums and the current composition of art schools, with a majority of female students. Can you name five artists not mentioned in your book whose work can be admired in Paris? The painters Caravaggio, Hok usai, Henry Raeburn, and Joan Mitchell. And the film maker Andreï Tarkovski. A little-known work of art in the capital? In the restaurant Chez Georges (Paris 2nd) above the counter, is a painting of St. Georges defeating... a lobster, by Auguste Levêque in 1890. When the capital is hosting the
les hommes continueront à être en majorité. Par ailleurs, grâce à la composition des classes aux écoles de Beaux-Arts, où la part des femmes est immense. Les courbes vont rapidement se croiser. Pouvez-vous citer cinq artistes absents de votre livre, dont on peut admirer les œuvres à Paris ? Les peintres Le Caravage, Hokusai, Henry Raeburn, Joan Mitchell. Et un cinéaste, Andreï Tarkovski. Si je devais ne choisir qu’un plan de lui, ce serait le dernier du film Stalker , avec une petite fille qui, par la force de l’esprit, déplace un verre qui finira par tomber d’une table. Quelle photographie évoque le mieux Paris à vos yeux ? J’aime particulièrement une pho tographie du XIX e siècle. Elle est de Martial Caillebotte, le frère du peintre Gustave Caillebote, qui photographie ce dernier avec son chien, sur les pavés devant le Louvre. Je voudrais ajouter ma pas sion pour la poésie de Guillaume Apollinaire : « Je passais au bord de la Seine/Un livre ancien sous le bras/Le fleuve est pareil à ma peine/Il s’écoule et ne tarit pas/ Quand donc finira la semaine. » Une œuvre méconnue à admirer dans la capitale ? Ici même, dans le restaurant Chez Georges (Paris 2 e ), on trouve
der of the Crown, en 1986. En voyant ces images d’un monde médiéval, ses châteaux et ses clairs-obscurs, je découvrais la sen sation de la beauté, subjugué. Le premier peintre qui m’a touché, c’est Gustave Courbet au musée d’Orsay. J’ai d’abord éprouvé pour lui une fascination intellectuelle avant de tomber en amour esthétique. Pourquoi militez-vous pour sa panthéonisation ? D’abord, il n’y a pas de peintre au Panthéon, sauf Joseph-Marie Vien, le maître de David, pour des rai sons politiques. Ensuite, Courbet était un militant républicain, grand humaniste, d’une grande bravoure durant la Commune. Ce n’était pas un sanguinaire, mais un homme croyant en la réconciliation, et qui voulait sauver le patrimoine. Dans Les Yeux de Mona , vos héros visitent le Louvre, le musée d’Orsay et Beaubourg. L’art n’existe-t-il pas aussi hors des institutions ? Ici, la beauté est partout. Beauté des volumes, de l’architecture, de la lumière. Se promener dans les rues de Paris est une expérience de la beauté. Sans parler des innom brables musées (Gustave-Moreau, Bourdelle, Zadkine, etc.) et des gale ries, où l’on trouve aussi des chefs d’œuvre. Paris est même redevenue aujourd’hui la capitale mondiale de l’art, devant New York, car elle pré sente la qualité combinée de l’offre culturelle et de la scène de création. Sans oublier la gastronomie. On dit parfois que l’art guérit… J’ai trop de considération à l’endroit des gens qui souffrent et trop de res pect pour les médecins pour sous crire à ce lieu commun. L’art ne gué rit pas. En revanche, l’art console. Et ce n’est déjà pas si mal. Parmi les artistes que vous citez, il y a quarante hommes et douze femmes. Quand arrivera-t-on à la parité? Très rapidement. D’une part, en raison du travail effectué dans les musées – même si au Louvre,
Now I live in Laumière, not far from the architecturally stunning Buttes-Chaumont, where I like to sit on a bench and watch people walking their dogs. As the grandson of a musician and the son of a writer, were you born into the artistic life? No, I didn’t get much education from my father. We didn’t have any books in my mother’s house. There was a lot of energy in the 1980s, but emancipation was achieved more through music, the media, free radio and so on. My literary development came when I discov ered poetry as a teenager. What was your first artistic emotion? It was the video game Defender of the Crown , in 1986. When I saw those images of a medie val world, with its castles and chiaroscuro, I was captivated by its sense of beauty. The first painter to touch me was Gustave Courbet in the Musée d’Orsay. Why are you campaigning for him to be enshrined in the Pantheon? First of all, for political reasons: there’s no painter in the Pantheon, apart from Joseph-Marie Vien, [Jacques-Louis] David’s teacher. Secondly, Courbet was a répub licain, a great humanist, and a brave man during the Commune.
In Mona’s Eyes , your heroes visit the Louvre, the Musée d’Orsay and the Centre Pompidou. Doesn’t art also exist outside the big institutions? Here, beauty is everywhere. The beauty of volumes, of architec ture, of light. Walking through the streets of Paris is to experi ence beauty. Thanks to the qual ity of its combined cultural and creative scene, Paris has once again become the world capital of art, ahead of New York. And let’s not forget our gastronomy. It’s said that art heals... I have too much compassion for those who suffer, and too much respect for doctors to subscribe to this cliché. Art does not heal. But art comforts. And that is not nothing.
au-dessus du zinc un tableau figu rant saint Georges terrassant… un homard, signé Auguste Levêque, symboliste belge, en 1890. La beauté, parfois méconnue, se cache partout.
À l’heure où la capitale va accueillir les JOP, faut-il, comme on le fait parfois, opposer sport et culture ?
Mona’s Eyes, a runaway success Only a few weeks after its publication in February, Schlesser’s novel, translated into 33 languages, has become the number one bestseller in France and Italy. It tells the story of Mona, a 10-year-old girl who suddenly becomes temporarily blind. Her grandfather takes her to discover 52 masterpieces in Parisian museums. For Mona, discovering beauty is an ode to life and reveals a family secret. Published in France by Albin Michel, the book was initially rejected by several major publishers. Les Yeux de Mona , un succès fulgurant Quelques semaines après sa sortie en février, le roman de Thomas Schlesser, traduit en 33 langues, était déjà numéro 1 des ventes en France et en Italie. Il raconte l’histoire de Mona, une enfant de 10 ans, subitement touchée par une cécité temporaire. Son grand-père va l’emmener à la découverte de 52 chefs d’œuvre des musées parisiens. Cet apprentissage de la beauté sera pour elle une ode à la vie, qui lui permettra de mettre au jour un secret familial. Le livre, publié chez Albin Michel, a d’abord été refusé par plusieurs grands éditeurs.
Surtout pas. Beaucoup d’artistes étaient sportifs, et nombre d’entre eux ont traité du sport, comme le peintre Robert Delaunay ou le pho tographe Jacques Henri Lartigue. On dit d’un bon joueur qu’il est un artiste, et certains gestes sont com parés à des chefs-d’œuvre. Lionel Messi est une source d’inspiration par ses mouvements ballon au pied et par la géométrie de ses passes. Et Novak Djokovic, pour l’élasticité de son corps et de son tennis. ◆
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