Paris Vous Aime Magazine - n° 1

La e histoire

LE SAINT-GERMAIN DE SIMONE DE BEAUVOIR SIMONE DE BEAUVOIR’S SAINT-GERMAIN Durant les années 1950, la philosophe et essayiste fut l’égérie d’un Saint-Germain-

des-Prés en pleine effervescence culturelle. Récit d’une période de liberté et de renouveau.

In the 1950s, the philosopher and essayist was the muse of a Saint- Germain-des-Prés in full cultural swing. Account of an era of freedom and renewal.

Pascal Mouneyres

O n this autumn day in 1950, Simone de Beauvoir is pensive. She is working in Jean-Paul Sartre’s apartment on the rue Bonaparte in the 6th arrondissement (the couple actually never lived together) and can see the Place Saint-Germain-des-Prés, the ter- race of Les Deux Magots café, and the church’s Roma- nesque belfry through the window. It's been the epi- centre of her life fromthemoment the singerMouloudji introduced her to the Café de Flore in 1941, as well as of Parisian intellectual and artistic life since the Second World War. What encounters and discoveries d s the Left Bank have in store for her today? Since the release of her book The Second Sex a few months earlier, De Beauvoir’s life has greatly intensi- ed. Despite controversy – Albert Camus, for one, called the book "an insult to the Latin male" – the philosopher has become an icon as popular as Jean-Paul Sartre. De Beauvoir presides over a vibrant Saint-Germain-des- Prés, known as "the neighbourhood", which embodies the era’s fondest ideals. "In Paris [...] one neighbourhood is always at the forefront," said Jean Cocteau. "Even be- fore thewar, during theMontparnasse andMontmartre years, there was already an unprecedented concentra- tion of vocal talents, literature, jazz, and publishing there", observed writer Gilles Schlesser, author of

n ce jour d’automne 1950, Simone de Beauvoir est songeuse. Elle travaille chez Jean-Paul Sartre – le couple mythique ne vivra jamais ensemble -, au 4 e étage de la rue Bonaparte, dans le 6 e arrondissement. En levant les yeux vers la fenêtre, elle aperçoit la place Saint-Germain-des-Prés, la

terrasse des Deux Magots et le clocher roman de l’église : l’épicentre géographique de son existence depuis que le chanteur Mouloudji lui a fait découvrir le Café de Flore en 1941, devenu le pôle d’aimantation de la vie intellectuelle et artistique depuis la n de la Seconde Guerre mondiale. Depuis la sortie du Deuxième Sexe quelques mois plus tôt, la vie de Simone de Beauvoir est d’une intensité folle. Malgré les polémiques, Albert Camus parle d’ « insulte au mâle latin » , l’ancienne agrégée de philosophie est de- venue une icône féministe, tout autant sollicitée par les foules que Jean-Paul Sartre. Elle rayonne, au c ur du tour- billon de Saint-Germain-des-Prés, « le quartier » comme on le surnomme et le concentré idéal de son époque. « À Paris, disait Jean Cocteau, […] un quartier s'y met tou- jours en pointe. » « Même avant-guerre, pendant les an- nées Montparnasse ou Montmartre, on n’avait jamais vu une telle concentration de talents de la chanson, de la lit- térature, du jazz, des maisons d’édition, raconte Gilles

© RENE SAINT PAUL / BRIDGEMAN IMAGES

JANVIER-FÉVRIER 2020

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