Document d'enregistrement universel 2023

REGARDS CROISÉS AUGUSTIN DE ROMANET ET OLIVIER BOUCHER

AVIATION & CLIMAT Dans un contexte où le transport aérien est engagé de façon déterminée dans un tournant écologique, Augustin de Romanet, Président-directeur général du Groupe ADP, et Olivier Boucher, Directeur de recherche à l'Institut Pierre-Simon Laplace et membre du Comité des parties prenantes du Groupe ADP, nous livrent leur vision du progrès scientifique au service d’une aviation décarbonée.

Que peut le progrès scientifique et technologique dans la réduction de l’impact climatique du transport aérien ? OB : Les progrès technologiques ont été spectaculaires tout au long de l’histoire du transport aérien et de nombreuses autres avancées sont attendues dans les années qui viennent. Si ces progrès sont rapides au regard des défis industriels et réglementaires qu’ils représentent, ils restent lents compte-tenu de l’urgence climatique et de la nécessité de diminuer les émissions de CO 2 , comme les pays s’y sont engagés dans l’Accord de Paris. N’oublions pas qu’un avion vole pendant 30 ans avant d’être remisé. De plus, les technologies les plus prometteuses sont aussi les moins matures. ADR : Le secteur aérien doit réaliser un effort considérable de décarbonation. Cet effort est engagé, les progrès techniques vont mettre du temps à se diffuser, mais je suis confiant et optimiste sur les progrès de la science car nous travaillons à réunir toutes les conditions pour les rendre possibles. Les jeunes générations ont toutes les raisons de croire en la science et dans les ingénieurs. Ils ont été capables de prodiges pour déployer à grande échelle le véhicule électrique ; ils en feront de même pour l’aviation décarbonée.

Est-ce que l’avenir passera nécessairement par moins d’aérien ? OB : La situation actuelle où les gains d’efficacité sont plus que compensés par la croissance de la demande n’est pas tenable. Une modération de la demande est donc nécessaire sous une forme dont j’espère qu’elle peut être plus consentie que subie. Les impacts du transport aérien doivent être mis en regard des services rendus. À ce titre, le court courrier et une partie du transport de fret, pour lesquels des alternatives existent, seront les premiers segments à être questionnés. ADR : Je me réjouis que le message d’un usage raisonné et raisonnable de l’aviation que nous portons soit désormais repris par tous les acteurs du secteur. La demande des pays émergents va demeurer forte. Il sera donc mathématiquement nécessaire, si nous voulons respecter la trajectoire de la COP 21, de limiter dans les pays développés la croissance du transport aérien. Il s’agit d’un appel à la responsabilité de chacun. Je ne souhaite pas voir émerger des mesures coercitives comme des quotas de vols par personne. Cela ne correspond pas à ma conception de la liberté.

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AÉROPORTS DE PARIS / DOCUMENT D’ENREGISTREMENT UNIVERSEL 2023

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