Paris-vous-aime-magazine-Avril-Mai-Juin-2025

PARIS EN GRAND

1 Une silhouette emblématique de Cardin, futuriste et accessoirisée. An emblematic Cardin dress, futuristic and accessorised. 2 En 1968, le couturier crée des uniformes pour les hôtesses de l’air de la compagnie UTA. In 1968, the designer created uniforms for UTA flight attendants. 3 Devant le restaurant Maxim’s, rue Royale à Paris, dont il fait l’acquisition en 1981. Outside Maxim’s restaurant on rue Royale, which he bought in 1981. 4 La boutique du 59, rue du Faubourg Saint Honoré, à l’angle de l’avenue de Marigny. The boutique at 59 rue du Faubourg Saint-Honoré. 5 Deux modèles de 1962, l’année où Pierre Cardin va initier le phénomène du prêt-à porter. Two models from 1962. Pierre Cardin launched the ready-to-wear phenomenon.

UNE FIGURE DU MONDE ARTISTIQUE

was inextricably linked to the fashionable quarters of the right bank of the Seine.

PIERRE CARDIN EN QUATRE DATES

Après la parenthèse de l’Occupa tion, un vent de liberté souffle sur Paris et le microcosme de la mode se remet à pétiller. Amoureux de cinéma et de théâtre, Pierre Cardin montre tout son talent de retou cheur-essayeur dans la confec tion collective des costumes que Jean Cocteau a commandés à la maison Paquin pour La Belle et la Bête . En 1946, un passage éclair chez Schiaparelli – au 21, place Vendôme – l’amène à croiser un couturier qui piaffe de s’éman ciper. De dix-sept ans son aîné, Christian Dior l’embauche comme modéliste de tailleurs et manteaux. « Le 18 novembre 1946, à 8 h du matin, j’étais devant la porte du 30, avenue Montaigne, ravi d’être le premier » , racontera Pierre Cardin. Il y œuvrera le temps de contri buer à l’affirmation du new-look et de s’initier aux rouages d’une entreprise de haute couture pour s’établir à son compte, en 1950, au 10, rue Richepance, entre les Tuileries et la Madeleine. L’idée est de reprendre l’activité de la société Pascaud, spécialisée dans les costumes et masques de théâtre. Cardin est à nouveau sol licité par Cocteau, mais costume aussi la jet-set pour des bals fas tueux. L’année 1952 marque sa rencontre avec André Olivier, également créateur, qui va l’aider à revenir sous son nom dans la couture et devenir son bras droit.

A FIGURE IN THE ARTISTIC WORLD After the Occupation, a wind of freedom blew over Paris and the fashion world returned to sparkling life. A lifelong lover of cinema and theatre, Cardin got his independent start working on costumes for Jean Cocteau’s surrealist film Beauty and the Beast . His talents as a costume designer were impressive from the start and his charming demeanour left no one indifferent. “ Cardin had a lot of luck, but he also knew how to stoke it and make the most of it ”, said Jean-Pascal Hesse, communications director at the Pierre Cardin Group and Cardin’s biographer. A brief stint at Schiaparelli (21 Place Vendôme) in 1946 brought him into contact with couturier Christian Dior, who recognised Cardin’s talent and hired him as a tailor and coat designer. “ On November 18, 1946, at 8 a.m., I stood at the door of 30 avenue Montaigne, delighted to be the first ”, Cardin recalled. During his stint at Dior, Cardin created the “New Look” and learned how to run a haute couture house before striking out on his own in 1950. For his first boutique, at 10 rue Richepance, between the Tuileries gardens and Place de la Madeleine, he took over the Pascaud company, specialising in theatrical costumes and masks. Cardin continued to design for Cocteau, while dressing the Paris jet set for lavish balls. In 1952, he met André Olivier, a fateful meeting that would change his life. Olivier, who would become Cardin’s right-hand man and best friend for life, encouraged him to return to couture, but this time under his own name. Cardin moved to 118 rue du Faubourg Saint-Honoré and opened his eponymous boutique at number 59, where he sold his first spring-summer collection. AN EMPIRE NEAR THE CHAMPS-ÉLYSÉES The couturier entered a period of creative frenzy. In 1954, he was the first to sell branded accessories, and he began selling perfumes under his name in 1958. In 1962, Cardin entered into a partnership with Printemps that would launch the designer ready-to-wear phenomenon. After dressing the Beatles, Cardin became a global pop icon. In 1968, the unisex Cosmocorps suit and the Cardine dress, posed him as a precursor of futuristic cuts and the use of materials never before seen in fashion (vinyl, plastic, rubber). He had so many licenses under his name he was able to finance his flou rishing businesses and extend his empire everywhere in his beloved 8th arrondissement. When, in 1970, he opened Éspace Cardin, a hybrid “house of culture” for performances, fashion shows, exhibitions and restaurants on avenue Gabriel, near the Champs-Élysées, Cardin’s dream of himself as a producer and patron of the arts was complete. In May 1981, Cardin purchased Maxim’s, at 3 rue Royale, and spun it into a brand that included a luxury hotel (at 42 avenue Gabriel) and far-flung franchises from Beijing to New York. Until his death in December 2020, at the age of 98, Cardin knew the names of all of his Parisian employees and signed their pay cheques himself. The couturier may be gone but his Parisian spirit lives on. In 2026, a new boutique and the Pierre Cardin museum will open in his historic boutique at 59 rue du Faubourg Saint-Honoré. ◆

