Paris vous aime magazine Juillet-Août-Septembre 2025

PARIS EN GRAND

d’autant que la ville intègre aussi des bâtiments ultra-modernes. Ce mariage entre un savoir-faire ancien et un regard tourné vers la modernité fait tout le pétillant de Paris dans la mode, la gastronomie, le cinéma… Dans les grandes maisons de couture comme sur les bonnes tables, on retrouve cette sophistication de la tradition, mélangée à des influences contemporaines venues d’ailleurs. J’aime la population qu’on y trouve. Maintenant, on l’ap pelle « bobo », je dirais surtout vivante. L’effervescence et le mélange social fabriquent de la joie de vivre. En parlant avec des étrangers, je réalise que les terrasses de café, nombreuses dans ce quartier, sont aussi une spécificité de Paris. Le café n’est pas juste un endroit pour prendre son temps, c’est un lieu de rencontre et de travail. Vous écrivez beaucoup dans les cafés ? De plus en plus. Avec Santiago Amigorena, mon scéna riste, on investit les cafés pour ne pas s’enfermer dans une bulle. Le va-et-vient entre les temps de concentra tion et les bruits extérieurs donne l’impression d’être au cœur de la vie. La Venue de l’avenir a été écrit entre la Normandie, la maison de Santiago sur une île grecque et un café parisien, Les P’tites indécises, rue des Trois Bornes (Paris 11 e ). Avez-vous un jardin secret à Paris ? J’aime particulièrement les quais de Seine. C’est partout très esthétique, mais aussi très différent. J’apprécie éga lement les lieux populaires qui ont poussé ces dernières années, comme le Ground Control (Paris 12 e ) ou le Quai de la Photo (Paris 13 e ). Grâce à ce genre de lieux, Paris est devenue effervescente et créative. Depuis Hemingway et Paris est une fête , on y vient pour ce bien-vivre. Aujourd’hui, vous avez choisi de vivre dans le 11 e arrondissement… J’adore Paris aussi parce que j’ai la chance de pouvoir en partir et y revenir. J’ai récemment visité Lisbonne, que j’ai adorée. J’aime Copenhague depuis longtemps. J’ai conservé un rapport fort avec Barcelone, où est née L’Auberge espa gnole . Et j’aimerais découvrir Palerme. Pour vous, quel est l’écrivain qui incarne le mieux la capitale ? Je dirais que ça se joue entre Victor Hugo et Georges Perec. J’adore la façon qu’a Perec de regarder le quotidien des Parisiens. Sa Tentative d’épuisement d’un lieu parisien est un texte majeur. Perec est assis au café de la Mairie, place Saint-Sulpice, et il décrit ce qu’il voit : un bus passe, un pigeon s’envole, des piétons se croisent… C’est génial ! Il évoque aussi notre cécité face à la banalité du quotidien. Il met chacun au défi de décrire ce qu’il y a à voir, passé le premier magasin dans la rue. Ce qui est près de nous, on le voit malheureusement mal. ◆ Voyagez-vous souvent dans d’autres villes européennes ?

and outside noise makes you feel as though you’re at the heart of life. I wrote my film Colours of Time in Normandy, at Santiago’s house on a Greek island, and in a Parisian café called Les P’tites Indécises on Rue Popincourt in the 11th. Do you have a secret garden in Paris? I particularly like the banks of the Seine. They are very aesthetic but also very different. I also like the popular places that have emerged in recent years, such as Ground Control in the 12th arr. and Quai de la Photo in the 13th arr. It’s places like these that make Paris such a vibrant, creative city. Ever since Hemingway wrote A Moveable Feast , people have been flocking to the capital to enjoy the good life. Do you often travel to other European cities? I love Paris because I’m lucky enough to be able to leave and come back. I recently visited Lisbon and loved it. I’ve loved Copenhagen for a long time, too. I have a strong connection to Barcelona, where L’Auberge Espagnole is set. I’d also like to discover Palermo. For me, the choice is between Victor Hugo and Georges Perec. I love the way Perec observes eve ryday Parisian life. His An Attempt at Exhausting a Place in Paris is a major work. Sitting at the Café de la Mairie on the Place Saint-Sulpice he describes what he sees: buses passing by, pigeons flying overhead and pedestrians crossing paths. It’s brilliant. He also draws our attention to our blindness to the banality of everyday life. He challenges us all to look beyond the first shop on the street and describe what we can see. Unfortunately, we are unable to see what is right in front of us. ◆ Which writer do you think best embodies the capital? SA FILMOGRAPHIE PARIS ET SES HABITANTS EN MAJESTÉ PARIS AND ITS INHABITANTS IN ALL THEIR GLORY Les décors de Cédric Klapisch : les quartiers vivants et habités de la capitale. Dans Le Péril jeune (1994), on arpente les 18 e et 19 e arrondissements, et dans Chacun cherche son chat (1996), on découvre le quartier de la Bastille (11 e ), principalement la rue Keller. Sans oublier le canal Saint-Martin (Paris 10 e ), qui apparaît dans Les Poupées russes (2005). De belles balades cinématographiques ! Cédric Klapisch’s backdrops: the vibrant districts of the capital. In Good Old Daze (1994), we discover 18th and 19th arrondissements, and in When the Cat’s Away (1996), Bastille (11th arr.), mainly Rue Keller. Not forgetting the Canal Saint-Martin (10th arr.), which appears in Russian Dolls (2005).

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