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A s far back as Antiquity, Hippocrates was certain that “walking is man’s best medicine.” So es- sential as to be taken for granted, walking, like language, has facilitated humanevolution– at least until the mid-20th cen- tury. In the era of plains, trains, and automobiles, Hippo- crates’ wisdomseems to have been forgotten. The decline of walking as a mode of transport began after WWII. In the 1950s, a French person walked a daily average of 7 km (4 mi), compared with today’s aver- age of barely 300 m (1,000 ft). Cars are preferred for commut- ing, shopping, and leisure. An- thropologist David Le Breton laments this fact in his book Éloge de la Marche (In Praise of Walk- ing) (1) : “The human race started with its feet, even if most of our contemporaries believe a human is simply an extension of his or her car, making the body a su- perfluous remnant under assault by modernity.” However, walking is not yet ob- solete. After a decline of nearly 30% between the 1970s and the 1990s, walking actually increased by 9% between 1990 and 2010 in the ten largest French cities, ac- cording to the latest survey by CEREMA (French Centre for Studies and Expertise on Risks, the Environment, and Mobility). To what do we owe this shift? Measures taken by public au- thorities, especially in Europe, have contributed to this new trend. Clélie Deroux from Gre- noble’s Institute of Urban Plan- ning has observed “a return of policies favouring pedestrians is central in urban planning” over the past 20 years. In the model of the Netherlands’ woonerfs (residential areas where housing takes precedence over traffic), and areas in Europe with low speed limits, cities like Stras- bourg, Geneva, Brussels, and Paris are currently implementing

H ippocrate en était per- suadé dès l’Antiquité : « La marche est le meilleur remède pour l’Homme. » Au même titre que le langage, elle est pour nous une fonction essentielle. Au moins jusqu’au xx e  siècle, elle a accompagné et accéléré notre évolution. Au siècle de la vitesse, des voitures, des trains et des avions toujours plus rapides, Hippocrate ne semble plus guère écouté. Le déclin de la marche à pied s’amorce après-guerre. Dans les années 1950, un Français pouvait parcourir enmoyenne 7 kilomètres à pied par jour. Aujourd’hui, il effectue à peine 300 mètres. La culture du « tout-voiture » domine les déplacements quotidiens pour aller à son travail, faire des achats ou rejoindre ses loisirs. Le constat révolte l’anthropologue David Le Breton dans son Éloge de la marche (1)  : « L’espèce humaine commence par les pieds, même si la majorité de nos contemporains l’oublie et pense que l’homme descend simplement de sa voi- ture. [Celle-ci] a rendu le corps presque superflu. Le corps est un reste contre quoi se heurte la modernité. » Alors, dépassé la marche à pied ? Pas encore. Elle résiste dans les statistiques nationales sur le trans- port. Sa part dans la totalité des déplacements s’accroît de 9 % entre 1990 et 2010 dans les dix plus grandes métropoles fran- çaises, selon la dernière enquête du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement. Après un recul de près de 30 % des années 1970 à 1990. À qui créditer ce retour en grâce ? Aux pouvoirs publics peut-être, particulièrement en Europe. À l’Institut d’urbanisme deGrenoble, Clélie Deroux observe, depuis vingt ans, que « la mise en place d’une politique en faveur des pié- tons revient dans les réflexions sur l’aménagement du territoire » .

Dans le sillage des woonerfs (« cour résidentielle », où l’habitat prend le pas sur la circulation) aux Pays- Bas, des zones 30 en France et des zones à trafic limité en Italie, des villes comme Strasbourg, Genève, Bruxelles et Paris mettent désor- mais en œuvre des « plans pié- tons » . Pas seulement pour bouter l’automobile et ses nuisances en périphérie, mais aussi pour géné- rer des espaces urbains pacifiés, régis par la proximité. RECONQUÊTE DE L’ESPACE La question agitemême les États- Unis et le Canada, en retard en la matière. Contre lemodèle de l’éta- lement urbain, le mouvement du NewUrbanism , visible par exemple dans le quartier des Bois-Francs à Saint-Laurent, près deMontréal, reconcentre les activités à l’échelle d’un lotissement. Lamarche à pied y est le maître étalon. À condition d’être couplée avec les transports en commun, l’autopartage, le vélo en libre-service, etc. Ce faisant, le « piéton augmenté » comme le 3000à4000 pas sont effectués par jour par un cadre ou un employé de bureau. steps taken per day, on average, by an office worker. Source: Étude internationale Inter-Heart, 2008

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2019

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