Paris vous aime magazine Janvier-Fevrier-Mars 2023

PARIS FAIT SON MARCHÉ

C ’est à cet endroit que tout a dé buté. Sur l’île de la Cité, plus vieux quartier de Paris avec le Quartier Latin. Durant l’Anti quité, se trouvait ici le marché alimentaire Palu, tout premier du genre dans la capitale. Il ali mentait alors la population de Lutèce en blé, herbes, légumes et viande. Au Moyen Âge, l’expansion de la cité contraint l’institution, qui ne peut plus satisfaire les besoins crois sants du peuple, à déménager au lieu-dit Les Cham peaux, hors des frontières de la ville. Cette zone, qui ne constitue à l’époque qu’un vaste ensemble de terrains marécageux, deviendra le quartier des Halles que nous connaissons. Durant près de huit siècles, Saint Louis, François I er ou Napoléon III vont s’employer successi vement à développer et moderniser le garde-manger de la capitale. Celui-ci prendra la forme, au xix e siècle, d’un imposant ensemble de 12 pavillons d’architecture Baltard constitués de fer, de fonte et de verre. Dans les années 50, les difficultés de circulation imputables aux Halles conduiront les autorités à envisager leur démé nagement en région parisienne. Le marché de Rungis les remplacera finalement en 1969. Malgré la disparition du « Ventre de Paris », comme le décrivit Émile Zola, subsistent dans tous les arrondissements de la capitale de nombreux marchés périphériques, dont les premiers furent créés aux xvii e et xviii e siècles pour désengorger les Halles. On en recense, au total, près de 100. Des marchés alimentaires pour tous les goûts Parmi ce contingent, figurent pas moins de 81 marchés alimentaires qui permettent à la capitale de faire valoir une offre sans commune mesure dans le pays, brassant propositions de plein air, couvertes, bio, etc. Dans la fa mille des « populaires » figure le marché d’Aligre (12 e ). « C’est l’un des plus anciens encore en activité, indique Patrick Dubuisson, aux commandes du Poisson d’Aligre dans la halle Beauvau attenante. Il a un côté populaire qui le rend plus sympathique que les autres. » « Et puis ici, vous pouvez vraiment faire de très bonnes affaires, s’enthousiasme Lahoucine, l’un des nombreux primeurs. Le kilo de fruits ou légumes est parfois étiqueté à un euro seulement ! » Des tarifs attractifs également pratiqués par les cosmopolites homologues de Belleville (20 e ) ou Barbès (18 e ). À l’opposé, les marchés huppés, tels ceux de Saxe-Breteuil (7 e ) ou du Président-Wilson (16 e ), proposent des produits haut de gamme, tout comme leurs équiva lents bio, ayant fleuri en ville ces dernières années (Ras pail dans le 14 e , les Batignolles dans le 17 e , le Père-Chaillet dans le 11 e , etc.). Dans leurs allées, officient des maraî chers-producteurs venus vendre en direct leurs légumes cultivés sans pesticides, des poissonniers privilégiant la pêche de petits bateaux, ou encore des bouchers dé fendant l’élevage raisonné. Autre famille de marchés en vogue, les « couverts », parmi lesquels celui de Saint-Ger main (6 e ), qui déroule d’élégantes arcades à l’italienne du xix e siècle, mais aussi ceux de Saint-Martin (10 e ) et la

I t all started on the Île de la Cité, the oldest neigh bourhood in Paris. During Gallic-Roman times, the Palu food market – the very first in the capital – supplied the population of Lutèce (Paris’s origi nal name) with wheat, herbs, vegetables and meat. In the Middle Ages, the expanding market was forced to move to Les Champeaux, outside the city limits, to meet the growing population’s needs. This vast expanse of marshy land would later become today’s Les Halles neighbourhood. For nearly eight centuries, French notables such as Saint Louis and François I and Napoleon III worked tirelessly to develop and modernise the capital’s pantry. In the 19th century, an imposing set of 12 soaring cast iron pavilions were built to house the ever growing num ber of stalls. But by the 1950s, traffic congestion due to Les Halles’ forced authorities to consider moving it outside the French capital. The fate of Les Halles was sealed when it finally closed in 1969 to be replaced by Rungis market, a veritable city unto itself near Orly airport. Despite the disappearance of the “belly of Paris”, as Émile Zola famously dubbed Les Halles, smaller neighbourhood markets have continued to thrive in every arrondissement in

the capital since the 17th and 18th centuries. Paris’s markets now number nearly 100.

