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des plumes. Celles d’autruches, prélevées en Afrique du Sud et teintes en Chine, servent à la conception des boas, écharpes duveteuses qui caressent la peau nue. Elles côtoient les plumes de faisans vénérés d’Asie, deux mètres d’élégance pure. Ces ornements font la fierté du Moulin Rouge. Mistinguett a été la première à les porter. Joséphine Baker, Line Renaud et Zizi Jeanmaire avaient elles aussi leurs habitudes dans la maison Février. Formés au lycée Octave Feuillet (Paris 16 e ), les deux plumassiers Maxime Leroy et Paul Baret sont pas- sés par l’univers de la mode, chez Jean Paul Gaul- tier. « Nous utilisons deux tonnes de plumes et pro- duisons jusqu’ à 3 km de boas par an » , sourient-ils, aussi pointus en confection qu’en ornithologie. Pour moderniser la tradition, ces deux designers ont ima- giné, avec les carcassiers qui conçoivent l’ossature des costumes, des systèmes à base de tiges de lai- ton et de fixation en métal pour ménager ces plumes aussi chères que fragiles. Label international et entreprise familiale Le Moulin Rouge a également racheté les maisons Clairvoy (chausseur) et Valentin (brodeur). Chaque nou- velle revue est l’occasion de trouver des styles inédits, des matières extraordinaires, des bijoux excentriques répondant à l’exigence (souplesse, légèreté) des athlètes. Chez Clairvoy, rue Fontaine, on prend soin de leurs pieds dans une odeur de cuir et de colle. À l’image des bottines tricolores de French cancan (800 €), produit emblématique, chaque chaussure est faite sur mesure, à la main. Dans ces ateliers, on répond aussi aux com- mandes de la mode, du cinéma, du spectacle. Le Moulin Rouge est une griffe recherchée. Il demeure pourtant une entreprise 100 % familiale. Le cabaret a été racheté en 1955 par Joseph Clerico, le fon- dateur du Lido. Il est ensuite passé entre les mains de son fils Jacky, puis de son petit-fils Jean-Jacques, l’ac- tuel président, dont le directeur général est Jean-Vic- tor, la quatrième génération. « L’esprit n’a pas changé, la recette des spectacles est la même. Mais nous avons su renouveler les infrastructures (pistes mouvantes, aquarium, effets de scène, vol suspendu des artistes, etc.) qui ancrent le Moulin Rouge dans son époque » , explique Jean-Jacques. Le cabaret, dont la moitié de la clientèle est étrangère, reçoit des clients des Fidji ou du Tibet. Il a accepté que soit produite une Barbie French cancan. La troupe se produit régulièrement sur d’autres continents. Le suc- cès mondialisé de la marque se cache aussi dans ces détails. Nicole, l’une des deux capitaines des danseuses, se voit en héritière de Mistinguett, Colette et des Doriss Girls (les danseuses de l'Allemande Dorothea Haug, alias Doris) : « J’ai un succès fou quand je dis à des amis en Australie que je travaille au Moulin Rouge. C’est le plus beau métier du monde. » Exigeant, certes, avec deux shows par soirée, six soirs par semaine. « Mais le sourire du public est notre récompense » , souffle-t-elle, en passant le rideau rouge dans son habit de lumière.

Maintenance of the costumes and sets represents the major portion of the cabaret’s budget. Upon vis- iting the workshop of the venerable Maison Février, founded in 1929 andpurchasedby theMoulinRouge in 2009, it's obvious why. A sea of ostrich feathers (from South Africa, dyed in China) for the fluffy boas that caress the skin stand alongside ultra-elegant two-me- ter (6-feet)-long Asian pheasant feathers. These orna- ments are the pride of the Moulin Rouge. Mistinguett was the first to wear them. Joséphine Baker, Line Renaud, and Zizi Jeanmaire also spent much of their time being fitted at the Maison Février. The two plumassiers (feather artists), Maxime Leroy and Paul Baret, trained at the Lycée Octave Feuil- let (Paris 16th) and honed their skills in the world of fashion with Jean-Paul Gaultier. “We use two tonnes of feathers to produce 3 km (1.7 mi) of boas each year”, confirm the artists. To bring the costumes up to date, the two designers worked with carcassiers, designers of the costumes’ under frames, using brass rods and metal fasteners to protect the fragile, costly feathers.

Tissus précieux, soies rares, galons d’or, cuirs fins, paillettes cousues main, strass en cristal Swarovski. Derrière un petit côté kitsch, ce sont des œuvres d’art. Responsable de la couture, Patricia Béguet s’assure que ces parures créées par Corrado Colabucci pour la revue Féerie , il y a 21 ans, soient refaites à l’identique. « Je ne me suis jamais lassée de toucher ces étoffes, ces matières. Mon métier consiste à transmettre un savoir- faire qui n’existe par ailleurs que dans la haute couture » , explique-t-elle, devant des centaines de pots étiquetés, remplis de colifichets brillants. L’entretien des costumes et des décors représente le plus gros budget du cabaret. Rien de surprenant quand on visite l’atelier de la vénérable Maison Février (1929), rachetée en 2009. Ici, c’est le royaume LES COSTUMES, UNE DES GRANDES FIERTÉS DU MOULIN ROUGE La rénovation et les essayages font la part belle aux somptueux costumes et coiffes du spectacle. COSTUMES, THE MOULIN ROUGE’S GREATEST PRIDE Upkeep and fitting are very important for the spectacle’s sumptuous costumes and headdresses.

An international brand and a family business The Moulin Rouge, which purchased Clairvoy shoe- makers and Valentin embroiderers, sees each show as an opportunity to create new styles. Clairvoy designs the dancers' footwear, including the iconic tricolour French cancan boots (€800). The workshops also pro- duce garments for fashion, cinema, and entertainment. The Moulin Rouge is a sought-after brand! The cabaret was purchased by Joseph Clerico, founder of Paris' other famous cabaret, the Lido, in 1955, and taken over by his son Jacky. It's now run by his grand- son Jean-Jacques. "The spirit and the formula of our shows haven't changed, but we have updated the infra- structure – moving tracks, aquariums, stage effects, suspended flights – to anchor the Moulin Rouge in its era", he explains. Nicole, one of two lead dancers, sees herself as an heir to Mistinguett, Colette, and the Doriss Girls – dancers led by German dancer and choreographer Dorothea Haug, aka Doris. “My friends in Australia are amazed when I tell them I work at the Moulin Rouge. It’s the best job in the world”. With two spectacles a night, six times a week, it's a demanding job. “The smiles of the public are our ultimate reward,” she says, breezing past the red curtain in her luminous costume. SOUS LES PAILLETTES, LE TRAVAIL Les artistes s'entraînent de nombreuses heures pour présenter un spectacle féerique. BEHIND THE GLITTER Artists train for many hours to present these magical shows.

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