Paris vous aime magazine Octobre-Novembre-Décembre 2022

LUXE : LE TEMPS DES ARTISANS

ains d’or et doigts de fée dévoilent leurs secrets. Du 14 au 16 octobre, le géant français du luxe LVMH ouvre les portes de ses prestigieuses maisons dans le cadre de ses cinquièmes Journées Particulières. Une occasion privilégiée de dé-

the world and controlling the workshops’ production quality, Colbert made France synonymous with lux- ury, and the Château de Versailles its finest showcase. “Each country has its own thread-work industry, but they are not necessarily well developed”, says Sandra Billon, an embroiderer and the embroidery coordina- tor at Jean Paul Gaultier. All the queens of the time came here with their whims and traditions, and Paris incorporated all their ideas. “Beyond financial pros- perity, Colbert gave French craftsmanship an identity, insured quality and gave work to a swarm of crafts- people gravitating around the Court of Versailles”. Paris, the capital of expertise This is the case of Mellerio, founded in 1613, the oldest Parisian jeweller still in activity. The house’s archives, on Rue de la Paix, include a handwritten commission dated July 14, 1789 (the date of the storming of the Bas- tille). At the time, it was estimated that 100,000 of the city’s 600,000 inhabitants were artisans andworkers. The Revolutionmaintained this precious heritage pav- ing the way for generations of remarkable figures. Like Charles Frédérick Worth, often called the first couturier, who in 1858 opened the very first house for skilled haute couture in the capital. Embroiderer San- dra Billon believes “Paris is key, thanks to haute-cou- ture workshops that permit craftspeople to conduct research, access materials and transmit their exper- tise”. Even today, the major jewellery brands of the fabledPlaceVendôme – Boucheron, VanCleef &Arpels, Chaumet – host workshops in their luxurious bou- tiques. Three centuries after the birth of cabinet- maker André-Charles Boulle, the Saint-Antoine neigh- bourhood is still a mecca for woodworking, while the Sentier district remains a hub for embroiderers, leath- erworkers and dressmakers. A total of some 50,000 people in the Île-de-France work in these traditional trades. Only now they’ve stepped out of the shadows. Craftsmanship at the heart of luxury On January 20, 2022, President Emmanuel Macron and first lady Brigitte Macron inaugurated Le 19M, a centre of the “métiers d’art” at Porte d’Aubervilliers. The Chanel Group’s multidisciplinary building hosts 11 artisanal houses acquired over the years, including embroiderer Lesage, hatmakerMichel and plumassier Lemarié. These temples to creation are also open to the public via free workshops in an unprecedented initia- tive that testifies to the houses’ desire to highlight their art and artisans. Once referred to as “les petits mains” (small hands), these artisans enjoy a renewed status in the construction of a brand’s image. In our growing appreciation for authenticity, craftspeople have become ambassadors for these houses’ heritage and expertise, and brands like Balenciaga, Valentino and Dior highlight themon their catwalks and advertising campaigns. Behind the facade of image, the luxury industry is doubling down on craftsmanship to ensure thelong-term sustainability of their expertise. FRANCOIS JOREZ - ALIX MARNAT - LVMH

des moteurs du secteur. Pour la brodeuse Sandra Billon: « Paris a cette importance grâce aux ateliers de haute cou- ture, un passage obligé lorsque l’on fait cesmétiers, pour la recherche, l’accès aux matières et la transmission. » Aujourd’hui encore, place Vendôme, derrière les grandes enseignes de joaillerie comme Boucheron, Van Cleef & Ar- pels, Chaumet se cachent des ateliers sous les toits. Trois siècles après la naissance de l’ébéniste André-Charles Boulle, le quartier Saint-Antoine est toujours un haut

