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2 artistes, 2musées, 1 expo-événement Jusqu’au 22 janvier 2022

essentiels. Il cherche du travail et se fait connaître comme journaliste, critique littéraire et critique d’art. À travers ses articles, il défend la peinture de Delacroix, Ingres, Courbet et Manet lors des salons d’art parisiens de 1846 et 1859 ou lors de l’Exposition universelle de 1855. Il rend aussi hommage aux auteurs de son temps, Cha- teaubriand, Hugo, Flaubert ou Gautier, et au compositeur Richard Wagner. À partir de 1845, il se lance même dans la traduction des Histoires extraordinaires d’Edgar Poe. Après une année passée quai de Béthune, le poète va s’installer sur la rive opposée, à l’hôtel Pimodan, 15, quai d’Anjou, l’actuel hôtel de Lauzun qui héberge, depuis 2013, l’Institut d’études avancées de Paris. Un loge- ment sous les combles, où il écrira Les Fleurs du mal. Il a pour voisin le peintre Boissard de Boisdenier, qui occupe les salons d’apparat où se réunit le Club des hashischins créé par le docteur Moreau de Tours en 1844. Avec son ami Théophile Gautier, Baudelaire y participe et goûte le dawamesk, confiture au haschich aux effets hallucinogènes. De ces « fantasias », nom donné à ces séances, et, plus tard, de son expérience de l’opium, le chantre du spleen tirera toute la matière pour écrire Les Paradis artificiels . En 1845, il quitte l’île Saint-Louis après une tentative de suicide et rejoint le quartier des Grands Boulevards, où il erre d’hôtel en hôtel jusqu’à son départ en Belgique en 1864. Il est atteint de la syphilis, sa santé décline jusqu’à son décès en 1867. Le poète incompris – de son vivant - est enterré au cime- tière du Montparnasse, à Paris Aussi étrange que cela puisse paraître, Charles Baudelaire possède deux sépultures au cimetière du Montparnasse, à Paris. Une tombe discrète dans laquelle il a été inhumé en 1867, après le rapatriement de son corps de Belgique, auprès de son beau-père, le général Aupick, et de sa mère, Caroline Archenbaut-Defayes. En 1892, le projet d’ériger un monument en l’honneur du poète est lancé. Auguste Rodin est sollicité pour sa réalisation mais après dix ans de polémique, le sculpteur y renonce. C’est finalement José de Charmoy, beaucoup moins connu, qui exécutera ce cénotaphe – c’est-à-dire une sépulture vide – représentant un gisant entouré de bandelettes surmonté du buste du poète, le visage fermé et les poings serrés, placé au sommet d’une colonne sur laquelle s’accroche une chauve-souris. Plus remarquable encore, les nombreux visiteurs ignorent que Baudelaire ne repose pas à cet endroit. As strange as it may seem, Charles Baudelaire has two graves at Paris’ Montparnasse cemetery. Upon his death in 1867, his body was interred in an inconspicuous grave after its return from Belgium. A project for a monument in honour of the poet, to be designed by Auguste Rodin, was launched in 1892. However, after a decade of controversy, the sculptor gave up on the idea. The lesser-known sculptor José de Charmoy ultimately designed the cenotaph – an empty tomb – with a recumbent figure surmounted by the poet's torso with a glowering visage resting on closed fists. Many visitors are unaware that Baudelaire is not actually interred in that spot. Un poète, deux adresses One poet, two addresses

L’île Saint-Louis, où Baudelaire a longtemps séjourné, concentre l’essence même de Paris. The Île Saint-Louis, where Baudelaire spent a lot of his time, distills the very essence of Paris.

Mistress were painted by Édouard Manet in 1862 – inspired several of the poems included in The Flow- ers of Evil , including Exotic Perfume and The Hair . But since Baudelaire’s allowance wasn’t sufficient to finance his lifestyle, in which art and pleasure were essential, he found work as a journalist, making a name for himself as a literary and art critic. In his articles he championed the paintings of Delacroix, Ingres, Courbet, and Manet exhibited at the salons of 1846 and 1859 and the 1855 Universal Exhibition. He also paid homage to the great authors of his time: Chateaubriand, Hugo, Flaubert, and Gautier, as well as the composer Richard Wagner. In 1845, Baudelaire embarked on a translation of Edgar Allan Poe’s Tales of the Grotesque andArabesque. After spending a year at Quai de Béthune, the poet settled on the opposite bank in a loft apartment at 15 Quai d'Anjou, where he wrote The Flowers of Evil. His neighbour, the painter Boissard de Boisdenier, occupied the building's recep- tion salons where the members of the Hashischins Club, founded in 1844 by Dr. Moreau de Tours, met. During this period Baudelaire and Gautier partic- ipated in these gatherings and experimented with dawamesk, a hallucinogenic hashish jam. These "fan- tasias", the name given to their sessions, and his later experiences with opium, gave the 'bard of spleen' all the material he needed to write Artificial Paradises . In 1845, after a suicide attempt, Baudelaire vacated the Île Saint-Louis and moved to the Grands Boule- vards neighbourhood, where he wandered from hotel to hotel until leaving for Belgium in 1864. He suf- fered from syphilis, and his health steadily declined until his death in 1867 at the age of 46. The poet, who remained largely misunderstood in his lifetime, was buried in Paris' Montparnasse cemetery.

Pablo Picasso, Le Baiser, Mougins, 26 Octobre 1969, Musée national Picasso-Paris, Photo ©RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / A. Didierjean, ©Succession Picasso 2021. Auguste Rodin, Le Baiser, 1882, Photo ©Musée Rodin, H. Lewandowski.

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