Paris vous aime magazine avril-mai-juin 2022

progress, I know their qualities, their faults, I know how I can help them. I try to offer them things that will enrich them technically, and since they are talented and really want to learn, a form of trust has been established that is very satis- fying. You feature contemporary ballet prominently in your programming. Which criteria guide your choices? It is above all inspired by the danc- ers. It is my duty as Dance Director to provide them with everything they need to help them grow and become even richer artists, even more open to all forms of dance. Then, it is essential for me to safe- guard classical ballet, as it is the company’s very essence; the danc- ers want to dance it, and the public wants to see it. But this generation of dancers also wants modernity, to be able tomeet the choreographers. It’s important to know how to dance in as many different ways as possible, to know what kind of artist you are, and how far you can go. Do you have any favourite addresses in Paris to find new choreographers? I like to go to Chaillot, or lit- tle-known theatres, like the Théâ- tre des Abbesses. I try to go towards what I don’t know, and above all, to go see choreographers we don’t talk about as much. Sometimes they’re really good, sometimes a little less so! What place does the Opéra de Paris currently occupy on the international artistic scene? People now see the Opéra de Paris’ company as well-reputed in both classical and contemporary dance. Foreign producers increasingly ask us for a classical ballet and a con- temporary ballet. At the beginning of the year, we programmed Crystal Pite’s Body and Soul , it was a revela- tion formost of the public. To see it at Opéra Garnier, by the dancers of the Opéra! It’s great, because it’s also synonymous with diversity: people realise the company has amultitude

être au Grand Palais éphé- mère, ou au Louvre. J’adore voir la danse dans les musées, quand on peut bouger autour d’un artiste, se reculer, s’approcher. Je dois être quelqu’un de très attaché à sa liberté, car il y a cette volonté de ne pas s’imposer une façon de regarder, mais de pouvoir obser- ver comme on le souhaite. Sinon, peut-être au jardin des Tuileries, avec le Louvre et la Pyramide en arrière-plan, ce serait fou! Comment s’est passée la transition de danseuse étoile à directrice de la danse de l’Opéra de Paris? J’ai beaucoup appris, en termes de management notamment. En même temps, le fait d’avoir été danseuse étoile me permet de m’appuyer sur ce qui m’a aidée, en tant que danseuse, et le leur transmettre. Étant plus âgée que les 154 danseurs que je dirige, je les ai tous vus rentrer dans la compagnie, j’ai pu suivre leur pro- gression, je connais leurs qualités, leurs défauts, je vois ce sur quoi je peux les aider. J’essaie de leur pro- poser des choses qui vont les enri- chir techniquement, et comme ils sont talentueux et qu’ils ont très envie d’apprendre, il y a une forme de confiance qui s’est installée, c’est très agréable. Vous avez pris le parti de laisser une place importante au ballet contemporain dans votre programmation, quels critères guident vos choix? Ce sont avant tout les danseurs qui m’inspirent, étoiles ou pas. C’est mon devoir en tant que directrice de la danse de leur apporter les éléments pour qu’ils grandissent et deviennent des artistes encore plus riches, encore plus ouverts à toutes les formes de danses. Après, il est important pour moi de conserver du ballet classique, car c’est l’essence même de la compagnie ; les danseurs ont envie d’en danser, et le public a envie d’en voir. Mais cette géné- ration de danseurs veut aussi de la modernité, pouvoir rencontrer

The Palais de Tokyo or Musée Rodin are places I particularly like, but what inspires me the most in Paris are the people. I love noth- ing more than going to the Tuiler- ies Gardens or Luxembourg Gar- dens watch people go by. It is really in these moments, outdoors, when nothing else is on my mind, that I can truly reflect on what more I can contribute to the company. “ Je n’ai jamais ressenti de manque à Paris ” “ I never felt I lacked anything in Paris ” If you could bring the ballet outside the Opéra de Paris, where would you go? I already took them to Chaillot, it was great! Maybe to the Grand Palais Éphémère or the Louvre. I love seeing dance performances in museums, where you can move around an artist, step back, come closer. I’m very attached to this freedom because of the desire not to impose a way of seeing things, but rather to able to observe it the way one wishes. Or in the Jardin des Tuileries, with the Louvre and the Pyramid in the background, that would be wild! How did you transition from being a prima ballerina to Director of Dance? I learned a lot, specifically in terms of management. At the same time, having been a prima balle- rina allows me to rely on what has helped me, as a dancer, and pass it on to them. Being older than the 154 dancers I direct, I saw all of them join the company, I’ve followed their

