Paris vous aime Magazine Jan-Fév-Mars 2022

PARIS À L’HEURE EUROPÉENNE

G o to Paris! ... It is fromParis that a talented man’s fameandglorywill reach theentire world”. (1) In 1778, Leopold Mozart urged his 22-year-old son Wolfgang Amadeus to leave Germany and make his name in the City of Lights. Nearly 250 years later, young peo- ple around the world dream of selfies in front of the Eiffel Tower. How can we explain Paris’ global appeal and its unique place in Europe?Will the French capital hold its place in an accelerating, dematerialisedworld? “After being a beacon for Dutch, Belgian, and Italian immigrants who shared 18 th -century Enlightenment ideals, Paris was a refuge for Europeans fleeing pov- erty and political repression”, says Christophe Charle, professor emeritus of contemporary history at theUni- versity of Paris 1 Panthéon-Sorbonne and author of Paris, “Capitales” des XIXe siècles (‘Paris, “Capitals” of the 19 th Centuries’). In 1831, Frédéric Chopin found his salvation in Paris, a place so different from Warsaw, Berlin, andVienna, the cities he had known. “Paris has everything you want”, he wrote. “You can have fun, be bored, laugh, cry, do whatever you like; no one looks at

V a à Paris ! (…) C’est de Pa- ris que le renom et la gloire d’un homme de grand talent parviennent au monde en- tier.» (1) C’est par ces mots que Léopold Mozart exhortait son fils de 22 ans, Wolfgang Amadeus, à quitter l’Alle- magne, pour aller se forger une réputation dans la Ville des Lumières. C’était en 1778, et presque 250 ans plus tard, tous les jeunes gens de la terre rêvent de venir poser pour une photo ou un selfie devant la tour Eiffel. Comment expliquer l’attractivité de Paris et sa place unique au sein de l’Europe? Qu’est-ce qui nourrit cette fascination longtemps sans égale face aux autres capitales européennes? Ce rayonnement est-il en- core durable dans unmonde où tout s’accélère et se déma- térialise? «Après avoir constitué un phare pour les Hollan- dais, les Belges ou les Italiens qui partageaient les idéaux des Lumières au XVIII e siècle, Paris a été un refuge pour les Européens fuyant la misère et les répressions politiques» , résume Christophe Charle, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et auteur de Paris, “capitales” des XIX e siècles . Ainsi, en 1831, Frédéric Chopin trouve son salut à Paris, si diffé- rente de Varsovie, Berlin et Vienne où il a séjourné. «Paris, écrit-il, c’est tout ce que l’on veut. À Paris, on peut s’amuser, s’ennuyer, rire, pleurer, faire tout ce qui vous plaît; nul ne vous jette un regard car il y a des milliers de personnes qui font la même chose et chacune à sa manière.» (2) D’Émile Zola, fils d’émigrés italiens, à Marie Curie, polonaise et prixNobel de physique, en passant par Pablo Picasso, l’Es- pagnol, la capitale française attire et retient les artistes pour toutes ces raisons et pour la place qu’elle fait à la culture. «La France a été et reste un pays très attractif pour des raisons économiques, mais aussi parce qu’elle offre un refuge en termes de liberté, note l’historien Pascal Ory, au- teur du Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France (3) . Échange de cultures Le bouillon de culture parisien est toujours un creuset fertile pour tous les esprits qui passent et s’enracinent à Paris. Au Moyen Âge, la Sorbonne et le quartier latin ré- gnaient sur l’Europe. Au XXI e siècle, les grandes écoles parisiennes – Polytechnique, la Sorbonne, HEC, l’École normale supérieure – tiennent toujours leur rang pres- tigieux face aux universités américaines, britanniques et asiatiques. Étudier, et travailler, en Europe, c’est le se- cret pour favoriser la paix et l’alliance entre les peuples. Créé en 1987, le programme Erasmus+ (European Action Scheme for the Mobility of University Students, du nom du moine humaniste Érasme) a pour vocation de favori- ser la mobilité des étudiants et des enseignants entre les universités et les grandes écoles d’Europe, et du monde. Plus de 9 millions de personnes en ont déjà bénéficié et pu ainsi financer des stages à l’étranger. Le programme «To be Erasmus in Paris» organise l’accueil des 18-26 ans de nationalité étrangère vivant à Paris. Ils sont nombreux à souhaiter s’inscrire à Sorbonne Université ou étudier les

