Paris-vous-aime-magazine-Avril-Mai-Juin-2025

PARIS EN GRAND

I n Paris, we know the sunny days have returned when the birds are singing, people flock to sidewalk cafés, and the slap of yellow tennis balls resounds on the courts of the French Open. Before this year’s competition, held from May 25 to June 8, these sprawling grounds in Paris’ 16th arrondisse ment are being prepared with particular attention to the red-ochre clay courts, the visual identity of an event followed around the world for nearly a century. “ Our clay courts are beautiful jewels in a magnificent setting. But when it comes to creating and maintaining them, we have no room for error ”, said Philippe Vaillant, who is in charge of the courts. A CENTURY-OLD RECIPE In the history of tennis, this clay court is a world apart. Some of the greatest players in history – Jimmy Connors, Pete Sampras – have never been able to tame it. Slower than grass, cement or synthetic sur faces, it requires stamina, calculation, sliding skills and a mastery of lifting and slicing the ball. What makes this surface so special is its painstaking amal gamation of materials that give it consistency and suppleness. “ Spectators see the surface of an 80-cm deep geological trifle. At the very bottom, the earth is stabilised by a bed of large pebbles and gravel ”, explains David Rebuffet, assistant manager of the courts. “ This is topped by 30 centimetres of coarse gravel and a layer of porous coal residue that acts like a natural sponge to retain moisture, followed by « La terre battue de Roland-Garros est cajolée par une dizaine d’employés à l’année et 185 durant le tournoi » “The clay courts at Roland Garros are maintained by a dozen people throughout the year and 185 people during the tournament”

À Paris, le retour des beaux jours tient toujours à quelques indices : les oiseaux chantent, les arbres fleurissent, les tenues vestimentaires raccourcissent. Puis, ce sont les balles jaunes qui rebondissent sur les courts de tennis de Roland-Garros. Le vaste domaine du 16 e arrondissement est une ruche, où chacun œuvre à préparer la fameuse quinzaine (du 25 mai au 8 juin). On bichonne en particulier celle qui est la star du tournoi depuis près d’un siècle : la terre battue ocre rouge, presque orangée, qui fait l’iden tité visuelle d’un événement suivi dans le monde entier. « Nos terres battues sont un beau bijou dans un magnifique écrin, sourit Philippe Vaillant, le responsable des courts. Mais pour les créer et les entretenir, nous n’avons pas le droit à l’erreur. » UNE RECETTE CENTENAIRE Dans l’histoire du tennis, cette terre battue est une planète à part. Certains des meilleurs joueurs et joueuses de l’histoire, tels Jimmy Connors ou encore Pete Sampras, n’ont jamais réussi à l’apprivoi ser. Plus lente que le gazon, le ciment ou les surfaces synthétiques, elle demande de l’endurance, un sacré sens tactique, la science de la glissade et la maîtrise de certains effets, comme le lift ou le slice, pour couper ou augmenter le rebond de la balle. Si cette surface vivante est si particulière, c’est qu’elle est le résultat d’un patient amalgame de matières qui lui donnent sa consistance et sa souplesse. Les spectateurs ne voient d’elle que la surface émergée d’un mille-feuille géologique de 80 cm de profondeur. « Tout au fond, la terre est stabilisée par un lit de gros cailloux et de gra viers , explique David Rebuffet, responsable adjoint des courts. Juste au-dessus, il y a une trentaine de centimètres de gros gra viers. Au-dessus, un manteau de mâchefer, une sorte d’éponge na turelle, maintient l’humidité du sol. Encore au-dessus, une couche de calcaire pilée et soigneusement tassée lui donne sa consistance. Et enfin, une fine pellicule de brique pilée lui apporte sa couleur. » L’invention de la terre battue remonte à l’été 1880, sur la Côte d’Azur. Cette année-là, deux tennismen anglais, les jumeaux Ernest et William Renshaw, sont en villégiature à Cannes. Les deux frères sont des stars, accumulant les victoires à Wimbledon, qui est alors la Mecque du tennis. William est même l’inventeur du smash, ce coup qui sera par la suite utilisé par tous les joueurs. Les champions se sont fait construire des courts de tennis en gazon à Cannes. Mais le climat du Sud n’est guère favorable à la pelouse. Ernest et William trouvent leur court d’entraînement beaucoup trop sec, voire injouable. Ils ont alors l’idée géniale de le recouvrir d’une poudre de terre cuite, obtenue en concassant des résidus provenant des poteries de Vallauris. Le résultat est bluffant. Leur invention se répand très vite, en Italie et en Espagne. Mais c’est en France qu’elle connaîtra le plus de succès, grâce notamment à l’adoption, en 1911, de la brique pilée pour revêtir le sol. Un choix aussi esthétique que pratique : à la différence des poudres de céramique ou de calcaire employées jusqu’alors, la brique a l’avantage de ne pas éblouir les joueurs, même en plein soleil ! Le paysagiste Charles Bouhana perfectionne encore le procédé

GUILLAUME AMAT / FFT

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AVRIL - MAI - JUIN 2025 - PARIS VOUS AIME / 75

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