Paris vous aime magazine Juillet-Août-Septembre 2025

T hroughout her life, the legendary singer Barbara, called the Lady in Black, wandered the arrondisse ments of Paris, her slender figure and melancholy songs affecting many, but a place to settle down eluded her. Born Monique-Andrée Serf on 9 June 1930 at 6 Rue Brochant (17th), Barbara grew up next to a small public garden that is now the Square des Batignolles. Her mother, Ester Brodsky, was a civil servant and her father, Jacques, was a fur and leather salesman. Barbara attended school on Rue Jouffroy d’Abbans, across the railway tracks of the Gare Saint-Lazare that divide the Batignolles neighbourhood. A TURBULENT CHILDHOOD Her wanderings began with the war. The family of five fled the Nazi occupiers, to Roanne, then Tarbes, before finding refuge in the village of Saint-Marcellin in the Vercors. In October 1945, back in the Paris region after the liberation, the Serfs stayed in a boarding house in Le Vésinet. It was there that Monique met her future voice teacher, Madeleine Thomas-Dusséqué. The family moved again, this time with Barbara’s maternal grandmother at 131 Rue Marcadet (18th), before settling at 50 Rue Vitruve in the working-class Porte de Bagnolet neighbourhood (20th). The Serfs struggled to make ends meet in their tiny flat. Monique’s father Jacques Serf abused her from the age of ten. This nightmare would later inspire her song L’Aigle Noir (The Black Eagle). The young girl was immensely relieved when he finally left the family home. Monique did all sorts of odd jobs to help her mother financially while pursuing a career in music. Following her vocal teacher Thomas-Dusséqué’s advice, she enrolled in the singing curriculum at the Paris Conservatoire (8th). She made her modest debut in an operetta called Violettes Impériales at the Théâtre Mogador (9th). In 1948, her tea cher took her to see Edith Piaf perform at the ABC Music Hall on the Grands Boulevards (9th). Monique realised that she was more interested in chanson than in opera and her fiery temperament soon got the better of her. THE EFFERVESCENCE OF SAINT-GERMAIN Determined to try her luck, she ran away to Belgium in 1950. En route from Brussels to Charleroi, she met Barbara Brodi, whose name inspired her own stage name, which would soon become legendary. She performed as a pianist in obscure cabarets where she was met with polite indifference. The determined young singer persevered, writing her first lyrics despite struggling daily to find enough to eat. During this period, she met her first husband, Claude Sluys, and the pia nist Ethery Rouchadzé, who would accompany her for BARBARA’S ECLECTIC PARIS We retrace the footsteps of the Lady in Black, from Batignolles, Saint Germain-des-Prés to the popular 20th arrondissement and the chic 16th.

PAR BERTRAND ROCHER Des Batignolles à Saint-Germain-des Prés, du populaire 20 e arrondissement aux quartiers chics du 16 e , itinérance parisienne sur les pas de la dame en noir. T oute sa vie, Barbara a promené sa silhouette élancée et sa poésie mélancolique dans diffé rents arrondissements de la capitale, sans jamais en trouver un où se poser vraiment. Monique Andrée Serf naît le 9 juin 1930 au 6, rue Brochant (Paris 17 e ), à côté du petit jardin public – devenu le square des Batignolles – dont l’allée principale porte aujourd’hui son nom. Sa mère, Esther Brodsky, est employée administrative, et son père, Jacques Serf, représentant en peaux et fourrures. La fillette est scolarisée à l’école communale de la rue Jouffroy-d’Abbans, de l’autre côté des voies ferrées de la gare Saint-Lazare qui coupent en deux le quartier des Batignolles. UNE ENFANCE CHAOTIQUE Son errance commence avec la guerre. Fuyant l’occupant nazi, Monique déménage avec ses parents à Roanne (où naît sa sœur), puis à Tarbes (où naît son frère), avant de trouver refuge à Saint-Marcellin, un village du Vercors où elle s’initie au piano, le soir chez une voisine. De retour en région parisienne en octobre 1945, les Serf séjournent quelque temps dans une pension de famille au Vésinet, où Monique rencontre sa future professeure de chant, Madeleine Thomas-Dusséqué. Puis, ils s’installent chez la grand-mère maternelle, Hava, au 131, rue Marcadet (Paris 18 e ), avant de poser leurs valises dans le très populaire quartier de la porte de Bagnolet (Paris 20 e ) au 50, rue Vitruve. Dans ce minuscule appartement, la famille vit chichement. Le père abuse de Monique depuis qu’elle a 10 ans, un cauchemar qui lui inspirera plus tard sa fameuse chanson L’Aigle noir . Lorsque Jacques Serf déserte le domicile familial, la jeune fille respire enfin. Pour aider sa mère, elle enchaîne les petits boulots, mais pas question pour elle d’abandonner la musique. Sur les conseils de Madeleine Thomas-Dusséqué, elle s’inscrit en auditrice libre au cours de chant du conser vatoire de Paris, rue de Madrid (Paris 8 e ) et fait de modestes débuts en 1948 comme « mannequin-choriste » au théâtre Mogador (Paris 9 e ) dans une opérette, Violettes impériales . Mais Monique ne se montre guère assidue : aux vocalises, elle préfère les interminables parties de cartes au bistrot du coin ! Pourtant, quand sa professeure l’emmène écouter Piaf à l’ABC, un music-hall des Grands Boulevards (Paris 9 e ), c’est le choc : la jeune fille comprend aussitôt que la chanson l’intéresse bien plus que le chant lyrique. Et très vite, son tempérament fonceur reprend le dessus.

LE PARIS ÉCLECTIQUE de BARBARA

Première scène au cabaret l’Écluse, à Saint-Michel, en 1954. First performance at the Écluse cabaret in Saint-Michel, 1954

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112 \ PARIS VOUS AIME - JUILLET - AOÛT - SEPTEMBRE 2025

JUILLET - AOÛT - SEPTEMBRE 2025 - PARIS VOUS AIME / 113

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