Paris vous aime magazine Octobre-Novembre-Décembre 2022

avait un atelier, rue Vézelay, à 100 mètres de celui du décora- teur Jacques-Émile Ruhlmann, prenaient-ils le temps d’échanger, de prendre un café ? Il existe une part de vagabondage et d’imagi- naire en se promenant qui est très agréable. Les cimetières aussi sont des lieux qui me fascinent, comme celui de Passy, où l’on peut voir d’incroyables tombes historiques. Enfin, l’un de mes plaisirs est de me retrouver au Palais-Royal, non loin demon travail, qui est un autre cœur de Paris, central, mais telle- ment calme. C’est vraiment un lieu architectural majeur qui fait le lien entre la monumentalité du Louvre et un Paris animé, de l’autre côté, avec les Grands boulevards. Vous avez su inculquer un grand dynamisme au musée des Arts décoratifs, avec des expositions comme Dior (710000 visiteurs), Barbie ou plus récemment Mugler. Une de vos volontés était-elle d’ouvrir le musée à tous les publics ? Je crois fondamentalement, qu’au- jourd’hui, il y a une grande curio- sité du public en général pour le musée. J’ai tout de suite trouvé que le musée des Arts décoratifs était assez universel, au sens où il pou- vait parler à un très grand nombre. La mode est un art majeur, qui relie des publics aux profils extrê- mement différents, sans préjugés culturels ou scientifiques. Qu’est-ce qui crée aujourd’hui une forme d’unité sociale autour d’un sujet ? Vous avez le sport, la musique, le cinéma ou les séries, et la mode. En fait, les personnes qui sont au carrefour de l’un ou même de ces quatre domaines sont des cataly- seurs d’intérêts extraordinaires. Les inégalités sociales et territo- riales d’accessibilité à la culture existent, plus que jamais après une crise comme celle que l’on vient de vivre. Si l’on considère que le musée est important, fai- sons en sorte qu’il le soit vrai- Et qu’en est-il d’amener la jeunesse au musée ?

like the fact that it remains on a human scale and is one of the few capitals that can be crossed on foot. I walk a lot and continue to discover the city’s treasures. For example, I love discovering the names of illus- trious figures on plaques on build- ing walls. In my former neighbour- hood around the Parc Monceau, I discovered that Gustave Flaubert had lived on the Rue de Lisboa and that architect Robert Mallet-Ste- “ Il n’y a pas mieux que Paris pour faire son apprentissage culturel ” vens had a studio on the Rue Véze- lay, near decorator Jacques-Émile Ruhlmann’s studio. Did they ever take the time to talk or have a cof- fee together? Walking through the city offers the pleasant feeling of just letting the imagination wander. Cemeteries also fascinate me, like the one in Passy, which has incred- ible historic graves. Finally, I love the Palais-Royal, which is an oasis of calm close to where I work. It’s also an architectural marvel that acts as a bridge between the mon- umental Louvre on one side and the liveliness of the Grands Boulevards on the other. You brought a new energy to the Musée des Arts Décoratifs with exhibitions like “Dior” (710,000 visitors), “Barbie” and “Thierry Mugler”. Was it your aim to open the museum to a wider audience? I truly believe today’s public has a new appetite for museums in gen- There is no better place than Paris to learn about culture

eral. I quickly realised that the Musée des Arts Décoratifs had enor- mous potential to appeal to more and more people. Fashion is a major art formwith the capacity to bring- ing together very diverse audiences with a wide range profiles without cultural or scientific prejudices. What creates public enthusiasm for a subject? You have sports, music, cinema, TV series and fashion. In fact, people who are at the cross- roads of any of these areas or even these four domains can generate extraordinary interest. Social and territorial inequalities in the level of access to culture do exist, particularly after a crisis like the one we’ve just experienced. If we consider museums to be impor- tant, let’s make sure that’s the case by ensuring, for example, that all schoolchildren in France come to the Louvre at least once before they turn 18. How did you approach your new role as director of the Louvre’s Art Objects Depart- ment in September? The Louvre is like a city in itself, where a section like the art objects department represents a huge neighbourhood, which brings together very different chronolog- ical periods, techniques and civi- lisations. My department – one of the eight, soon to be nine, heritage departments at the Louvre – has tens of thousands of objects dating from theMiddleAges to 1850, pieces from the Sainte-Chapelle to the Crown diamonds, and one of the finest col- lections of majolica in the world. Thanks to the scientific expertise of its curators, the department is con- sidered a leading authority, which can be consulted by the Ministry of Culture on matters relating to acquisitions, curation and collection management. I’mexcited to have the opportunity to work for Laurence des Cars, director of the Louvre, as well as helping to build knowl- edge, curation and transmission for future generations. What about attracting young people to the museum?

• 2005 à 2007 : conservateur chargé des collections 1850-1900 au musée d’Orsay. • 2005 to 2007: curator of the 1850- 1900 collections at Musée d’Orsay. • 2008 : conservateur chargé des arts décoratifs au Louvre Abu Dhabi. • 2008: curator of Decorative Arts at the Louvre Abu Dhabi. • 2013 : directeur des musées des Arts décoratifs qui regroupent le musée des Arts décoratifs, le musée Nissim-de-Camondo, l’École Camondo et les Ateliers du Carrousel. • 2013: Director, Musées des Arts Décoratifs, which includes the Musée Nissim-de-Camondo, l’École Camondo and the Ateliers du Carrousel. • 2022 : directeur du département des objets d’art du Louvre. • 2022: Director of the Louvre Art Objects Department. Olivier Gabet en quatre dates Olivier Gabet in four dates

ment en s’assurant, par exemple, que tous les enfants des écoles de France soient venus au moins une fois au Louvre avant leurs 18 ans. Comment avez-vous appréhendé votre nouvelle fonction au Louvre, directeur du département des objets d’art, depuis septembre? On dit souvent que Le Louvre est une ville, mais si c’est le cas, un département comme les objets d’art représente tout un quartier, très étendu, qui brasse des périodes chronologiques, des techniques, des civilisations très différentes. Mon département — l’un des huit, bientôt neuf, départements patri- moniaux du Louvre — comporte quelques dizaines de milliers d’ob- jets, qui vont duMoyen Âge jusqu’à

1850. Je pense à des pièces de la Sainte-Chapelle, les regalia , les diamants de la Couronne, ou l’une des plus belles collections de majo- liques ( faïences, Ndlr ) au monde. C’est aussi un département qui, grâce à la force d’expertise scien- tifique de ses conservateurs, est considéré comme le département de référence qui peut être consulté par le ministère de la Culture sur un certain nombre de sujets liés aux acquisitions, à des probléma- tiques de conservation et de gestion des collections. Je trouve cela exci- tant de pouvoir être l’un des relais de Laurence des Cars, la directrice du musée du Louvre, au niveau également de la construction des connaissances, des conservations et des transmissions pour les géné- rations futures.

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