Fondation Groupe ADP_Rapport d'activité
Grand entretien
EN 2024, COCONSTRUCTION D’UN RÉFÉRENTIEL COMMUN D’ÉVALUATION D’IMPACT SOCIAL, AVEC LE CABINET KIMSO
Le référentiel s’articule autour de 4 catégories d’effets :
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Développer sa confiance en soi. Selon l’âge, cela peut s’exprimer par une plus grande participation en classe ou apprendre à montrer et à dire ses émotions. Apprendre à s’exprimer. Il est ici question du développement du langage et de l’enrichissement de son vocabulaire, des sujets chers à la Fondation Groupe ADP. Avoir envie d’apprendre. Il s’agit d’apprendre à faire de nouvelles expériences, à oser faire des choses qu’on ne faisait pas avant. Favoriser l’accrochage scolaire. Cette thématique est celle d’avoir envie d’aller à l’école, de trouver Exemples d’indicateurs socles retenus dans le référentiel expérimenté : % d’enfants dont le vocabulaire s’est enrichi ; % d’enfants qui améliorent leurs compétences en lecture/écriture/ mathématiques Exemples d’indicateurs optionnels, aux choix des associations : % d’enfants qui participent davantage en classe ; % de jeunes qui affirment mieux gérer leur stress du sens dans sa scolarité, et de la lier à l’élaboration d’un projet de vie.
Pouvez-vous nous repréciser les objectifs initiaux qui ont conduit la Fondation à mettre en place une démarche continue d’évaluation de l’impact social de ses partenaires ? Samia Cordelle : La démarche est née de l’étude d’impact menée en 2023 pour la Fondation Groupe ADP. Les associations interrogées avaient alors remonté leur besoin d’être épaulées sur l’évaluation de leur impact sur leurs publics. Effectivement, cette démarche nécessite du temps, des ressources et des compétences spécifiques. Toutes ne sont pas outillées pour le faire et, dans le contexte actuel, les moyens peuvent aussi leur manquer. une démarche collective, mais suffisamment souple pour prendre en compte les particularités de chaque projet. Pour atteindre cet équilibre, il a été décidé, dans un premier temps, de travailler avec un nombre limité d’associations, sélectionnées de manière à représenter la diversité des projets et des catégories d’âge visées par l’ensemble des partenaires de la Fondation. Quelles ont été les actions menées en 2024 dans le cadre de cette démarche ? Samia Cordelle : En préambule, rappelons que cette démarche initiée par la Fondation est à la fois récente et expérimentale. Cela étant, l’action centrale de l’année 2024 a consisté à coconstruire avec quelques associations un référentiel commun d’évaluation. Dans la logique de la théorie du changement, nous avons travaillé ensemble à identifier les finalités recherchées, à déterminer des indicateurs précis, puis à décliner ces indicateurs en questionnaires adaptés aux publics cibles des projets. Valérie Jaouen : Le référentiel ainsi constitué est composé de quatre catégories d’effets (voir encadré), avec pour chacun des indicateurs « socle » obligatoires et des indicateurs optionnels. Cela permet de trouver un équilibre entre la nécessité pour la Fondation de disposer de données exploitables à son échelle et la prise en compte des particularités de chaque projet. Une fois cette première réflexion achevée, nous l’avons présentée à quatre autres associations afin de recueillir leurs retours critiques et de pouvoir ainsi l’améliorer. Avez-vous identifié des freins ou des défis à relever à cette étape ? Samia Cordelle : Oui. Le premier concerne la philosophie générale de la démarche d’évaluation d’impact. Même s’il n’y a aucun doute sur le sujet, il sera sans doute utile de rappeler régulièrement qu’elle s’inscrit dans une logique Valérie Jaouen : Ce besoin a rejoint la volonté de la Fondation d’être pleinement au service de ses partenaires, tout en enrichissant par le dialogue sa propre réflexion stratégique. L’idée a été de concevoir
d’amélioration continue réciproque, profitable à chacun et non comme un dispositif de contrôle. Un autre défi porte sur la diversité des projets accompagnés par la Fondation et leurs différences de maturité en matière d’évaluation d’impact social. L’enjeu est de réussir à concilier ces différences, en apportant une démarche réellement utile à tous, y compris aux structures déjà avancées sur ce sujet. Maintenir simplicité et utilité simultanément n’est pas évident, d’autant que les projets touchent des publics variés. Valérie Jaouen : Ensuite, il y a des enjeux très opérationnels liés à la manière de formuler les questions destinées aux bénéficiaires des projets, en fonction de leur âge ou de leur situation physique et mentale. Le défi est de trouver constamment l’équilibre entre une approche suffisamment personnalisée pour être utile à chaque projet et une approche collective qui a du sens à l’échelle de la Fondation. Enfin, il s’agit aussi de veiller à ce que les indicateurs choisis reflètent véritablement les missions des associations, sans créer de décalage entre les attentes de la Fondation et les priorités réelles des projets. Samia Cordelle. Je vois aussi un autre enjeu pour la Fondation, en lien avec la dimension avant-gardiste de sa démarche. Qu’en sera-t-il demain si d’autres financeurs l’adoptent à leur tour ? Les associations ne pourront pas multiplier les outils en cas de multifinancements. Ce sera intéressant pour la Fondation Groupe ADP d’ouvrir à terme une réflexion au sein de l’écosystème philanthropique sur des référentiels convergents. Quelles sont les prochaines étapes pour 2025 ? Valérie Jaouen. L’expérimentation entrera dans sa phase concrète : les associations engagées dans la démarche mettront en pratique le référentiel coconstruit. Nous collecterons ensuite les premières données d’ici l’été, puis analyserons ensemble les résultats. Nous verrons alors ce qui a bien fonctionné et les axes de progrès du dispositif avant de le déployer à toutes les associations soutenues au titre de l’appel à projets 2025 de la Fondation Groupe ADP. Au final, que retenez-vous de remarquable en 2024 ? Samia Cordelle. Ce qui m’a marquée, c’est à quel point les échanges à l’étape de la coconstruction ont été utiles pour les associations. Elles ont mieux compris leur singularité en discutant ensemble des enjeux communs et spécifiques de leurs projets. Rien que pour cela, l’approche retenue pour la démarche a eu beaucoup de sens. Les échanges ont été l’occasion de partager des préoccupations communes et de mesurer les complémentarités. Pour utiliser le grand mot à la mode, c’est une approche vraiment plus « systémique ».
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Cinq questions à Samia CORDELLE Directrice conseil
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Valérie JAOUEN Experte associée
À PROPOS DU CABINET KIMSO Kimso est un cabinet B-corp en évaluation d’impact social depuis 10 ans . Leur crédo est de mettre en évidence ce qui compte vraiment en écoutant la parole de tous, de façon simple et non simplificatrice. Les équipes ont à cœur de transmettre leurs connaissances et d’outiller les organisations et financeurs à finalité sociale pour les rendre autonomes progressivement dans leur démarche d’évaluation d’impact.
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