Paris vous aime magazine Janvier-Février-Mars 2024

quartier latin (5 e arr.). Le public est conquis et Dalí va profiter de ce coup de projecteur. Plusieurs galeries parisiennes exposent ses toiles. Le peintre a trouvé son propre style, son langage pictural, sa forme d’expression où il mêle avant-garde et tradition, et qu’il définit comme sa méthode « paranoïaque-critique ». À partir de là, il est complètement intégré au mouvement des surréalistes qu’il a rejoint dans le quartier de Montparnasse (14 e arr.). Dalí entretient des relations complexes avec le groupe, tout en partageant l’univers psychique et les images issues des rêves et délires auxquels il croit, comme dans son tableau La Persistance de la mémoire, connu aussi sous le nom Les Montres molles (1931). Sa nouvelle adresse, 7, rue Gauguet (14 e arr.), une impasse située près du parc Montsouris, n’est pas à son goût. Dalí qualifiera cet endroit « d’architecture des gens pauvres, et nous étions pauvres. […] Cependant, cette rigidité monas tique excitait encore plus ma soif de luxe. » C’est peut-être ce qui va l’inciter à créer le « groupe du Zodiaque », un cercle d’amis-mécènes qui vont l’aider en lui comman dant des tableaux. La consécration Cette période marque le début de sa notoriété, notam ment outre-Atlantique où il participe en 1932 à l’expo sition Surréalisme : peintures, dessins et photographies de la Julien Levy Gallery à New York, avant d’y exposer seul un an plus tard. En 1934, le Grand Palais de Paris lui ouvre les portes lors du cinquantenaire du Salon des indépendants, puis c’est au tour de la galerie des Beaux-Arts de Paris, en 1938, d’accueillir son travail pour l’ Exposition Internationale du surréalisme . Quand la guerre éclate en 1940, Dalí part vivre aux États-Unis avec Gala, officiellement son épouse. Il connaît désor mais le succès dans tout ce qu’il entreprend – peinture, littérature, cinéma, joaillerie, etc. – et va enfin pouvoir se construire une vie de luxe et dépenser sans compter. L’hôte fantasque du Meurice À partir de 1958, Salvador Dalí, de retour à Paris, prend ses quartiers à l’hôtel Meurice, au 228, rue de Rivoli (1 er arr.). Avec son épouse, il s’installe dans la suite n° 102. Un appartement de 150 m 2 de style Louis XVI avec sa salle de bains en marbre, que l’artiste ne choisit pas au hasard. Dalí, qui se sent « de plus en plus monarchiste » , veut habiter la chambre qu’occupait le roi d’Espagne car, dit-il, « je tiens à vivre le plus possible dans des ambiances qui m’évoquent la monarchie de mon pays » . Tous les ans, il passera ainsi la porte du palace avec deux ocelots tenus en laisse. Ce lieu de villégiature où on ne lui refuse aucune excentricité, va lui servir d’atelier et de salon pour recevoir

of the Surrealist movement in Montparnasse. But he also maintained a complex relationship with the group, while sharing its psychic world he also used imagery that stemmed from his own beliefs in dreams and hallucinations, as in his iconic work, The Persis tence of Memory , also known as The Soft Watches (1931). His new address at 7 Rue Gauguet, close to Parc Mont souris, was not to his taste. Dalí regarded this style of architecture as “ the architecture for the poor, and we were poor. [...] But this monastic austerity aroused my thirst for luxury even more ”. This interlude may have prompted him to establish the “ Zodiac Group ”, a league of art patrons who supported his artistic work through commissions. Newfound fame In 1932, Dalí took part in the groundbreaking exhi bition, “ Surrealism: Paintings, Drawings and Photo graphs ” at the Julien Levy Gallery in New York, before showing his own work there a year later. In 1934, the Grand Palais in Paris exhibited his work for the 50th anniversary of the Salon des Indépendants, and in 1938, the Galerie des Beaux-Arts in Paris showed his work for the Exposition Internationale du Sur réalisme. With the outbreak of war in 1940, Dalí and his wife Gala relocated to the United States, where he excelled in many fields: painting, literature, cinema, and even jewellery. A whimsical guest at the Meurice In 1958, Dalí returned to Paris, establishing residence at the legendary Hotel Meurice, at 228 Rue de Rivoli. He and Gala lived in suite 102. Dalí, who increas ingly identified as a monarchist, wanted to live in the room where the King of Spain stayed. This holiday home became his studio and salon for entertaining his Parisian acquaintances and eventually grew to be one of the most fashionable gatherings in the cap ital. Surrounded by his admirers, artists, and jour nalists, Dalí frequently organised parties and artistic performances, which sometimes took on the form of unconventional happenings such as the inaugura tion of “ explosion painting ”, where sacks of paint were thrown on the pavement. In one of his notorious works, Dalí was commissioned by the famous Parisian baker Lionel Poilâne to design an 18th-century Spanish buffet entirely out of bread, which he delivered to Le Meurice. Between performances, Dalí enjoyed stroll ing in the Tuileries gardens, just opposite the palace hotel. His eccentric lifestyle continued during his stays in Paris until his death in 1989. ◆

