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es and the canny use of social networks, they are developing a “spontaneous new grammar” for protests, says Sylvie Ollitrault, a researcher in political science at CNRS in Rennes: “Amarch is far less codified than a demonstra- tion. It lasts much longer and more effectively captures media and political attention. Walking also comes with the notion of physical effort, which demon- strates commitment and belief in a cause.” The solitary exploits of Patrick Maurin, an elected official from southwestern France, who has already completed three marches of more than 200 km (125 mi) to raise awareness about the suicide of farmers, are a prime example. Or Gérard Bertin, a pensioner who marches to raise money in the fight against men- ingitis. Walking as a topic for the social sciences is more popular than ever. At American universi- ties, Walking Studies are a recent addition to curriculums, intro- duced by author Rebecca Solnit at Berkeley, CA, whose book Wanderlust: A History of Walk- ing ( 5) , advances the notion that walking is threatened by new technologies. Walking Studies examines walking under every imaginable angle. To geographer Hayden Lorimer in Glasgow, Scotland, walking is a cultural activity in its own right, capable of changing the landscapes crossed and the relationships between those who do it together.

Europe, au Japon, au Canada ou en Nouvelle-Zélande. Avec leurs marches régulières et l’usage des réseaux sociaux, ils développent une « nouvelle grammaire » , « spontanée » , de la contestation pour Sylvie Ollitrault, chercheuse en sciences politiques au CNRS à Rennes : « La marche est beau- coup moins codée que la manifes- tation. Elle évolue sur un temps beaucoup plus étendu et suscite l’attention, médiatique comme politique, plus longtemps. » D’après elle, « la marche s’accompagne aussi d’une notion d’effort phy- sique qui prouve un engagement, une croyance en une cause » . En témoignent les exploits en solitaire de Patrick Maurin, un élu du sud-ouest de la France, ayant déjà accompli trois raids de plus de 200 km pour dénoncer le suicide des agriculteurs ; de Gérard Bertin, retraité normand qui récolte des fonds en chemin pour lutter contre la méningite. Au rayon des sciences sociales, la marche est aujourd’hui prisée, notamment par les universités amé- ricaines et leurs Walking Studies . Celles-ci y ont été introduites par l’essayiste Rebecca Solnit à Berkeley (Californie), autrice de l’ouvrage L’Art de marcher  (5) , l’estimant aujourd’hui menacée par les nouvelles technologies. Les Walking Studies examinent la marche à pied sous toutes ses coutures . Pour le géographe Hayden Lorimer, à Glasgow, elle est une activité culturelle à part

entière, susceptible de changer les paysages qu’elle traverse et les relations entre ceux qui la pratisent. OUTIL DE RÉVOLTE En plus de la philosophie et des sciences sociales, la marche a été la grande affaire des écrivains, pour qui elle est source d’inspi- ration. Selon Antoine de Baecque, elle « favorise la méditation ou la rêverie, la divagation ou les retrou- vailles avec soi-même » . VictorHugo vénérait sa « muse pédestre » , qui lui a dicté ses récits de voyage sur le Rhin. De nos jours, la marche a initié un courant littéraire en soi, la psychogéographie, héritée de Guy Debord. À Londres, autour d’écrivains comme Iain Sinclair et Will Self, et à Paris, avec Philippe Vasset, elle rassemble des confré- ries d’auteurs et d’écrivains qui devant la gymnastique (21 %). C’est 61 % pour les hommes, devant le cyclisme (27 %). percentage of physically active women who prefer walking over gymnastics (21%). Men who prefer walking (61%) over cycling (27%). Source: Insee, 2017 74 % des femmes déclarant une activité physique font de la marche à pied en priorité,

LE GRAND PARIS VAUT BIEN UNE RANDONNÉE GREATER PARIS ISWELLWORTHAHIKE

L’Île-de-France, territoire densément urbanisé, tourne le dos aux marcheurs. Seuls trois sentiers de randonnée la parcourent sans y inclure Paris. Une anomalie bientôt corrigée. Depuis 2016, deux associations, Le Voyage métropolitain et À travers Paris, conçoivent pas à pas un nouvel itinéraire balisé. Long de 600 km, le sentier du Grand Paris doit passer par 150 communes, et « articuler la métropole du Grand Paris avec les villes nouvelles » , d’après Jens Denissen, l’un de ses initiateurs. Ouverture prévue en 2020.

With a meagre three hiking trails, the densely urbanized Ile-de-France region has forgotten walkers, offering very few hiking trails- an anomaly that will soon be corrected. Since 2016, two organizations, Le Voyage Métropolitain and À Travers Paris, have been developing a new 600-km (380-mi) marked itinerary that will cross 150 cities and “articulate the Greater Paris metropolis with new cities,” according to Jens Denissen, one of its founders. Opening scheduled for 2020. lesentierdugrandparis.com

CREATEDBYAGNIRAJCHATTERJIFROMTHENOUNPROJECT

80 - PARIS WORLDWIDE JUILLET  / AOÛT JULY  / AUGUST

2019

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