disciplines scientifiques (43%), les sciences économiques et de gestion (26%), très recherchées (4) . Et pour le loisir, Paris est toujours une fête. En témoigne le dynamisme des instituts culturels étrangers, 56 à ce jour. «Ces lieux visent à mettre en avant la diversité culturelle de leur pays pour la décliner ensuite dans les rues de la capitale» , souligne Anna Zasada, coordinatrice du Forumdes instituts cultu- rels étrangers à Paris (Ficep). En organisant le festival Jazzycolors en novembre, la Semaine des cinémas étran- gers en mars, ou encore la Nuit de la littérature en mai, le Ficep illustre cette effervescence. Très prisés des Pari- siens, certains instituts culturels européens sont devenus des adresses incontournables pour qui veut se brancher au cœur battant de la ville. Sans s’éloigner des bords de Seine, Justine se nourrit des expositions et conférences du Gœthe-Institut (Paris 16 e ) ou de l’Instituto Cervantes (Paris 8 e ). «Leur gratuité m’incite à découvrir des artistes auxquels je n’aurais probablement jamais eu la curiosité de m’intéresser» , reconnaît cette Parisienne de 25 ans. Au fil des siècles, Paris, terre d’accueil et de partage, s’est ainsi enrichie des inspirations et des énergies qui y rayonnent et s’y épanouissent. Après la guerre, c’est aussi à Paris que la Communau- té européenne a vu le jour, le 9 mai 1950, dans le salon de l’Horloge du quai d’Orsay, où Jean Monnet et Robert Schuman, les «pères de l’Europe», ont signé un appel à la mise en commun des productions française et allemande de charbon et d’acier. Et c’est toujours à Paris que les six États fondateurs – Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas – ont signé le traité fondateur le 18 avril 1951. «Même si le Parlement et la Commission eu- ropéenne ont leurs sièges à Bruxelles, Strasbourg et Luxem- bourg, l’influence de Paris en Europe est très importante en «Un rôle d’initiateur et d’agitateur d’idées pour l’Europe»

you because there are thousands of people doing the same thing there, each in hisway”. (2) “France has been, and remains, a highly appealing country for economic reasons, and a place of refuge in terms of freedom”, says historian Pascal Ory, the author of Dictionnaire des trangers qui ont fait la France (‘Dictionary of the Foreigners Who Made France’) (3) . Cultural exchange Parisian culture has always been a fertile melting pot for great minds. In the Middle Ages, the Sorbonne and the LatinQuarter ruled over European learning. In the 21 st century, Paris’ elite universities – Polytechnique, the Sorbonne, HEC, École Normale Supérieure – still hold prestigious positions internationally. The Eras- mus+ programme (‘European Action Scheme for the Mobility of University Students’, named for humanist monk Erasmus), created in 1987, promotes the move- ment of students and teachers between universities; more than 9 million people have participated. The To be Erasmus in Paris programme welcomes 18- to 26-year-old foreign nationals whowant to live in Paris and who have enrolled at the Sorbonne or have come to study science (43%) or economics and management (26%) (4) . As for leisure, Paris is an ongoing celebra- tion, as reflected in its 56 dynamic foreign cultural institutes. “They seek to highlight their countries’ cul- tural diversity”, says Anna Zasada, coordinator of the Forum of Foreign Cultural Institutes in Paris (Ficep), which organises the Jazzycolors festival in Novem- ber, Foreign Cinema Week in March, and Literature Night in May. Certain European cultural institutes have become essential addresses for Parisians. With- out straying from the banks of the Seine, 25-year-old Justine draws inspiration from the exhibits and con- ferences held at the Goethe Institut (Paris 16 th ) or the

Instituto Cervantes (Paris 8 th ). “The free admission encourages me to dis- cover artists I probably wouldn’t have on my own!” Catalyst for ideas The European Community was born in Paris on May 9, 1950 at the Salon

raison de son histoire et de sa géogra- phie, note Pascale Joannin, directrice de la Fondation Robert Schuman, centre de recherches et d’études sur l’Europe. Tout passe par Paris et, dans le couple franco-allemand, locomotive de l’Europe, on reconnaît à Paris, qui concentre la plupart des ministères,

Paris compte 56 instituts

Paris hosts 56 cultural institutes

Expositions et animations sur le parvis de l’Hôtel de Ville à l’occasion de la Fête de l’Europe. Exhibits and events take place on the Hôtel de Ville’s forecourt to celebrate the occasion of Europe Day.

culturels étrangers

de l’Horloge on the Quai d’Orsay, when the “fathers of Europe”, Jean Monnet and Robert Schuman, agreed to pool production of French and German coal and steel. It was in Paris that the founding states – Germany, Bel- gium, France, Italy, Luxembourg, and TheNetherlands – signed its founding treaty onApril 18, 1951. “Although the European Parliament and Commission are head- quartered in Brussels, Strasbourg, and Luxembourg, the influence of Paris in Europe is central because of its history and geography”, says Pascale Joannin, Director of the Fondation Robert Schuman, a centre for European research and study. “The Franco-Ger- man alliance is the driving force behind Europe, and Paris, which concentratesmost of theministries, large corporations, and French institutions, is seen as

des grandes entreprises et des institutions françaises, un rôle d’initiateur, d’agitateur d’idées.» Chaque année, le 9 mai, Journée de l’Europe, est l’occasion d’activités qui font le lien entre les citoyens européens. La capitale vibre alors au rythme des débats, des ateliers pédagogiques, des animations culinaires et culturelles, etc. Et plus encore en 2022, où la France tient la présidence tournante de la Commission jusqu’au 1 er juillet. Pour célébrer cette pré- sidence française et les 20 ans de l’euro, la Monnaie de Paris a édité une nouvelle pièce de 2 euros où figurent un chêne et un olivier, symboles de force et de sagesse. Au printemps, laMaison de l’Europe dévoilera les conclusions de sa conférence sur l’avenir du Vieux Continent, lancée le 9 mai 2021, et organisera, entre autres festivités, des «cafés européens numériques» dans le sillage des

Le 9 mai 2018, l’arc de triomphe de l’Étoile se pare des drapeaux des membres de l’Union européenne pour célébrer la paix et l’unité. The Arc de Triomphe on May 9, 2018, lit to celebrate European peace and unity.

VINCIANE VERGUETHEN - PRESSE - GERARD JULIEN

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