Salvador Dalí présentant un pain de 15 mètres de long à la Foire de Paris en 1958. Salvador Dalí presenting a 15-m/49-ft long loaf of bread at the Paris Fair, 1958.

UN MUSÉE À MONTMARTRE A MUSEUM IN MONTMARTRE Il est possible de découvrir cet artiste de génie qui aima tant Paris en visitant le musée qui lui est consacré, situé sur la butte Montmartre. Plus de 300 œuvres sont exposées : ses tableaux, bien sûr, mais aussi des sculptures – comme celles intitulées Les Montres molles à ne pas manquer –, du mobilier surréaliste, ainsi que ses esquisses de Gargantua et d’ Alice aux pays des merveilles . Find out more about this brilliant artist who loved Paris by visiting the museum dedicated to him, located on the Butte Montmartre. Over 300 works are on display: his paintings, sculptures, surrealist furniture, and his sketches of Gargantua . Dalí Paris. 11, rue Poulbot, Paris 18 e . 12 Les Abbesses

« sa cour » parisienne (d’ailleurs, le restaurant actuel de l’hôtel a été baptisé Le Dalí). Au point de devenir un des rendez-vous les plus mondains et fantasques de la capi tale. Entouré de ses admirateurs, de journalistes et d’ar tistes, Dalí se déguise et se met en scène lors de soirée ou de « happenings » artistiques parfois loufoques, tels que le lancement de « la peinture explosion » consistant à jeter des sacs de peinture sur le trottoir ou « l’art goudron », où ses invités plongent toutes sortes d’objets dans du bitume couleurs d’ébène. Outre ses meubles et affaires person nels qu’il transporte à chaque voyage, le peintre fait mon ter sa moto dans la chambre. Autre folie de l’artiste, la commande au boulanger Lionel Poilâne d’un buffet espa gnol du XVIII e siècle réalisé en pain, qu’il fait livrer au Meurice. Entre deux performances, Dalí aime se prome ner dans le jardin des Tuileries, face au palace. Jusqu’à sa mort, en 1989, ses séjours, de plus en plus éphémères à Paris, seront toujours marqués par son excentricité. ◆

AGIP / BRIDGEMAN IMAGES

BIO

1904 Naissance de Salvador

1926 Premier voyage à Paris où il fait la connaissance de Pablo Picasso. First trip to Paris, where he met Pablo Picasso.

1965 Amanda Lear, qu’il rencontre chez Castel, deviendra sa muse pendant plusieurs années. Amanda Lear, whom he met at Castel, becomes his muse for several years.

1979 Le Centre Pompidou inaugure une rétrospective de son œuvre. La même année, il est nommé membre associé étranger de l’Académie des beaux-arts de l’Institut de France.

1989 Le 23 janvier, l’artiste décède à Figueras. The artist died in Figueras on January 23.

The Centre Pompidou inaugurates a retrospective of his work. Same year, Dalí was appointed foreign associate member of the Académie des Beaux-Arts de l’Institut de France.

Felipe Jacinto Dalí y Doménech à Figueras, en Espagne. Salvador Felipe Jacinto Dalí y Doménech is born in Figueras, Spain.

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