Paris vous aime magazine Octobre-Novembre-Décembre 2022
une petite habitation oblongue, en rez-de-chaussée et premier étage, avec jardin. Il connaît déjà bien la rue : en 1962, à la suite d’une soirée mémorable chez Juliette Gréco, à l’hôtel d’Aiguillon, au numéro 33, il a écrit La Ja- vanaise . Cinq années plus tard, il achète donc la maison- nette pour abriter son amour avec Brigitte Bardot. Mais elle est déjàmariée et leur romance prend fin le 25 janvier 1968 quand elle s’envole pour le tournage d’un western à Almería. Serge Gainsbourg broie du noir. Il se consacre alors à l’aménagement de sa nouvelle demeure, qui sera le reflet de son état intérieur : la décoratrice AndréeHiggins, la plus britannique des antiquaires parisiens, va parfaire son « hôtel particulier » et tapisser tous les murs de noir. Un bronze et des « Pascal » Mai 1968. Serge fait la connaissance de Jane Birkin, une comédienne anglaise avec qui il partage l’affiche du film Slogan . Pour surveiller les travaux de la rue de Verneuil, le couple s’installe au 13, rue des Beaux-Arts, l’hôtel où Oscar Wilde rendit son dernier souffle. Serge y compose l’album Histoire de Melody Nelson . En 1969, tout juste ins- tallé au 5 bis, il achète chez le galeriste Paul Facchetti, au 17, rue de Lille, la sculpture d’un homme grandeur nature assis avec un chou à la place de la tête, œuvre de l’artiste Claude Lalanne. Ce bronze va l’inspirer : « Au début, il m’a fait la gueule, ensuite il s’est dégelé et m’a raconté son histoire », dira-t-il. L’album L’Homme à tête de chou sort en 1976. Entre deux tournages, deux enregistrements ou deux plateaux de télévision, Serge et Jane fréquentent le piano-bar de l’hôtel Nikko, quai de Grenelle, ou celui du Lutetia, boulevard Raspail. Elle est toujours munie de son cabas en osier, lui de son attaché-case Vuitton duquel il sort des liasses de « Pascal », billet de 500 francs, qu’il distribue au personnel. En 1980, Jane le quitte et Gains- bourg se fait Gainsbarre, son mauvais double raccompa- gné en auto-stop par les gardiens de la paix du commissa- riat de la place Saint-Sulpice (6 e arr.). Ses admirateurs, de plus en plus nombreux, connaissent son adresse et il sort parfois sur le trottoir pour quelques autographes. À l’Ély- sée Matignon, une boîte de nuit du 8 e arrondissement, il rencontre Bambou, une mannequin un peu paumée. Les deux âmes estropiées vont s’épauler. Il l’installe, avec Lulu, leur fils né en 1986, rue du Moulinet (13 e arr.). La rue de Verneuil reste son antre personnel. Le 2mars 1991, affolée de ne pas avoir de nouvelles de Serge, Bambou se rend chez lui, sonne. Personne ne répond. Elle passe par le Don Camilo, le cabaret qui fait l’angle avec la rue des Saints-Pères et qui donne sur le jardin. La porte est fermée de l’intérieur. Les pompiers découvriront Serge Gainsbourg, mort d’une crise cardiaque. Pour en savoir plus : Gainsbourg, de Gilles Verlant (Albin Michel) et Gainsbourg, 5 bis rue de Verneuil, de Tony Frank (E/P/A).
