PARIS VOUS AIME MAGAZINE - N° 3

UN NOUVEL ÉLAN POUR LA CAPITALE

Pour répondre à ce besoin d’une agriculture locale, les projets de fermes urbaines semultiplient. Qu’il s’agisse de cultures sur les toits, en sous-sol, dans des containers ou enmode aquaponie, comme c’est le cas à la Farmhouse d’Aubervilliers qui mêlemaraîchage et élevage de truites, le béton se met au vert. «Nous venons d’être consultés par un distributeur d’une commune de la banlieue nord qui sou- haite ouvrir un site de culture sur le toit de son hypermar- ché» , raconte Pascal Hardy, ingénieur chez Agripolis qui a déjà à son actif l’installation de plusieurs fermes dans le Grand Paris. Un de ses derniers projets, sur le toit du parc des expositions à Paris, porte de Versailles, est embléma- tique de la révolution verte en cours : 14000 hectares pré- vus de fruits et de légumes auxquels va s’ajouter en sep- tembre un poulailler. «Mais notre plus grande surprise a été la rapidité avec laquelle nous avons loué, dès le décon - nement, les 135 carrés parisiens, ajoute le responsable. Ces surfaces d’unmètre carré pour cultiver soi-même ses fruits, légumes et eurs, sont parties en quelques jours.» Comme les demandes d’adhésion dans les jardins partagés, ce phénomène témoigne d’une envie de nature. L’actualité débordante du projet Vive les Groues, initié par l’associa- tionYesWe Camp àNanterre, l’illustre bien : plantation de pépinières et ateliers d’initiation à l’apiculture côtoient les soirées pizza ou la possibilité pour les enfants de passer un week-end sous les tentes, au pied des arbres de cette vaste friche de 9000 m 2 à Nanterre. Les Bergers Urbains proposent, eux, depuis six ans, une gestion paysanne de la ville. «Nous travaillons avec une centaine de moutons sur une surface de près de 500 hectares , ce qui suscite un intérêt croissant, indiqueGuillaume Leterrier, cofondateur de la structure. On nous appelle de plus en plus pourmener des actions de sensibilisation autour de l’élevage.» Vers toujours plus de solidarité Partout dans le Grand Paris, nombre d’initiatives indi- viduelles mettent en évidence ce besoin de recréer des liens. Beaucoup de jeunes se sont investis auprès des aînés et des plus démunis. C’est le cas de Bonnes Ondes, une association créée pendant la crise, qui mettait en rela- tion téléphonique personnes isolées et bénévoles, et qui perdure aujourd’hui, en vraies rencontres. «Même si la pandémie a davantage touché les catégories sociales les plus fragiles, certains qui se croyaient à l’abri se sont sentis vulnérables» , explique Thierry Robert, directeur général du Secours populaire. L’entraide est à nouveau de mise et avec elle son cortège d’actions au quotidien (aide aux devoirs, courses alimentaires pour les personnes les plus fragiles, etc.). «Nous avons par exemple noué un partena- riat avec le MIN (Marché d’intérêt national) de Rungis qui a permis aux plus précaires de se nourrir en produits frais» , illustre le responsable. Toutes ces dynamiques tendent à refaçonner la ville. Reste à en préciser les contours : «Un nouvel équilibre est à trouver, conclut le prospectiviste Bruno Marzloff. Le modèle de croissance débridée de la région parisienne a atteint ses limites et la crise sanitaire la renvoie à ses dé s. » Ceux d’une métropole innovante et humaine, accueillante et rayonnante, verte et vertueuse.

