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Avec vos créations fantaisistes (les robes graffitis, les vêtements devant/derrière, le manteau Teddy Bear), vous avez toujours milité pour une mode anti-conformiste, qu’est-ce que cela veut dire ? Plus qu’une mode, c’est un style anti-conformiste. Cela signifie qu’une succession d’éléments, qui peuvent être un manteau, une veste, une chaise ou une lampe sont compatibles avec un univers qui n’est pas le sien et qui prend sa place. Ce qui est assez émouvant pour moi, c’est de voir qu’il y a une jeune génération qui me connaît plus pour mon travail de graphiste que pour mon travail de mode, comme si j’avais eu plusieurs vies. L’humour semble important dans votre démarche. L’humour est une affirmation de soi, un bouclier. Je pratique un humour dadaïste, qui met en abîme la société. Mon but n’est pas de faire rigoler, mon but est de faire poser des questions. Vous n’avez défilé en haute couture qu’une seule fois. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas un monde pour moi. J’ai toujours aimé l’idée de l’industrie, de la collectivité, c’est pour ça que je travaille. Quelles sont vos sources d’inspiration ? Elles sont multiples. D’abord la musique, d’une manière presque viscérale. En ce moment, je prends des cours de guitare, je suis à nouveau un petit garçon. Et ma passion pour l’histoire, c’est un puits sans fond chargé de mystère qui permet de sortir du monde de l’image. Votre relation à l’art et aux artistes est également très importante. Vous avez vous-même basculé pour le devenir à votre tour. Ma première passion, c’était ça ! Je ne voulais pas
More than fashion, it’s anti-conformity. This means that a succession of items- a coat, a jacket, a chair, a lamp- can be compatible between styles. I ammoved to see that there’s a young generation which knows me more for my work as a graphic designer than formy work in fashion, as if I’ve had several lives. Humour seems important in your approach... Humour is an affirmation of the self, a shield. I practice aDadaist humour whichdeconstructs society. My goal is not to make people laugh but to ask questions. Why have you had only one couture show? Because that’s not my universe. I’ve always liked the idea of industry, community; this is why I work. What are your sources of inspiration? They are multiple. First, in an almost visceral way,music. Right now, I’mtakingguitar lessons, I’ma little boy again. Andmy passion for history is a bottomless well of mystery that allows me to leave the world of images. Your relationship to art and artists is very important. You’ve became one yourself. Art ismy greatest passion! I didn’t want towork in fashion; fashionkidnappedmewhen I agreed towork formymother’s clothing business. I was lucky; she never saidno tomy designs.Mywork bordersmany domains:music, cinema, theater, design, architecture. I’ve reached the touching status of a freeman. Now I have the feeling that many things resemble my creations; I finally feel part of the times.
faire de mode, c’est la mode qui m’a kidnappé lorsque j’ai accepté de travailler pour l’entreprise de confection de ma mère. Elle ne disait jamais non à mes créations, j’ai eu cette chance. Mon travail est à la frontière de tous les territoires : musique, cinéma, théâtre, design, architecture. J’ai atteint le statut très émouvant
You dressed both Pope John Paul II and Lady Gaga. How do you adapt your designs? Every case is different, depending on its artistic manifesto, its theatricality. I think globally, I can’t only
«Ma première passion, c’est l’art» “Art is my greatest passion”
think about the individual. I think of the act, the disorder that will be caused by the person’s involvement, and howwe can bring the emotional dimension back in. Your chasuble for the pope is part of the treasures of Notre Dame. On the night of the fire, you went there to pay tribute via Instagram. What ties you to this monument? I went to Notre Dame Cathedral and prayed. I was deeply moved to see Parisians, who all realized the gravity of the moment, converge on this protective presence.
d’homme libre. Et aujourd’hui j’ai le sentiment qu’il y a tellement de choses qui ressemblent aux créations que je faisais, que je suis enfin arrivé à mon époque. Vous avez à la fois habillé le pape Jean-Paul II et Lady Gaga, comment adaptez-vous vos créations ? Selon leur manifeste artistique, selon leur acte scénique, tout est différent. À chaque situation, sa problématique. Je pense global, je n’arrive pas à penser seulement sur l’individu, je pense à l’acte, au trouble qui va être provoqué par l’intervention de la personne et comment on peut ramener la dimension émotionnelle.
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86 - PARIS WORLDWIDE JUILLET / AOÛT JULY / AUGUST
2019
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