Paris vous aime Magazine Juillet-Août-Septembre 2022

Titan commercial

Commercial and

image. The business of late rock stars is a perfect example of the increasingly common “360 degree” contracts, where a record company negotiates with an artist for a share of the merchandising and sponsor- ship income in exchange for logis- tical support. Forde concludes his book with one of the most recent and complex examples of musical necrophilia – the creation of holograms, a con- cept at the intersection of image rights and author-composer-per- former rights. In recent years, we've seen the likes of Tupac Shakur, Maria Callas, andWhitney Houston "rise from the dead" onstage. This innovation stirs con- troversy among music estate man- agers due to ethical and artistic concerns – or to the fact that they're sceptical of its commercial poten- tial. But if in the long run such vir- tual concerts prove capable of gen- erating serious money, we should expect to see more holograms, as the temptation to bring Elvis back "live" on stage will be irresistible Source Eamonn Forde, Leaving the Building. The Lucrative Afterlife of Music Estates, Omnibus Press, 2021

publicités, les musées et restau- rants à thème, etc. Car ce ne sont pas seulement les droits d’édi- tion des musiciens qui changent de main ; dans certains cas, cela concerne les droits sur leur nom ou leur image. En cela, le business des rock stars mortes constitue un parfait exemple des contrats dits à « 360 degrés », de plus en plus fré- quents, où une maison de disques négocie avec un artiste une part de ses revenus de merchandising et de sponsoring en échange de son soutien logistique. Eamonn Forde conclut d’ailleurs son ouvrage sur un des exemples les plus récents et complexes de nécrophilie musicale, au carre- four du droit à l’image et du droit d’auteur-compositeur-interprète : la création d’hologrammes. Ces dernières années, on a ainsi vu Tupac Shakur, Maria Callas ou Whitney Houston ressusciter d’entre les morts sur scène. Une innovation qui divise les gestion- naires de patrimoines musicaux, soit qu’ils y voient des objections éthiques ou artistiques, soit qu’ils soient sceptiques envers son potentiel commercial. Mais, si ces concerts virtuels se montrent capables sur le long terme de rapporter beaucoup d’argent bien réel, on peut déjà se préparer à les voir se multiplier, tant la tentation sera forte de faire revenir Elvis sur les lieux. Source Eamonn Forde, Leaving the Building. The Lucrative Afterlife of Music Estates, Omnibus Press, 2021

et culturel De tous les arts, la musique consti- tue sans doute la meilleure illus- tration du phénomène. Chaque année, depuis 2001, le magazine financier Forbes dresse la liste des célébrités mortes qui ont « produit » le plus de richesses. Si un écrivain, Roald Dahl, domine le classement 2021, les musiciens trustent six des dix premières places : sans surprise, on y trouve Prince, Michael Jackson et Elvis Presley, mais aussi le crooner Bing Crosby, le parolier Gerry Goffin et le chanteur soul Luther Vandross, dont les catalogues ont, eux aussi, tous fait l’objet d’onéreuses acqui- sitions l’an dernier. Le cas de Presley fournit juste- ment son titre au livre d’Eamonn Forde : la phrase « Elvis has left the building » servait à chasser les fans du King quand ceux-ci s’at- tardaient trop à la fin d’un concert. Elvis a définitivement quitté la salle le 16 août 1977, d’une crise cardiaque, mais l’entreprise Elvis a immédiatement continué son activité : comme l’expliqua alors son célèbre manageur, le colonel Parker, « Elvis n’est pas mort, c’est son corps qui l’est ». Selon Eamonn Forde, « dans les années 1980 et 1990, [Elvis] a pavé le chemin et montré comment une succession pouvait s’avérer un titan com- mercial et culturel » . Le King est pourtant « mort en laissant ses affaires dans un état chaotique » , là où un Bowie, quarante ans plus tard, a laissé un héritage impec- cablement organisé sur le plan légal : un contraste où l’auteur voit le symbole d’une « industrialisa- tion » du business des successions. Les musiciens qui vendent leur catalogue de leur vivant, ou leurs héritiers qui s’y résolvent après leur mort, y trouvent un double intérêt : un gros chèque, bien sûr, mais aussi la possibilité que celui-ci soit contrôlé par des pro- fessionnels mieux à même de le valoriser. Les acquéreurs, eux, capitalisent sur la « rétromanie » qui s’est emparée du milieu de la musique, théorisée il y a une

