PARIS VOUS AIME MAGAZINE - N° 3
UN NOUVEL ÉLAN POUR LA CAPITALE
Q
ue l’on parle de «vie d’après» ou de «vie avec», c’est en tout cas une vie nouvelle qui s’est em- parée de la capitale depuis cet été. Après des mois de paralysie contrainte, et de repli sur soi, un second souf e fait battre le cœur de la ville et avec lui, de
Les magasins Terroirs d’avenir (ici rue du Nil, Paris 2 e ) travaillent en circuits courts. The Terroirs d’Avenir stores (here near Rue du Nil, Paris 2nd) work with local farmers.
that this is an opportunity to distinguish themselves and bounce back.” Sellers of local produce are expe- riencing an unprecedented boom. “We’ve never seen so many people”, says Lucile Chalmet, the manager at Ferme de Cergy, a farm 30 minutes from Paris. Restaurants are full of ideas on how to restore social life. In his historic bistro Allard, in Saint-Germain- des-Prés, Michelin-star chef Alain Ducasse is testing an air- ltration system in the dining rooms in order to preserve seating capacity. This innovation, developed with scientists and infectious disease specialists, will suspend individual lters above each table. Convinced the crisis arrived at an optimal time to rethink our eating habits, Ducasse also plans to offer his guests in Paris and around the world a welcome dish made with locally grown grains and vegetables. Many Michelin-star restaurants now offer carryout or home delivery of their dishes complete with instructions. Many neighbourhood restaurants and grocers have similarly enriched their offer. In addition to on-site dining, Loov restaurant, near République, has added a popular takeout couscous on Thursdays and Fridays for less than €15. Since April 15, Rodolphe Paquin, the owner of Repaire de Cartouche in the 11th arrondisse- ment, has been selling fruits and vegetables from his favourite producers with stunning success. “There is a huge boomwith the digitisation of local shops,” points out Steeve Broutin, president of Rapidle, a company specialised in “click & collect” solutions, which has seen demand increase by 60%. Reconnecting with nature A substantial increase in local agriculture and inno- vation is needed to satisfy a boom in “locavorism”. To meet these needs, urban farms are mushrooming on rooftops, in basements, and in containers. Farmhouse Aubervilliers, an aquaponic farm, grows vegetables and raises trout. “We were recently approached by a distributor from north of Paris who’s opening a gar- den on the roof of a hypermarket”, says Pascal Hardy, an engineer at Agripolis, who has built several farms around Greater Paris. One of his latest projects, on the roof of the Porte de Versailles exhibition centre, com- prises 14,000 ha (34,600 ac) of growing space plus a henhouse. “Our biggest surprise was how fast we rented the 135 garden allotments at the beginning of decon nement. The square-meter parcels for growing fruits, vegetables, and owers were snatched up in days”, says the manager. This phenomenon, as well as requests for membership in shared gardens, re ects a craving for nature. The Vive les Groues project, ini- tiated by Yes We Camp, is a case in point: people come to plant nurseries and take beekeeping workshops, enjoy pizza evenings, or, for the kids, spend a week- end in a tent in this vast 9,000-sq-m (97,000-sq-ft)
profondes envies de changement. Exit le chacun pour soi, l’anonymat urbain, la course effrénée contre le temps, la surconsommation mondialisée, et même la malbouffe en barquette. Place à l’envie de vivremieux, ou tout aumoins autrement : de davantage circuler à vélo, de travailler ail- leurs qu’au bureau, de se sentir relié aux autres et de se reconnecter à la nature. Pour Paris, ce sont autant de dé s à relever, et l’occasion d’entrer dans une nouvelle ère, plus humaine, plus écologique et plus solidaire. Depuis le début du décon nement, des bataillons de cyclistes ont pris d’assaut les rues et les boulevards, encouragés par la création de 210 kilomètres de pistes cyclables temporaires ouvertes le 11 mai dernier. «L’en- gouement est tel qu’il y a trois mois d’attente pour acheter un vélo neuf!» , sourit Jean-Baptiste Catier, président de l’association Paris en Selle. Et ce n’est qu’un début. Paris compte poursuivre le mouvement avec la pérennisation de ces nouveaux axes dédiés, le prolongement du mail- lage du Grand Paris doté de 680 kilomètres de pistes aménagées qui s’étendront au-delà du périphérique et une nouvelle voie réservée aux adeptes de la petite reine reliant la capitale aux bureaux de la Défense. Si l’espace public se voit ainsi remodelé par l’explosion du nombre de cyclistes, il l’est aussi par l’étalement des terrasses de cafés et de restaurants sur les trottoirs, ou encore par le eurissement de scènes artistiques hors