Paris-vous-aime-magazine-Avril-Mai-Juin-2025

IDÉES

L’article est à retrouver sur The Conversation , média indépendant en ligne et sans but lucratif.

A lors que les problèmes de « surtourisme » et l’accueil très négatif réservé aux visiteurs dans certaines zones touristiques sont de plus en plus médiatisés, un autre terme commence à faire sa place en réaction, celui du « tourisme régénéra tif ». Une tendance marginale promeut le tourisme régénératif. Celui-ci vise non seulement à limiter l’impact sur les communau tés locales, mais également à s’engager pour un impact positif. Selon cette approche, les touristes laisseraient la destination plus « propre » à leur départ qu’à leur arrivée, enrichissant ainsi les populations locales et l’environnement par leur présence. Cette vision implique un changement fondamental de paradoxe en uti lisant le tourisme pour régénérer les ressources dégradées, ce qui la rend difficile à concrétiser. Certaines destinations comme la Nouvelle-Zélande et Copenhague apparaissent comme des fers de lance de ces pratiques touristiques au travers de leurs pro grammes respectifs Tiaki Promise ou CopenPay, mais ces exemples restent marginaux. Moins ambitieux, le tourisme « contributif » pourrait permettre de combler l’écart entre la situation actuelle et une vision du tou risme régénératif qui implique un changement philosophique reposant sur la collaboration, le biomimétisme et le respect des communautés locales. Ainsi, le tourisme contributif propose que chacun puisse réaliser sur son lieu de séjour des petites actions telles que le mécénat d’associations locales, l’arrondi en caisse au profit de projets du territoire, ou encore la participation à des missions de volontariat durant le séjour. UNE VISION UTOPIQUE ? Le tourisme contributif pourrait jouer un rôle dans la réduction des tensions entre visiteurs et populations locales. Si l’idée d’un voyageur accueilli comme un familier peut sembler idéalisée, il est plus réaliste d’envisager qu’une telle approche contribue à apaiser les crispations. En effet, dans un contexte marqué par le tourist bashing – ce rejet des touristes perçus comme envahissants ou nuisibles –, instaurer un dialogue plus respectueux et une inter action fondée sur la collaboration pourrait déjà représenter une avancée significative. Dans une récente étude, nous montrons que l’arrondi en caisse en vacances permettrait d’accroître la relation avec la destination, tout en traduisant la satisfaction des touristes (si un touriste est satisfait de son séjour, il serait plus enclin à aider des associations locales), à condition que la destination joue le jeu de la transpa rence sur l’usage des fonds et choisisse des causes à soutenir qui font sens. Ce moyen de collecte de dons est d’ailleurs un type de contribution plébiscité par un touriste sur deux, là où seulement un touriste sur trois serait prêt à participer à un travail bénévole sur place. Cette approche trouve déjà des applications très concrètes, comme en Islande où les visiteurs sont conviés à « prêter ser ment » à la Nature. En France, les territoires de montagne offrent également des exemples de tourisme contributif. Le Centre de recherches sur les écosystèmes d’altitude du Mont-Blanc invite les vacanciers à contribuer à des actions de science participative. La Compagnie des guides de Chamonix propose à ses clients de compenser l’impact carbone de leur déplacement au moment de la réservation. Alpes Bivouac fait de même lors de ses séjours

A s “overtourism” and the negative, even hostile, reception of visitors in some overrun places is increasingly in the news and a new trend is emerging. “Regenerative tourism” aims not only to limit visitors’ impact on local communities, but to actually turn things around to create a positive impact. Advocates of this approach urge tourists to leave their destination cleaner than when they arrived and other ways of enriching the local population and their environment with their presence. While this sounds great in principle, there is a fundamental paradox to the practice: how do we use tourism to rege nerate already degraded resources? New Zealand and Copenhagen are at the forefront of these practices through their respective Tiaki Promise and CopenPay programmes, but these examples remain marginal. A less ambitious philosophy, “contributory tourism” could bridge the gap between the current situation with its parti cular vision of regenerative tourism based on collaboration, biomimicry and respect for local communities. Contributory tourism, for example, proposes that tourists take small ini tiatives during their stay, such as sponsoring local organi sations, raising money for local projects or volunteering. A UTOPIAN VISION? Contributive tourism could play a role in reducing tensions between visitors and locals. While the idea of welcoming a traveller as you would a family member may seem idealistic, this approach could realistically help to relieve tensions. In a place experiencing “tourist bashing” – where tourists are perceived as invasive or harmful and therefore rejected – establishing a more respectful dialogue and interaction based on cooperation could be a significant step forward. A recent study has shown that rounding up at the checkout would strengthen the relationship with the destination while also reflect tourist satisfaction and willingness to support local organisations, provided the destination is transparent about how the money is used and chooses meaningful causes to contribute to. One in two tourists supports this type of fundraising, while only one in three would be willing to volunteer locally. The participatory approach has already been implemented in Iceland, where visitors are invited to take an “oath” to nature. In France’s mountain regions, the Centre de

Touristes :

ouCOLIBRIS contributeurs ? PIGEONS voyageurs

Après avoir payé pour le trajet, le logement, les activités, etc., de nombreux touristes ont le sentiment d’être davantage pris pour des « pigeons » que pour des voyageurs. Les populations locales des pays visités, elles, ont souvent l’impression que leurs territoires sont consommés. Et si la solution résidait dans le tourisme « contributif » ?

ARE TOURISTS BEING TAKEN ADVANTAGE OF OR ARE THEY CONTRIBUTORS? After covering plane fare, accommodations, food and activities many tourists feel exploited. Meanwhile, locals of tourist destinations feel invaded. What if the solution was for tourists to give back to those communities?

Recherches sur les Écosystèmes d’Altitude du Mont-Blanc invites holidaymakers to participate in scientific initiatives, and the Compagnie des Guides de Chamonix offers its clients the opportunity to offset the car bon impact of their trip when booking. Some resorts, such as Pal Arinsal and Grandvalira Soldeu-El Tarter in the Pyrénées mountains, are offering a roun ding-up system at the cash desk to benefit local projects.

L’AUTRICE Elodie Manthé,

maître de conférences en sciences de gestion à l’Université Savoie Mont Blanc THE AUTHOR Elodie Manthé, Senior lecturer in Management Sciences at the University of Savoie Mont Blanc

PAR ELODIE MANTHÉ ILLUSTRATION MARTIN JARRIE

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AVRIL - MAI - JUIN 2025 - PARIS VOUS AIME / 129

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