guillon, 33 Rue de Verneuil, five years ear- lier in 1962. Gainsbourg was hoping to share his newhomewith Bardot, but shewas already married andput an end to their romance in Jan- uary 1968. A despondent Gainsbourg set about refurbishing the house’s interior to reflect his inner state, with help from decorator Andrée Higgins, who papered all of the walls of the “hôtel particulier” in black. A bronze and “Pascals” In May 1968, Gainsbourg met English actress Jane Birkin on the set of the film Slogan . While theRue deVerneuil housewas being renovated, the couple stayed at 13 Rue des Beaux-Arts in a hotel made famous by Oscar Wilde who drew his last breath there shortly after remarking on the wallpaper. It was here that Gainsbourg composed his album Histoire deMelody Nelson . Upon their return to 5 bis in 1969, Gainsbourg acquired Claude Lalanne’s life-size sculpture of a man with a cabbage in place of his head. The bronze inspired him: "At first, he sulked, then he thawed out and told me his story", said Gainsbourg. The resulting album, L'Homme à Tête de Chou (man with a cabbage head) was released in 1976. Between photoshoots, recordings and TV shows, Serge and Jane fre- quented the piano bars at the Nikko Hotel, on the Quai de Grenelle, and Le Lutetia, on Boule- vard Raspail. Birkin always brought her straw shopping bag and Gainsbourg always carried a Louis Vuitton briefcase containing 500-franc notes that he generously doled out to the staff. In 1980, Jane left him and Gainsbourg became Gainsbarre, his dark alter ego, whom the police fromthePlace Saint-Sulpice (6tharr.) police sta- tion once accompanied back home. His many admirers knew his address and he sometimes signed autographs outside his home. At the Matignon nightclub in the 8th arrondissement, hemet themodel Bambou. Making a new start, Gainsbourg installed her and their son Lulu, born in 1986, on Rue duMoulinet (13th arr.). But Rue de Verneuil remained his personal lair. On March 2, 1991, Bambou went to Gainsbourg’s house and rang the bell. Nobody answered. She rushed to the Don Camilo cabaret, at the corner of the Rue des Saints-Pères, which overlooked the garden, but the doorwas closed. Firefighters eventually broke in and foundGainsbourg dead of a heart attack.
Serge Gainsbourg, à côté d'un
OUVERTURE DE LA MAISON GAINSBOURG OPENING OF GAINSBOURG’S HOUSE
portrait de Jane Birkin, Kate et Charlotte. Serge Gainsbourg next to a portrait of Jane Birkin, Kate Barry and Charlotte Gainsbourg.
Serge Gainsbourg a accumulé au 5 bis rue de Verneuil des objets, des livres et des bibelots extraordinaires qu’il ne fallait surtout pas déplacer, tel cet homme écorché en papier mâché. « Voilà, c’est chez moi. Je ne sais pas ce que c’est : un sitting room, une salle de musique, un bordel, un musée », déclarait-il à la télévision en 1979. Plus de trente ans après sa mort, rien n’a bougé. À l’initiative de sa fille Charlotte, la Maison Gainsbourg va ouvrir ses portes au public. Accompagné d’un musée, d’une numéro 14 de la rue, ce véritable cabinet de curiosités permet de se plonger au plus profond de la création de celui qui a su faire de la chanson un art majeur. librairie et d’un piano-bar, le Gainsbarre, situés en face, au
At 5 bis Rue de Verneuil, Serge Gainsbourg collected books and extraordinary objects, including a flayed man made from papier- mâché. "This is my house. I don't know what it is: a sitting room, a music room, a brothel, a museum?”, he once quipped on television in 1979. More than 30 years after his death, it has remained unchanged. Thanks to his daughter Charlotte, the Maison Gainsbourg will soon be open to the public. There’s also a museum, a bookstore and a piano bar, Le Gainsbarre. This cabinet of curiosities allows you to immerse yourself in the world of a man who revolutionised French songwriting.
L’artiste et l’ Homme à tête de chou , de Claude Lalanne. The artist and l’Homme à tête de chou, by Claude Lalanne.
BIO
1928 Lucien Ginsburg naît le 2 avril 1928, à Paris. Il prend le nomde Serge Gainsbourg à partir de 1957. Lucien Ginsburg is born in Paris on April 2, 1928. He took the name Serge Gainsbourg in 1957.
1958 Le Poinçonneur des Lilas , chanson écrite, composée et interprétée par Serge Gainsbourg. Release of Le Poinçonneur des Lilas , written, composed and performed by Gainsbourg.
1971 Histoire deMelodyNelson , album-concept composé avec l’arrangeur Jean-Claude Vannier. Release of his concept album, Histoire de Melody Nelson , composedwith arranger Jean-Claude Vannier.
1976 Je t’aimemoi non plus , premier filmde Gainsbourg réalisateur, avec Jane Birkin et Joe Dallesandro. Gainsbourg directs his first film, Je t'Aime Moi Non Plus, starring Jane Birkin and Joe Dallesandro.
1979 Aux armes et cætera . L’adaptation de LaMarseillaise en reggae va faire polémique. Aux Armes et Cætera, his reggae cover of La Marseillaise (the French national anthem), causes an uproar.
1991 Le 2 mars, Serge Gainsbourg meurt chez lui, au 5 bis rue de Verneuil, à Paris, à l’âge de 62 ans. On March 2, Gainsbourg dies at his home at 5 bis Rue de Verneuil, Paris, at the age of 62.
JÉRÔME PREBOIS/SYGMA/GETTYIMAGES - GILLES BASCOP/DALLE
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