Paris Vous Aime Magazine - n° 1
NOUVELLE AIRE
3 QUESTIONS À Michel Lussault
Le géographe Michel Lussault, professeur d’études urbaines à l’ENS Lyon, évoque le futur des politiques de réaménagement des bâtiments et des espaces urbains, « une imbrication de lieux in nis » .
Geographer Michel Lussault, a professor of urban studies at ENS Lyon, discusses the future of redevelopment policy for buildings and urban spaces: “in nitely overlapping of locations”.
De tout temps, nombre de bâtiments ont été transformés. En quoi les réhabilitations actuelles sont-elles différentes ? Le mouvement de transformation s’accélère. Le manque de souplesse des bâtiments ne permet pas de les adapter aux besoins de la
Buildings have always been transformed through restoration. How do current projects differ? The movement to transform buildings is accelerating. Old buildings often lack the exibility needed to be adaptable to our current needs, particularly since many consumers are changing their habits and prefer local products. This means nding healthy urban soil and ghting pollution. There is also a demand for ‘hybrid spaces’, which combine housing and o ces and where new forms of interactions are created. Furthermore, environmental constraints are now motivating cities to recycle, save energy, and use fewer raw materials. For the last 20 years or so, these transformations have primarily concerned Industrial-era buildings, which tend to be more adaptable to new uses. Before, they were simply demolished to make way for entirely new constructions. This phenomenon is not speci c to France. In the 1990s, however, restored buildings served mostly for large cultural projects and retained only the exterior structures. We now need to look at how to transform these places into o ces, housing, shops, schools, galleries, etc. What does this mean for how the city is built? Urban planning must go from focussing on single-use spaces to the construction and interweaving of spaces which can lend themselves to an infinite number of uses. Modular spaces should mix populations and integrate multiple possible future uses right from the design stage. What kinds of buildings are being transformed?
population. D’autant qu’une partie de celle-ci est en quête de nouvelles façons de consommer notamment, privilégiant les produits locaux. Cela nécessite de retrouver dans les villes des sols sains et de lutter contre les pollutions. Il y a aussi une demande de « tiers lieux » qui ne sont ni des logements, ni des bureaux, mais des endroits où se créent de nouvelles formes de convivialité. Les contraintes climatiques ont également propulsé l’idée que, comme les produits, les villes doivent aussi devenir recyclables, plus économes en énergie et en matériaux. Depuis une vingtaine d’années, ces transformations concernent avant tout les immeubles de l’ère industrielle qui s’avèrent plastiques et adaptables à de nouveaux usages quand, précédemment, ils étaient démolis pour reconstruire en lieu et place. Ce phénomène n’est pas propre à la France. Mais là où dans les années 1990 la réhabilitation des bâtiments dont on ne gardait parfois que la structure extérieure concernait de grands projets culturels, il s’agit aujourd’hui de regarder comment transformer ces lieux en bureaux, logements, commerces, écoles, galeries, etc. Quelles formes prennent aujourd’hui ces transformations ?
Quelles sont les conséquences sur la construction de la ville ?
Il faut passer de l’urbanisme organisé autour de lieux à usage unique à la construction et l’imbrication de lieux in nis, jamais terminés, mixant les populations, en pensant dès leur conception à leurs futurs usages potentiels.
© ADRIEN PINON POUR ECOLE URBAINE DE LYON
JANVIER-FÉVRIER 2020
PARIS VOUS AIME MAGAZINE
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