Paris vous aime magazine avril-mai-juin 2022

La e histoire

PARIS 7 E , LA PETITE PROVINCE DE ROMAIN GARY

ROMAIN GARY 'S 7 TH ARRONDISSEMENT

Pendant près de vingt ans, l’écrivain aux multiples identités, diplomate, aviateur, compagnon de la Libération va prendre ses quartiers dans le 7 e arrondissement, jusqu’à sa disparition tragique en 1980.

For nearly 20 years, the writer, diplomat, aviator, and Resistance fighter was a resident of the 7 th arrondissement until his tragic death in 1980.

Nassera Zaid

L e regard bleu acier, le port altier et la voix posée, Romain Gary est un écri- vainmystérieux et controversé. N’est- ce pas lui qui mettra en scène le plus beau canular du monde littéraire en signant certains de ses romans du pseudonyme Émile Ajar? Une identi- té qu’il demandera à son petit-cousin Paul Pavlowitch d’endosser lorsque son livre LaVie devant soi obtiendra le prix Goncourt en 1975. Une supercherie qui ne sera révélée qu’à sa mort. Romain Gary n’est pas un vrai Parisien, mais il le devien- dra pendant les vingt dernières années de sa vie entre 1960 et 1980. Celui qui a passé une grande partie de son adolescence à Nice, où il vit seul avec sa mère Nina après avoir fui la Pologne, s’engage dans l’armée pendant la guerre, avant de devenir diplomate. Une carrière interna- tionale qui le mène notamment à La Paz, en Bolivie, et à Los Angeles comme consul de France. Lorsqu’il rentre en France en 1960, c’est à Paris qu’il pose ses valises. Après un séjour discret à l’hôtel Lutétia, il s’installe brièvement sur l’île Saint-Louis avec l’actrice Jean Seberg, avant de dénicher un appartement cossu de dix pièces, au deu- xième étage du 108, rue du Bac. L’auteur de La Promesse de l’aube , qu’il vient d’achever, renonce à sa carrière au quai d’Orsay pour se consacrer exclusivement à l’écriture. Quatre ans plus tôt, en 1956, Romain Gary alors en poste à La Paz a reçu le prix Goncourt pour Les Racines du ciel, édité par Gallimard. «La rue du Bac était sa patrie»,

W ith his steely blue eyes, haughty bearing, and calm voice, Romain Gary was a mysterious and controversial writer. He staged one of the great literary pranks by signing some of his novels, including The Life Before Us , winner of the 1975 Goncourt prize, under the pen name Émile Ajar. The decep- tion was only revealed after his death. After spending most of his adolescence in Nice where he lived with his mother Nina after they fled Poland, Gary enlisted in the French army during the war and subsequently became a diplo- mat serving in Bolivia and as consul of France in Los Angeles. Upon his return to France in 1960, he stayed in Paris on the Île Saint-Louis with actress Jean Seberg, before settling into an opulent ten- room apartment at 108, rue du Bac. He was thus a true Parisian during the last twenty years of his life. The author of The Promise at Dawn gave up his diplomatic career to devote himself exclu- sively to writing. Four years earlier, Romain Gary, then stationed in La Paz, won the 1956 Goncourt Prize for The Roots of Heaven . “Rue du Bac was his kingdom”, says his publisher, Roger Grenier. “Romain, who became a close friend, lived a life of constant – real or imaginary – drama, making it impossible to distinguish between the character and the writer”.

L’écrivain aux deux Goncourt et ancien diplomate français, lors d’une séance photo le 28 janvier 1978, chez lui à Paris. The winner of two Goncourt literary prizes and former French diplomat during a photo shoot at his Paris home, January 28, 1978.

ULF ANDERSEN/ GETTY IMAGES

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