Paris vous aime Magazine Jan-Fév-Mars 2022

Un café a c JEAN-CHARLES DE CASTELBAJAC

Jean-Charles de Castelbajac, un styliste, designer,

illustrateur et écrivain haut en couleur. Stylist, designer, illustrator, and writer Jean-Charles de Castelbajac.

Après cinquante ans de carrière, Jean-Charles de Castelbajac n’a rien perdu de sa curiosité. Il y a dans son art quelque chose d’enfantin et de joyeux que l’on retrouve dans l’exposition Le Peuple de demain (1) que lui consacre le Centre Pompidou et dans son dernier ouvrage Dessins tout-terrain (2) .

You arrived in Paris in 1968 at age 17. Why this choice? JEAN-CHARLES DE CASTELBAJAC: I loved Balzac’s Lost Illusions and thought I was Rastignac. Since I had also read Alexandre Dumas, I also took myself for d’Artagnan! Coming from Limoges, Paris amazed me. At the time, I was a royalist with romantic tendencies. I arrived in the capital in May 1968, and soon discovered the Fine Arts School’s printing house where students were designing posters. In addition to their slogans, I was touched by the fact they made them with makeshift means. This economy of means has been a com- mon thread inmywork. FromRaoul Hausmann’s Dadaist photographs to Arte Povera artists, I’m moved by this approach. Jean-Charles de Castelbajac’s joyful 50- year career is explored in the Centre Pompidou’s exhibit The People of Tomorrow (1) and his latest book Dessins Tout-Terrain (‘All-Terrain Drawings’) (2) .

Sabine Roche

Jérôme Bonnet

Vous êtes arrivé à Paris en 1968, à l’âge de 17 ans. Pourquoi ce choix?

des matériaux primaires. Cette économie de moyens a toujours été un fil conducteur dans mon tra- vail. Que ce soit dans l’art de Raoul Hausmann, le photographe et plas- ticien dadaïste, ou chez les artistes de l’Arte Povera, je trouve cette approche très émouvante. les arbres, les trottoirs. Paris est-elle devenue pour vous un cahier de dessin à ciel ouvert ? Oui, comme elle le fut au XVIII e siècle pour Restif de La Bre- tonne et pour tant d’autres artistes. Cependant, mon geste de créateur ressemble plus à un poème, à un signe qu’à un tag. Mes dessins sont des actes de partage et Vous dessinez partout dans la rue, sur les murs,

JEAN-CHARLESDE CASTELBAJAC : J’avais adoré les Illusions perdues de Bal- zac et je me prenais pour Rasti- gnac. Mais comme j’avais aussi lu Alexandre Dumas, je me pre- nais également pour d’Artagnan! Venant de Limoges, Paris m’émer- veillait. À l’époque, j’étais une sorte de royaliste épique à tendance romantique. Je suis arrivé dans la capitale au moment des évé- nements de Mai 68, et j’ai vite été conduit à l’atelier d’imprimerie des Beaux-Arts où les étudiants conce- vaient leurs affiches. Ce qui m’a touché, outre leurs slogans et leurs dessins, c’est qu’ils les fabriquaient avec des moyens de fortune, avec

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