cultural titan Music is undoubtedly the art form that best illustrates this phenome- non. Since 2001, Forbes magazine has compiled an annual list of late celebrities (including artists and writers) who continue to generate the greatest earnings. While writer Roald Dahl headed the pack in the 2021 ranking, six musicians – Prince, Michael Jackson, Elvis Pres- ley, Bing Crosby, lyricist Gerry Gof- fin and soul singer Luther Vandross, whose catalogue was acquired last year – were in the top ten. Forde took the phrase "Elvis has left the building" – once used to drive away fans hoping to see the King after a concert – as the title of his book. Though a heart attack sent Elvis definitively from the building on August 16, 1977, his business lives on. As the singer's famous manager, Colonel Parker, said at the time, "Elvis is not dead, his body is”. According to Forde, “In the 1980s and '90s, [Elvis] paved the way and showed how an estate could be a commercial and cultural titan”. The King, however, "died and left his business in a shambles", whereas 40 years later, David Bowie left an impeccably organised estate, which the author sees as symbolising the “industrialisation” of the inheritance business. Musicians who sell their catalogues during their lifetime, or their heirs who do so after their death, earn a fat payout and the help of profes- sionals to best manage and value these back catalogues. Buyers are capitalising on the “retromania” – a term coined by British critic Simon Reynolds a decade ago – that has gripped the music industry. They earn income on various media, which Forde exhaustively details: recordings and radio plays, covers and samples, tribute concerts, doc- umentaries, biopics and musicals, auctions of collector's items, deriv- ative products, advertising, themed museums, restaurants, the list goes on. Not only do the musician’s pub- lishing rights change hands, in cer- tain cases deals also include the rights to the artist's name and

Buyers are capitalising on the "retromania" gripping the music industry Les acquéreurs capitalisent sur la « rétromanie » qui s’est emparée du milieu de la musique

AUTEUR Eamonn Forde est journaliste indépendant spécialisé dans l’industrie de la musique et auteur d’une thèse de doctorat consacrée aux relations entre les journalistes musicaux et les services de communication. Il a écrit pour de nombreux médias, dont The Guardian, Forbes ou The Times, et a consacré un livre à la chute de la major EMI, The Final Days of EMI: Selling the Pig ( Omnibus Press, 2019). AUTHOR Eamonn Forde is a freelance journalist specialising in the music industry and the author of a doctoral thesis on the relationship between music journalists and communication services. He has written for many publications, including The Guardian, Forbes and The Times , and is the author of a book on the breakup of EMI: The Final Days of EMI: Selling the Pig ( Omnibus Press , 2019). POUR ALLER PLUS LOIN/OF FURTHER INTEREST E. Forde, Get rich or try dying – How musicians’ estates are the biggest earners in pop, The Guardian, 2016 E. Forde, The Valued Gap: 2021 in Review, Synchtank, 2021 S. Reynolds, Rétromania, Comment la culture pop recycle son passé pour s’inventer un futur, traduction de Jean-François Caro, Le Mot et le reste, 2012 G. Simpson, Elvis Presley hologram tour: Graceland on The King’s view and if such shows will happen, The Daily Express , 2021

décennie par le critique britan- nique Simon Reynolds dans un essai remarqué. Ils se rémunèrent sur une multiplicité de supports, qu’Eamonn Forde détaille avec une exhaustivité parfois épuisante : les enregistrements et les passages radio, bien sûr, mais aussi les reprises et samples, les concerts hommages, les documentaires, biopics et comédies musicales, les ventes aux enchères d’objets collector, les produits dérivés, les

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