1922 : Pietro Cardini naît le 2 juillet 1922 à Sant’Andrea di Barbarana (Royaume d’Italie), à 20 km de Trévise. 1950 : Pierre Cardin lance sa propre maison, cinq ans après son arrivée dans le milieu de la haute couture parisienne. 1970 : ouverture de l’Espace Cardin, lieu de culture tous azimuts, sur les Champs-Élysées. 1992 : Pierre Cardin devient le premier couturier à être élu membre de l’Académie des beaux-arts, au sein de l’Institut de France. 1922 : Pietro Cardini is born on July 2, 1922 in Sant’Andrea di Barbarana, Italy, 20 km from Treviso. 1950: Pierre Cardin launches his own fashion house, five years after entering the world of Parisian haute couture. 1970: Inauguration of the Espace Cardin cultural centre on the Champs-Élysées. 1992: Cardin becomes the first couturier to be elected to the Académie des Beaux-Arts, of the Institut de France.

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posent en précurseur des coupes futuristes et de l’utilisation de matériaux inédits dans la mode (vinyle, plastique, caoutchouc). Parallèlement à cela, il crée des uniformes en tout genre (infir mières, hôtesses, etc.). La manne financière qui découle des multiples licences à son nom lui permet d’autofinancer son entreprise florissante et d’étendre son emprise sur son cher 8 e arrondissement, qu’il aime tant sillonner à pied. L’inauguration en 1970 de l’Espace Cardin, « maison de culture » combinant spectacles, défilés, expositions et restauration avenue Gabriel, en bas des Champs-Élysées, accrédite l’idée que Pierre Cardin se voit désormais plus comme un producteur et mécène artistique. En mai 1981, le rachat de Maxim’s (3, rue Royale) lui permet de décliner cette marque mythique en produits dérivés, hôtel de luxe (au 42, avenue Gabriel, de 1991 à 2009) et franchises, de Pékin à New York. Devenu homme d’affaires tous azimuts, il est le premier couturier à être élu membre de l’Académie des beaux arts en 1992. On dit que presque jusqu’à sa mort du Covid en décembre 2020, à l’âge de 98 ans, ce patron reconnaissait tous ses salariés parisiens dont il signait lui-même les chèques de paie. L’esprit de Pierre Cardin continue d’animer le quartier : l’hi ver prochain, un musée lui sera dédié à l’étage de sa boutique historique, au 59, rue du Faubourg Saint-Honoré. ◆

Comme un clin d’œil à son arrivée dans la capitale, la maison Pierre Cardin s’établit au 118, rue du Faubourg Saint-Honoré et ouvre une boutique au 59, où est vendue sa première collection printemps-été qui mêle rigueur et audace. UN EMPIRE PRÈS DES CHAMPS-ÉLYSÉES Puis, le couturier est pris d’une fièvre créatrice. En 1954, il est le premier à commercialiser des accessoires siglés (sacs, lunettes, cravates, etc.). C’est aussi l’année où il lance sa fameuse robe bulle, au volume inédit. En 1958, il se met au parfum, puis en 1962, il noue un partenariat avec le Printemps qui va initier le phénomène du prêt-à-porter. Quand, dans la foulée de sa pre mière collection masculine Cylindre, Cardin habille les Beatles de sa fameuse veste sans col en 1963, il devient une figure pop planétaire. Suivront en 1968, la combinaison unisexe Cosmocorps et la robe Cardine, popularisée par l’actrice Lauren Bacall, qui le

PIERRECARDINEVOLUTION; MONDADORI PORTFOLIO/ANGELO COZZI / BRIDGEMAN IMAGES; PIERRE VAUTHEY/ SYGMA VIA GETTYIMAGES; GAMMA-KEYSTONE VIA GETTY IMAGES

AVRIL - MAI - JUIN 2025 - PARIS VOUS AIME / 107

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