Fresh foods for all tastes Of this total, the capital offers 81 food markets that are both indoor and outdoor, some of which are restricted to organic produce. The Marché Aligre, in the 12th arrondissement, “is one of the oldest still in operation”, says Patrick Dubuisson, the proprietor of Poisson d’Aligre in the Halle Beauvau, in the indoor section of the market. Lahoucine, one of the many fruit and vegetable vendors, pointed out that its Aligre’s working-class ethos makes it particularly agreeable – and reasonable. “Here you can actually find great deals”, he said. “Produce is sometimes labelled at a mere euro a kilo!”. Bargains can also be found at the more cosmopolitan Belleville (20th) and Barbès (18th) markets. On the other end of the spec trum, posh markets, like the Saxe-Breteuil (7th) and President-Wilson (16th), offer upscale, often organic, products that have become much more sought after in recent years. Raspail in the 14th, Batignolles mar ket in the 17th, and Père-Chaillet in the 11th have attracted grower-producers selling pesticide-free vegetables, fishmongers offering line-caught catch of the day, and butchers who champion organic meats. Covered markets, like Saint-Germain (6th) under its elegant 19th-century Italian-style arcades, Saint-Martin (10th), and the Secrétan hall (19th), set within an elegant Baltard-style cast iron structure, are popular with the foodie set. In addition to shel tering market-gœrs from the weather, these mar kets are often open daily and as late as 8 p.m., unlike open-air markets that are held once or twice a week from around 8 a.m. to 1 p.m. Alongside these temples to fresh food, Paris is also home to specialised non-food markets on specific themes that often offer rarefied expertise. For instance, the Georges-Brassens antiquarian and secondhand book market (15th), the stamp collec tors’ market on avenue Marigny (8th), and the Queen Elizabeth II flower market on the Île de la Cité (4th). Created in 1808 this nursery-market offers Parisian gardeners a huge variety of plants including trees and shrubs and a plenitude of cut flowers. Its grace ful cast-iron pavilions are the perfect place for a romantic stroll in the heart of Paris. Parisians and visitors love to come here because it is referenced in all the guides!”, said Jean-Paul Mar gueritte, whose specialty orchid shop La Maison de l’Orchidée has been attracting lovers of rare flower ing plants since 1988. Paris’s famous flea markets also draw an eclectic crowd seeking that elusive treasure among stands overflowing with everything vintage and antiques. Of Paris’s three main bric-a brac markets, Porte de Vanves (14th), Porte de Mon treuil (20th) and Clignancourt (18th), Clignancourt is not only the largest in Paris but also the largest in the world!

La halle couverte Secrétan (19 e ), à la structure métallique. The Secrétan covered hall’s (19th) elegant cast iron structure.

halle Secrétan (19 e ), abrités sous de superbes structures métalliques type Baltard. Hormis le fait de pouvoir faire ses courses au sec, ces lieux présentent d’autres intérêts : ils accueillent le chaland presque tous les jours, souvent jusqu’à 20 h, contrairement à leurs collègues de plein air, ouverts une à deux fois par semaine. En marge de tous ces lieux consacrés aux plaisirs de bouche, Paris héberge également des marchés spécia lisés, non alimentaires, dédiés chacun à une théma tique bien définie. Tous offrent au visiteur une exper tise pointue, de la qualité et un choix très large. Parmi eux, figurent le marché au livre ancien et d’occasion Georges-Brassens (15 e ), aux timbres de l’avenue Ma rigny (8 e ) ou encore le foisonnant marché aux fleurs Reine-Elizabeth-II (4 e ). Ce dernier, créé en 1808 sur l’île de la Cité, dévoile au grand air et dans ses superbes pavillons Baltard une multitude de plantes, arbustes et gerbes multicolores. Offrant une balade bucolique et romantique en plein Paris, « il donne l’impression de quitter la ville pour quelques instants, glisse Jean-Paul Margueritte, aux commandes depuis 1988 de La Maison de l’Orchidée. On y trouve des Parisiens, mais aussi des touristes, car il est référencé dans tous les guides ! » Propices à la flânerie également, les marchés aux puces ravissent les amateurs de bric-à-brac ou de beaux

Le marché d’Aligre (12 e ), l’un des plus anciens de Paris. The Marché d’Aligre (12th) is one of the oldest markets in Paris.

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