Paris vous aime Magazine Jan-Fév-Mars 2022

Spécial Europe

LES MÉDIAS

P eople tend to believe that the traditional media’s loss of inf luence has resulted in their no longer being decisive agenda-setters on mat- ters of public concern. However, research conducted by Monika Djerf-Pierre and Adam Shehata on traditional media (newspapers, radio, and televi- sion) challenges this thinking. The authors identify several causes behind the loss of influ- ence of traditional media. The media environment now offers a large choice of sources of information due to the advent of digital technologies and social media. Djerf-Pierre and Shehata point out that news consumption from traditional sources has sig- nificantly declined over the past 25 years, with many Western- ers having lost interest in tradi- tional news media. This is par- ticularly true for the significant decrease in circulation of news- papers and magazines and the drop in audiences for television news reports. Decrease in consumption But has the decline of tradi- tional media necessarily led to a decline in the influence they have on public opinion? Does a lower consumption of tradi- tional news media actually coin- cide with their diminishing role as agenda-setters? Regarding the media’s loss of influence, people tend to believe that the two distinct phenomena are closely related. Djerf-Pierre and Shehata tested the hypothe- sis of a weakening in the capac- ity of the traditional news media to influence peoples’ concerns. Major agenda-setters In a study of Swedish media over a 23-year period (between 1992 and 2014), the researchers subjected two categories of data to statistical processing: first, the results of surveys carried out regularly with a repre-

une baisse de la réceptivité de l’opinion aux messages et informa- tions qu’ils diffusent ? Autrement dit, la baisse de la consommation des supports d’information privi- légiés par les médias traditionnels coïncide-t-elle vraiment avec une perte de leur influence en termes d’«agenda-setting» ? Il y a là deux phénomènes dis- tincts que les discours sur la perte d’influence des médias confondent très généralement ou tiennent, au mieux, pour indubitablement cor- rélés. M. Djerf-Pierre et A. Shehata se sont donc proposé de tester

A clear disenchantment with traditional sources of information Une certaine désaffection pour les vecteurs d’information classiques s’est manifestée

TRADITIONNELS D’OPINION

SONT TOUJOURS FAISEURS

Selon une étude, l’affaiblissement

According to a new study, the economic decline of traditional news outlets dœsn’t necessarily diminish their influence. TRADITIONAL MEDIA ARE STILL OPINION-MAKERS

économique des anciens organes d’information n’a pas forcément fait baisser leur influence.

En collaboration avec Phébé , la veille d’idées internationale par Le Point

Sylvain Trifilio, docteur en sciences économiques

Boris Séméniako

N ombreux sont ceux qui font aujourd’hui, tantôt pour s’en féli- citer, tantôt pour le regretter, le constat d’une perte d’influence des médias traditionnels. L’idée est en effet très largement répandue, parmi les spécialistes des médias et dans le public, que les anciens organes d’infor- mation (attachés aux supports traditionnels que sont la presse papier, la radio et la télévision) ne contribuent plus que de manière secondaire à la formation de l’opi- nion. En d’autres termes, pour reprendre le vocabulaire consa- cré, lesdits médias ne décideraient plus de la mise à l’agenda (agen- da-setting) des sujets de préoccu- pation du public. Telle n’est pas, cependant, la thèse de Monika Djerf-Pierre et Adam Shehata, qui pensent le contraire. La cause de la perte d’influence des médias traditionnels est bien identifiée. Elle est due à un envi-

ronnement médiatique désormais caractérisé par un choix de sources d’information varié, du fait, d’une part, de l’avènement des technolo- gies numériques et, d’autre part, des possibilités d’interaction et de diffusion de l’information offertes par les réseaux sociaux. Certes, il est clairement établi – Djerf-Pierre et Shehata le rappellent – que la consommation d’information sur supports traditionnels a décliné dans des proportions significatives ces vingt-cinq dernières années. Partout dans les démocraties occi- dentales, une certaine désaffection pour les vecteurs d’information classiques s’est manifestée. Les symptômes les plus visibles en sont la baisse des tirages de la presse écrite et la diminution de l’audience des journaux d’infor- mation télévisés.

Baisse de consommation

Mais cet affaiblissement écono- mique des médias traditionnels a-t-il partout et toujours engendré

JANVIER - FÉVRIER - MARS

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