Paris vous aime magazine Avril-Mai-Juin 2023

BIEN ENTOURÉ POUR VIVRE VIEUX, vivez

H omo sapiens is the perfect example of a hypersocial species characterised by the extensive reliance of individ uals on groups. Finding our place and being recognized in a group is a deeply rooted desire in the human brain, which, when satis fied, allows us to enjoy an irre placeable sense of security and meaning. This is the message of Belonging: The Science of Creating Connections and Bridging Divides , by Geoff Cohen, a professor at Stanford University. Our tendency to identify with groups is both universal and spontaneous. From the very first months of life, our preferences for particular social groups are already established, and so is our distrust of others. Mechanisms for social categorisation accentu ate our partiality, a point that has been illustrated by a series of classic experiments. For exam ple, a study asked participants to evaluate paintings by Klee and Kandinsky before randomly dev iding them into two groups, group A and group B, which had noth ing to do with their aesthetic preferences. Nonetheless, when individuals from group A were asked to award points to mem bers of groups A and B, it was immediately apparent that they favoured members of their own group. This tribal bias is already established in children as young as five years old. Our need to belong is so strong that we are deeply affected by anything that thwarts it. In one study, the simple act of asking participants to remember a situ ation in which they had been excluded undermined their judgement of social transgres sions such as theft, vandalism and misconduct in the profes sional world, which they deemed to be more acceptable. Our moral compass, it seems, is easily demagnetized when our social existence is disrupted. To Social exclusion

L ’Homo sapiens est l’exemple parfait de ces espèces hypersociales qui doivent presque tout à leur collectif. Trouver sa place dans un groupe et y être reconnu est une motiva tion profondément enfouie dans notre cerveau et procure une sen sation irremplaçable de sécurité et de sens. C’est le message qui res sort de Belonging: The Science of Creating Connections and Bridging Divides, de Geoffrey L. Cohen, pro fesseur à l’université Stanford. Notre tendance à nous identifier à des groupes est aussi univer selle que spontanée. Dès les pre miers mois, nos préférences pour nos propres groupes sociaux sont déjà fixées. Notre méfiance envers d’autres l’est également. Des méca nismes de catégorisation sociale accentuent notre partialité. Une série d’expériences classiques montre ainsi qu’il suffit que l’on assigne des personnes dans une catégorie A ou B (en leur laissant croire, après une fausse tâche d’évaluation de tableaux, qu’elles font partie de celles qui préfèrent les œuvres de Klee plutôt que celles de Kandinsky) pour que, lorsque celles-ci doivent attribuer des points à des individus appar tenant au groupe A ou B (le leur), elles favorisent leurs semblables. Cet esprit tribal, qui émerge en l’absence d’enjeux particuliers, se manifeste déjà largement chez des enfants de 5 ans. Notre besoin d’appartenance est tel que tout ce qui le contrarie nous affecte en profondeur. Dans une étude, le simple fait d’amener des participants à se souvenir d’une situation où ils avaient essuyé une exclusion les conduisait à juger plus acceptables une multitude de transgressions sociales comme le vol, le vandalisme ou diverses méconduites dans la sphère pro fessionnelle ou autre, comme si notre boussole morale était démagnétisée lorsque notre exis tence sociale est chahutée. Pour étudier de manière systématique Exclusion sociale

Notre besoin d’appartenance est tel que tout ce qui le contrarie nous affecte en profondeur

Our need to belong is so strong that we are

deeply affected by anything that thwarts it

Un ouvrage s’est intéressé aux conséquences psychologiques et physiques de la solitude, qui peuvent parfois être dramatiques.

GOOD COMPANY, THE SECRET TO A LONG LIFE A new book considers the psychological and physical effects of loneliness and its occasionally tragic consequences.

En collaboration avec Phébé, la veille d’idées internationale par Le Point

Laurent Bègue-Shankland, professeur de psychologie sociale et chercheur

Boris Séméniako

les conséquences de l’exclusion sociale, des chercheurs ont inventé une situation de laboratoire un peu machiavélique dans laquelle des participants s’amusaient à un jeu vidéo de quatre minutes avec deux autres personnes représen tées par des avatars, et dont le comportement était préétabli par les chercheurs. Après quelques échanges, sans crier gare, les deux joueurs n’envoyaient plus la balle au participant et s’amusaient sans lui. Victimes d’exclusion, les individus voyaient leur estime de soi chuter, mais cela ne s’arrêtait pas là. Quand on leur a fait pas ser des tests, on a constaté aussi une baisse de leurs performances intellectuelles, et l’apparition d’un sentiment de perte de contrôle. De plus, les mesures de l’activité céré brale indiquaient que les régions du cerveau activées lors de l’ex clusion coïncidaient avec

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