couvrir l’artisanat parisien, mais loin d’être exclusive. À peine un mois plus tard, du 18 au 20 novembre, l’initiative ParisLocal dont le but est demettre en avant les savoir-faire de 500 artisans, proposera, pour la deuxième année, de ren- contrer les talents du Grand Paris au cours d’un week-end de partage dans la veine des Journées européennes desmé- tiers d’art, créées en 2002. Des grandes marques aux petits ateliers, ils sont de plus en plus nombreux à accueillir le public pour partager leur passion. Plongée dans les secrets du Paris fait main. L’artisanat, un luxe à la française Pan entier du patrimoine culturel, les métiers d’art sont, selon la loi, des professions « caractérisées par la maîtrise des gestes et nécessitant un apport artistique ». Joailliers, plisseurs, céramistes, doreurs, ébénistes, etc., au total, ce sont 183 métiers du patrimoine vivant qui sont recensés. Une constellation de savoir-faire jalousement préservée par l’État français depuis des siècles, notamment sous l’impulsion de Jean-Baptiste Colbert. Au e siècle, l’éminent ministre du Roi-Soleil se donne pour mission de redresser les finances désastreuses du royaume en hissant ce dernier au sommet de l’artisanat. En allant chercher la fine fleur des ouvriers dans le monde entier, et en contrôlant la qualité de la production des ateliers, Colbert fait de la France l’épicentre du luxe. Et du château de Versailles, sa plus belle vitrine. « Tous les pays ont leur travail de fil, mais il n’est pas forcément très développé, explique Sandra Billon, brodeuse indépendante et coordi- natrice broderie chez Jean Paul Gaultier. Toutes les reines de l’époque ont convergé ici avec leur tradition, leurs lu- bies, et Paris a absorbé toutes leurs idées. » Au-delà d’une prospérité financière, le stratège offre une identité et une qualité à l’artisanat français. Et garantit une activité à tout un essaim d’artisans, gravitant autour de la cour pour en satisfaire les plus folles fantaisies. Paris, capitale des savoir-faire C’est le cas de Mellerio, fondé en 1613, le plus ancien joaillier encore en activité à Paris. Dans les archives de la maison, conservées rue de la Paix, figure une commande manuscrite en date du 14 juillet 1789. À cette époque, le nombre d’artisans et d’ouvriers de la capitale se serait élevé à plus d’une centaine de milliers, pour 600000 habitants. La Révolution n’aura pas raison de cette précieuse culture. Au contraire, l’époque pave la voie à des générations d’ac- teurs qui nourriront ces savoir-faire. Parmi eux, un certain Charles Frédérick Worth établira sa maison de haute cou- ture dans la capitale au milieu du e siècle. La toute pre- mière du genre, qui restera une exception française et l’un

Les artisans de la Maison Michel sculptent le feutre de leurs célèbres chapeaux. Craftspeople at Maison Michel cut felt for their famous hats.

Chez Boucheron, on peut voir l’évolution du dessin au résultat final. A design and the resulting jewellery piece at Boucheron.

N imble magic fingers and skilled hands reveal their secrets: FromOctober 14 to 16, the French luxury giant LVMH will open the doors to its prestigious workshops as part of its fifth Journées Particulières: a privileged opportunity to discover Parisian crafts- manship. And fromNovember 18 to 20, ParisLocal will highlight the expertise of 500 craftspeople, this time the artisans of Greater Paris, for the second straight year. Brands big and small are eager to reveal these fascinating places of creativity and give the public a chance ot explore the secrets of handmade Paris. Craftsmanship: luxury à la française Craftsmanship is an essential part of French cultural heritage, enshrined in a French law that characterises the profession as “the mastery of gestures and requir- ing an artistic contribution”. A total of 183 living herit- age trades are listed, including jewellers, pleaters, ceramists, gilders, cabinetmakers, featherworkers (plumassiers) and so many more. This constellation of expertise has been jealously preserved by the French State for centuries, beginning under the impetus of the Sun King’s eminent minister Jean-Baptiste Colbert in the 17th century, who organised the guilds that would transform the kingdom into an epicentre of crafts- manship. Seeking out the finest workers from around

La haute couture prend vie dans les ateliers de couture Dior. Haute couture comes to life in the Dior couture workshops.

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