L’innovation aux commandes

Innovation at the helm

A silver lining: the constraints of the health crisis have accelerated the development of digital. Cut off from their audience, Paris’ major cultural centres have had to be more inventive than ever. The Paris Opéra and Philharmonie posted performances online and the Louvre has offered virtual tours, podcasts, and never-before-seen content. “The crisis has reinforced the necessity of expanding our digital presence and inventing new formats”, emphasises Timothée Nicot, of the Centre Pompidou. Following the release of Prisme 7 , a video game that introduces kids to modern and contemporary art by immersing them in an environment brimming with artworks. In September, Centre Pompidou will launch the most sensory virtual exhibition ever conceived on the work of artist Vassily Kandinsky, in partnership with Google Arts. This fertile alliance resulted in the digitisation of thousands of Kandinsky’s artworks and sound art. Against all odds, this new climate has served as a launchpad for institutions to introduce new forms of cultural mediation to ever-new audiences. But in spite of these innovations, traditional cultural life is resuming with major scheduled fall events, including the long-awaited reopening of the Palais Galliera on October 1 with an important retrospective on Gabrielle Chanel. Further proof that culture and fashion are alive and well in Paris!

À tout mal un bien. Les contraintes imposées par la crise sanitaire ont aussi joué un rôle d’accélérateur de modernité grâce au développement de pratiques numériques. Coupés de leur public, les grands sites culturels, jusque-là timidement engagés dans les nouvelles technologies, se sont montrés très inventifs : mise en ligne de spectacles pour l’Opéra ou la Philharmonie de Paris, visites virtuelles, podcasts et contenus inédits pour Le Louvre. « La crise nous a conforté dans l’idée que nous devions élargir notre offre numérique, et inventer de nouveaux formats » , témoigne Timothée Nicot, du Centre Beaubourg. Après la sortie de Prisme 7 , un jeu vidéo qui permet d’initier les plus jeunes à l’art moderne et contemporain en les faisant évoluer dans des décors peuplés d’œuvres de Mondrian ou de Warhol, le Centre Pompidou proposera dès novembre la plus grande exposition virtuelle (et sensorielle) jamais conçue sur Kandinsky. Un partenariat technologique noué avec Google Arts a permis la numérisation de milliers d’œuvres et créations sonores de l’artiste. Contre toute attente, le contexte aura nalement servi aux institutions de rampe de lancement pour engager des formes inédites de médiation culturelle et conquérir des publics éloignés des circuits traditionnels de visite. Mais même si de nouvelles propositions naissent ici et là, la vie culturelle classique reprend ses marques. Les grands rendez-vous sont maintenus et la rentrée n’est pas avare de nouveautés comme la réouverture tant attendue du palais Galliera dès le 1 er octobre avec une grande rétrospective consacrée à Gabrielle Chanel. Preuve que la culture et la mode restent de tout temps l’ADN de Paris !

La ferme urbaine sur le toit du parc des expositions de la porte de Versailles, avec notamment 135 micropotagers. The urban farm on the roof of the Porte de Versailles exhibition centre includes 135 microgardens.

reclaimed area in Nanterre. For the last six years, Les Bergers Urbains has offered expertise in urban shepherding. “We work with 100 sheep over an area of nearly 500 ha (1,200 ac), which generates lots of interest”, says co-founder Guil- laume Leterrier. “People want to raise awareness around animal husbandry.” Growing solidarity A number of initiatives throughout Greater Paris have highlighted the need to re-establish social connection. Many young people helped seniors and disadvantaged residents through organisations like Bonnes Ondes, launched during the crisis to connect isolated people with volunteers by tele- phone, and, more recently, via meetings in person. “The pandemic greatly affected the most vulnera- ble, while others suddenly felt vulnerable for the rst time”, explains Thierry Robert, general direc- tor at the French aid organisation Secours Popu- laire. Mutual assistance is once again needed on a daily basis: help with homework or food shopping for the most vulnerable, for example. “We forged a partnership with MIN (National Interest Market) at the Rungis market to provide fresh produce to populations in need”, says Robert. These new dynamics are reshaping the city, though the contours are not yet clearly de ned. “A new balance must be found”, concludes vision- ary sociologist Bruno Marzloff. “Unbridled growth in the Paris region has reached its limit and the health crisis highlights the challenges to be met.” The challenges facing an innovative, humane, welcoming, ethical city.

Première exposition en réalité virtuelle du Centre Pompidou, consacrée aux trois Bleus de Joan Miró. The premier virtual reality exhibition at the Centre Pompidou was dedicated to Joan Miró’s three Bleus .

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SEPTEMBRE - DÉCEMBRE 2020

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