les murs et en plein air, comme les places ou les façades d’immeubles servant d’écran géant à la diffusion de spectacles. L’alimentation en question Dans les assiettes aussi, le changement est au menu. Cha- cun veut manger mieux. Plus sain, plus local, plus frais. Le fait maison est monté en grade pendant le con nement, avec un goût af rmé pour une alimentation vraie, riche de naturalité. Les petits commerces de bouche, et principale- ment ceux proposant des denrées françaises, voire locales, font un tabac. «La hausse de la fréquentation de nos maga- sins nous incite à développer de nouveaux points de vente, note Samuel Nahon, cofondateur des Terroirs d’avenir qui travaille avec les petits producteurs locaux. La demande est aussi en forte progression chez les restaurateurs. Ils ont compris que c’était leur chance de se différencier et de mieux rebondir.» La vente en circuits courts, tout comme la cueillette de fruits et légumes sur site, connaissent un essor inédit. À la ferme de Cergy, à 30 minutes de Paris, «on n’a jamais vu ça, le parking était plein» , témoigne Lucile Chalmet, responsable de culture. Côté cuisine, les restaurants ne sont pas à court d’idées a n de recréer de la convivialité. Le chef multi-étoilé Alain Ducasse teste par exemple, dans son bistrot histo- rique Allard, à Saint-Germain-des-Prés, un dispositif per-
W hether we call it “life after” or “life with,” a new life took hold in the capital this summer. After months of forced paraly- sis and withdrawal, a strong desire for change has quickened the city’s pulse. Ways to live better, or at least differently, have come to the fore: more cycling, work outside the of ce, and a new appreciation for relationships with each other and nature. Since decon nement, legions of cyclists have stormed the streets, encouraged by the May 11 opening of 210 km (130 mi) of temporary cycling routes. “Enthusiasm is so high there’s a three-month wait to buy a new bike!” smiles Jean-Baptiste Catier, president of the organisa- tion Paris en Selle. Paris has pledged to support the momentum by making the new bike lanes perma- nent, as well as building an additional 680-km (422- mi) cycling network beyond the beltway to connect greater Paris with La Défense. Public spaces are being redesigned to accommodate the increase in cyclists, cafés and restaurants offering patio space, and a bur- geoning open-air artistic scene on building walls that double as screens for projected performances. Food in question Everyone seems to want to eat better: healthier, fresher, more local. Home-cooked meals, a necessity during con nement, are valued, and shops offering local foods are booming. “The increase in shoppers at our stores has encouraged us to open new outposts”, says Samuel Nahon, a co-founder of Terroirs d’Avenir, which works with small local producers. “Demand is also growing among restaurateurs. They understand
mettant de ltrer l’air des salles de restauration pour en préserver la capacité d’accueil. Ce système – des tuyaux en inox installés au plafond auxquels sont suspendus de gros ltres blancs au-dessus de chaque table - a étémis aupoint avec des scienti ques et des infectiologues. Le chef envi- sage également, à terme, d’offrir à chacun de ses clients, à Paris comme ailleurs dans lemonde, un plat de bienvenue réalisé à base de légumes et de céréales cultivés locale- ment, persuadé que la crise arrive à point nommé pour opérer une refondation de nos habitudes alimentaires. Le monde de la gastronomie semble en pleine mutation. Nombre de tables étoilées proposent désormais leursmets raf nés à domicile, soit en mode traiteur soit en livraison, avec tous les conseils nécessaires pour assembler les plats. Comme eux, beaucoup de restaurants de quartier mais aussi de commerces de bouche ont enrichi leur offre de formules. Loov, toute petite échoppe près de République propose, outre demanger sur place, de venir «retirer» son couscous les jeudi et vendredi (moins de 15 €). Autre ini- tiative intéressante, Rodolphe Paquin, patron du Repaire de Cartouche (11 e ), vend, depuis le 15 avril, la récolte des producteurs de fruits et légumes avec lesquels il tra- vaille. Avec succès. Comme le souligne Steeve Broutin, de Rapidle, une société experte en solutions de click & collect qui a vu sa demande augmenter de 60% : «C’est un énorme boom de la numérisation des commerces de proximité.» Loin des salles bondées, la petite et la grande gastronomie se réinventent un décor, au cadre plus intime. Renouer avec la nature Si le goût pour le locavorisme est en plein essor, encore faut-il des productions à proximité pour le satisfaire.
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SEPTEMBRE - DÉCEMBRE 2020
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