Paris-vous-aime-magazine-Janvier-Février-Mars-2025
PARIS EN GRAND
RÉGINE EN QUATRE DATES 1929 : Naissance de Régina Zylberberg, à Etterbeek (Belgique), le 26 décembre. 1952 : Régine invente la discothèque moderne au Whisky à gogo du Palais Royal. 1965 : Elle se lance dans la chanson avec des titres de Charles Aznavour ( Nounours ), Henri Salvador ( Oublie-moi ) et Serge Gainsbourg ( Les P’tits papiers ). 2022 : Régine s’éteint un 1 er mai à l’âge de 93 ans. 1929 : Régina Zylberberg was born in Etterbeek (Belgium) on December 26. 1952: Régine invents the modern discotheque at the Whisky à Gogo at the Palais-Royal. 1965: She launches her singing career with songs by Charles Aznavour (Nounours), Henri Salvador (Oublie-moi) and Serge Gainsbourg (Les P’tits Papiers). 2022: Régine passed away on May 1 at the age of 93.
Palais-Royal, en tertaining actors from the Comédie-Française, showbiz stars and diners at the nearby Grand Vé four restaurant. Her se cret was to be everything at once: barmaid, hostess, DJ, and designer, gover ning the many multico loured lights she painted herself. Thus nightclub bing was born. In 1957 Régine opened her own club, Chez Régine, at 1 Rue du Four (6th). While people flocked to the Whisky à Gogo to learn the cha-cha-cha, Chez Régine became the bastion of the Twist that she herself taught to the Duke of Windsor. Five years later, she left the Mabillon neighbou rhood to her rival Chez Castel and opened New Jimmy’s, at 124 Boule vard du Montparnasse (14th), which became catnip for the world’s jet set. Régine’s best friend,
le dimanche, elle vend L’Humanité à la criée et dont elle a un fils, Lionel, un an plus tard. Installé rue Pasteur, le ménage tangue rapidement. Âgée de 19 ans, la jeune femme – qui vit désormais rue Réaumur, à l’angle de la rue Saint-Denis - est déjà divorcée et gagne sa vie comme représentante de linge rie. Laissant les filles de joie du quartier garder son fils, cette danseuse invétérée prend goût à la vie nocturne. Au point de convaincre le propriétaire du Whisky à gogo, rue de Beaujolais (Paris 1 er ), de la laisser relancer son club en 1952. De cette cave en déshérence, Régine va faire le phare du Palais Royal, amusant les pensionnaires de la Comédie-Française, stars du show-biz et dîneurs du Grand Véfour. Son secret ? Se démultiplier comme barmaid, hôtesse et « disquaire » (on ne dit pas encore DJ), allant même jusqu’à agiter elle-même des spots peints en couleur par ses soins. Le night clubbing est né. Le succès est tel qu’en 1957, l’étoile montante de la nuit ouvre sa propre enseigne au 1 de la rue du Four (6 e ). Si l’on venait s’initier au cha-cha-cha rue de Beaujolais, Chez Régine devient le fief d’une danse que la patronne importe et enseigne jusqu’au duc de Windsor : le twist. Cinq ans plus tard, l’entre preneuse abandonne le quartier Mabillon à son rival Castel pour s’établir au 124 boulevard du Montparnasse (14 e ). Inauguré en 1961, le New Jimmy’s voit converger la jet-set du monde entier. La meilleure amie de Régine, Françoise Sagan, y établit son QG. C’est notamment par son biais que sont organi sés des dîners littéraires conviant Malraux, Sartre, Henry Miller ou Truman Capote dans l’appartement au-dessus de la boîte. S’y invite Serge Gainsbourg, encore méconnu, qui va détourner Régine de la nuit en contribuant à la lancer comme chanteuse (avec le tube Les P’tits papiers en 1965). Les seventies seront l’âge de l’expansion pour la reine de la nuit parisienne, qui mondia lise son système de club privé. Les années 1980, marquées par l’ascension de boîtes moins bourgeoises comme Le Palace et Les Bains Douches, voient poindre le crépuscule de Régine. La décennie suivante, elle multiplie les fiascos : la reprise de l’Hôtel du Cheval Blanc à Nîmes (1990), le rachat du restaurant Le Doyen sur les Champs-Élysées (1991) et surtout celui du Palace (1993), bientôt fermé par la justice. Multipliant livres, galas, croisières et par fums pour éponger ses dettes (et financer son fastueux train de vie), Régine finit par vendre tous ses clubs en 2003 ; y compris, l’ultime, rue de Ponthieu, dont elle loue le nom. Fière de s’affi cher « ruinée », la désormais chanteuse à temps plein doit quit ter son immense appartement de l’Alma - et son dressing aux 300 paires de chaussures - pour un petit deux-pièces voisin, encom bré de souvenirs qu’elle se résoudra à vendre aux enchères en 2021. Dans le placard de sa chambre, à l’Ehpad pour artistes des Batignolles, où elle s’éteint le 1 er mai 2022 demeurait néanmoins un vestige : son boa rouge. ◆
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1 Avec Brigitte Bardot, Patrick Gilles et Omar Sharif, à Deauville (1969). With Brigitte Bardot, Patrick Gilles and Omar Sharif, at Deauville (1969). 2 Charles Aznavour baptisant le disque de Régine, et Michel Auclair au Sailors Ball (1964). Charles Aznavour and Michel Auclair at the Sailors Ball (1964). 3 Avec les soeurs Suzanne Quoirez et Françoise Sagan et Bob Westhoff à un bal à Paris (1964). With the sisters Suzanne Quoirez and Françoise Sagan, and Bob Westhoff at a ball in Paris (1964). 4 Sur scène à Paris (1971). On stage in Paris (1971). 5 Régine dans la salle de bains de son hôtel au Caire (1985). Régine in her hotel bathroom in Cairo (1985). 6 Avec Joan Collins à l’ouverture de sa nouvelle discothèque londonienne (1979). With Joan Collins at the opening of her new London nightclub (1979).
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novelist Françoise Sagan, set up her headquarters in the apartment above the club, organising literary din ners that counted among the guests Malraux, Sartre, Henry Miller and Truman Capote. Then-obscure sin ger Serge Gainsbourg crashed the party and helped Régine launch her singing career with her 1965 hit Les P’tits Papiers . The seventies ushered in a period of expansion for the queen of Parisian nightlife, when Régine took her private club system global. The 1980’s rise of less glitzy clubs, like Le Palace and Les Bains Douches, marked the twilight of her glittering career. Over the next decade, Régine made a series of disas trous investments: a takeover of the Hôtel du Cheval Blanc in Nîmes (1990), the purchase of restaurant Le Doyen on the Champs-Élysées (1991) and of Le Palace (1993), which was soon closed by the courts. To pay off her debts and finance her lavish lifestyle, Régine wrote books, organised galas and cruises, even introduced a perfume. In 2003, she sold all her clubs. Proud to call herself “ruined”, the now full-time singer had to swap her palatial Alma apartment – and her dressing room with 300 pairs of shoes – for a humble two-room apart ment next door, crammed with the memorabilia that she auctioned off in 2021. When she died on May 1, 2022 at the Batignolles Maison d’Artistes, a single relic remained: her red feather boa. ◆
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AGIP/ GIOVANNI CORUZZI /BRIDGEMAN IMAGES; MICHELINE PELLETIER/ GAMMA-RAPHO/ GETTYIMAGES
80 \ PARIS VOUS AIME - JANVIER - FÉVRIER - MARS 2025
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