PVA magazine (Mars-Avril 2020)

grande abbaye qui a été démo- lie à cause des travaux d’Hauss- mann et de la percée de la rue de Rennes et des boulevards. C’était le sujet de Rose , un roman qui se déroule pendant cette période très dif cile (le Second Empire), une époque de révolte pour les gens les plus pauvres que l’on expulsait et qui n’avaient plus les moyens de vivre dans la capitale. Mais ils ont réussi à sauver l’église et quelques rues. Voilà pourquoi la rue de Rennes, qui devait se terminer sur les quais de la Seine, s’arrête boulevard Saint-Germain. La richesse culturelle de la capitale est immense. En pro tez-vous ? Je vais au musée Jacquemart- André à chaque nouvelle expo- sition. Ce bel hôtel particulier possède une histoire singulière. Le couple Jacquemart, grand ama- teur d’art, a fait construire ce bâti- ment pour y installer sa collection. L’an dernier, j’ai vu l’excellente exposition consacrée au peintre danois Vilhelm Hammershøi. Quelle serait votre première mesure si vous étiez à la tête de la mairie de Paris? J’interdirais la circulation des trottinettes sur les trottoirs! Anciennegéomètre, elleaeuunevie sentimentale qui l’a conduite à une forme de dépression. Elle s’est mise à l’écriture sur le tard, en décou- vrant les romans de Romain Gary et de Virginia Woolf. Elle habite dans un immeuble réservé aux écrivains et artistes de nationalités différentes. La robotique envahit le monde et tout se complique. Vous êtes vous-même d’origine étrangère. Comment votre double culture nourrit-elle votre travail? J’ai grandi avec les deux langues. J’écris des livres en français, d’autres en anglais. Je n’ai jamais voulu me traduire, je trouve Qui est votre héroïne Clarissa dans votre dernier roman?

The plot of your next novel is set in Paris. What are your favourite places in the capital? The Eiffel Tower. I realized that I couldn’t live in an apartment where it wasn’t visible, even just a bit, because I have to see it. I’m fascinated by it. Besides, I really like architecture, knowing how a building is built, how a city is transformed. I’m not a believer, but I love churches. When Notre-Dame was burning, I couldn’t watch the images on television, I was too afraid of seeing it collapse. Since then I haven’t been able to look at photographs of the disas- ter. I often go to Saint-Germain- des-Prés as well. It was once part of a large abbey that was demolished following Hauss- mann’s renovation and the open- ing of the Rue de Rennes and the boulevards. This was the subject of Rose , a novel that takes place during the Second Empire, a time of revolt for the poorest Parisi- Why do you love churches so much?

que c’est impossible. Mais pour Les Fleurs de l’ombre , j’ouvrais deux pages sur mon écran et j’écrivais les deux versions en même temps. J’avais retrouvé les traces laissées par Romain Gary et VirginiaWoolf, tous deux suicidés. Je m’intéresse aux traces que nous laissons, cela me permet de trouver des réponses à mes propres interrogations. Je n’arrive pas vraiment à com- prendre ce qui se passe et ce qui va arriver. J’ai fait mes études en Angleterre, mon grand-père maternel était ambassadeur et un Européen convaincu. C’est un peu comme si je perdais mes racines. J’ai connu un pays ouvert, tolérant, je trouve qu’il a changé. Tant qu’il y aura des libraires qui ouvrent leurs portes pour rencon- trer des lecteurs, les auteurs seront là. Nos livres sont appréciés à l’in- ternational, je suis traduite dans une quarantaine de pays, cela donne des forces. Depuis Elle s’appelait Sarah , Un mot sur le Brexit en tant que franco-britannique? Que pensez-vous de l’avenir du livre ?

MARS -AVRIL 2020

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PARIS VOUS AIME MAGAZINE

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