les chorégraphes. C’est important de savoir danser un maximum de choses différentes pour se décou- vrir, savoir quel genre d’artiste on est, et jusqu’où on peut aller.

Avez-vous des adresses favorites dans Paris pour débusquer de nouveaux chorégraphes?

J’aime aller à Chaillot, ou dans des théâtres un peu moins expo- sés, comme celui des Abbesses. J’essaie d’aller vers ce que je ne connais pas, et surtout, j’essaie d’aller voir les chorégraphes dont on ne parle pas. Parfois il y a des choses bien, parfois un peu moins ! Quelle position occupe aujourd’hui l’Opéra de Paris sur la scène artistique internationale? Le regard que l ’on porte aujourd’hui sur la compagnie de l’Opéra de Paris est aussi fort en classique qu’en contemporain. De plus en plus souvent, les produc- teurs étrangers nous demandent un ballet classique et un ballet contemporain. En début d’an- née, nous avons programmé Body and Soul de Crystal Pite, ça a été une révélation pour une grande partie du public. Voir ça dans l’Opéra Garnier, par les danseurs de l’Opéra ! C’est super, parce que c’est aussi synonyme de diversité : les gens se rendent compte qu’il y a une multitude de talents dans la compagnie, et que ces talents-là, il faut les faire danser, tous. Justement, en parlant de diversité, comment faites-vous pour ouvrir l’Opéra de Paris à des danseurs qui n’ont Nous sommes en train de travailler là-dessus avec Alexander Neef, le directeur de l’Opéra. J’ai très envie par exemple d’aller aux portes de Paris avec les danseurs de l’Opéra pour parler de nos métiers, d’al- ler donner des cours de danse, et de voir des talents en tout genre. C’est au programme, et ça devrait se concrétiser bientôt. pas forcément accès au concours d’entrée?

1983 : Aurélie Dupont entre à l’École de danse de l’Opéra de Paris, à 10 ans. 1998 : Elle est nommée danseuse étoile à 25 ans, à l’issue de la représentation de Don Quichotte , de Rudolf Noureev. 2015 : À 42 ans, elle fait ses adieux o ciels à la scène de l’Opéra après avoir dansé L’Histoire de Manon , de Kenneth MacMillan 2016 : Elle succède à Benjamin Millepied en tant que directrice de la danse, nommée par Stéphane Lissner, alors directeur de l’Opéra de Paris. of talents in its ranks, and that all these talentsmust be given a chance to dance. Speaking of diversity, how do you manage to open the Paris Opera to dancers who don’t necessarily have access to the entrance examination?

I am currently working on this with the Director of the Opéra Alexan- der Neef. For example, I really want to go to the gates of Paris with the dancers of the Opéra to talk about our metiers, give dance lessons, and see talents of all kinds. It’s on the agenda and should be happening shortly. 1983: Aurélie Dupont enters the Opéra de Paris’ School of Dance at age ten. 1998: She is named prima ballerina at the age of 25, following the production of Rudolf Nureyev’s Don Quixote. 2015: At the age of 42, she made her o cial farewell to the Opéra Garnier stage after dancing Kenneth MacMillan’s The Story of Manon . 2016: She is appointed Director of Dance by Stéphane Lissner, the Director of Opéra de Paris at the time, to replace Benjamin Millepied.

Aurélie Dupont en quatre dates / Aurélie Dupont in four dates

SOPHIE DELAPORTE / TRUNKARCHIVE.

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