Paris vous aime magazine Avril-Mai-Juin-2024

Un café avec… THOMAS SCHLESSER

L’historien de l’art vient de publier Les Yeux de Mona , le succès de librairie inattendu de ce début d’année. Natif de Paris, l’actuel directeur de la fondation Hartung-Bergman, à Antibes, reste amoureux de la Ville lumière, qu’il considère comme la capitale mondiale de l’art.

Art historian and current director of the Hartung Bergman Foundation in Antibes recently published the successful novel, Mona’s Eyes .

Alexandre Isard

Christophe Arnaud

Les Yeux de Mona est une invitation à l’art et une initiation à la vie. Les deux sont-ils liés ?

Quels souvenirs gardez-vous de ces jeunes années parisiennes ? Une adresse m’a particulièrement marqué : j’avais 25 ans, je vivais rue Poulet, au niveau du métro Châ teau-Rouge. C’était la vie de bohème. Il y avait beaucoup de cafards dans mon appartement. J’y ai vécu des années un peu phobiques, comme une métaphore du grand cafard de mon doctorat. Je vis aujourd’hui à Laumière, non loin des Buttes-Chau mont. J’adore m’y poser sur un banc et observer les gens déambuler avec leur chien. Petit-fils de musicien, fils d’écrivain, étiez-vous un enfant de la balle ? Pas du tout. J’ai assez peu été élevé par mon père. Et chez ma mère, nous n’avions pas de livre à la mai son. Dans ces années 1980, il y avait une grande énergie, mais l’éman cipation se faisait par la musique, les médias, les radios libres, l’esprit Canal (chaîne TV française d’une grande liberté de ton, ndlr) . Je me suis construit sur le plan littéraire en découvrant la poésie à l’adolescence. Quelle a été votre première émotion artistique ? C’est devant le jeu vidéo Defen

Mona’s Eyes is an invitation to art and an initiation into life. Are the two connected? Yes, art is intimately connected to life. In this novel, the history of art serves as a conduit for the expe riences of a little girl, with each work providing a kind of moral lesson. To understand Cézanne, I quote both the writer Rainer Maria Rilke and the singer France Gall. There are countless ways to achieve beauty. It’s up to each of us to make the effort: to take the time to discover beauty. What was your childhood like? I lived between Neuilly, Paris, Cli chy, and the Var. As the son of divorced parents, I moved around a lot. In the book, the back room of Mona’s father’s secondhand shop was inspired by my grand mother’s shoe shop in Clichy. What memories do you have of your first years in Paris? One address stands out: I was 25 years old and lived on Rue Poulet, near the Château-Rouge metro sta tion. It was the bohemian life. There were lots of cockroaches in my flat. I lived there for a few phobic years, like a metaphor for my thesis.

Oui, l’art est intimement lié à la vie. Dans ce roman, l’histoire de l’art sert de passeur d’expériences à une petite fille, chaque œuvre apportant une forme de précipité moral. Pour comprendre Cézanne, je cite à la fois l’écrivain Rainer Maria Rilke et la chanteuse France Gall. Il y a d’innombrables moyens d’arriver à la beauté. Tout ce qui relève des réseaux sociaux, de la diffusion des images peut, bien utilisé, favoriser l’accès à la beauté. Cela relève de l’effort de chacun : il faut prendre le temps d’aller à la rencontre du beau. J’ai vécu entre Neuilly, Paris, Clichy et le Var. Fils de parents divorcés, j’ai été beaucoup balloté. Dans le livre, l’arrière-boutique de la brocante du père de Mona m’a d’ailleurs été inspiré par l’ar rière-boutique de ma grand-mère à Clichy. C’était un magasin de chaussures, avec des piles de boîtes qui montaient très haut et faisaient un peu peur à l’enfant que j’étais. À quoi votre enfance a-t-elle ressemblé ?

Thomas Schlesser, au restaurant Chez Georges (Paris 2 e ). Thomas Schlesser at restaurant Chez Georges (Paris 2nd).

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