PVA magazine (Mars-Avril 2020)

MUSÉE À CIEL OUVERT

epuis octobre 2019, un socle en pierre de 6m 3 trône aumilieu de la placette située à l’angle des rues Saint-Martin et Cloître-Saint-Merri (4 e ). De l’art urbain? Pas vraiment. «Ce piédestal a été conçu pour exposer temporairement des œuvres d’artistes contempo- rains et servir de support à des installations artistiques très ponctuelles, répond Djeff, le cofondateur du collectif d’ar- tistes 6M3. Ce soir, par exemple, il va accueillir une choré- graphie de Yumi Fujitani.» À Paris, l’offre est multiple, pour se cultiver, assouvir sa curiosité ou satisfaire le plaisir des yeux: dans l’un des 206 musées, mais aussi à chaque coin de rue, à la portée des passants. La pionnière française du pochoir, Miss.Tic, n’hésite d’ailleurs pas à comparer la capitale à un musée à ciel ouvert. «Tous les jours, un artiste intervient sur un mur, une façade, une place, un jardin» , justi e-t-elle. Une démarche novatrice? Non, répond le directeur artistique de l’association Art en ville, Olivier Landes. «Paris a une longue tradition de commandes d’œuvres d’art dans l’es- pace public, découlant, notamment, du 1%artistique. Ce dis- positif permet de consacrer 1% du montant des travaux de certaines constructions publiques à la création ou à l’acqui- sition d’œuvres d’art contemporain. Grâce à cette politique, la Ville Lumière est riche d’une multitude de sculptures qui ornent les places dans les quartiers historiques» , illustre cet urbaniste de formation. L’art dans tous ses états Pour s’en convaincre, il suf t de se promener et de lever le nez. Perché à 9 mètres de hauteur, porte de Clignancourt (18 e ), le Cœur de Paris de Joana Vasconcelos s’aperçoit de très loin. À quelques jets de pierre, sur le parvis de la gare du Nord (10 e ), l’ours ailé vermeil Angel Bear de Richard Texier ne passe pas inaperçu non plus. Parfois, il convient de baisser les yeux. Ainsi, l’ Hommage à Arago (1994) de Jan Dibbets se décline en 135 médaillons xés sur la chaussée, disséminés le long du méridien de Paris selon un axe nord-sud (2 e , 6 e , 9 e , 14 e et 18 e ). Avis aux amateurs de jeux de piste: le numéro 97A se trouve dans le passage Richelieu! Quelquefois, il est nécessaire de chausser ses lunettes pour distinguer le vrai du faux. C’est le cas avec l’ Arbre des Voyelles , de Giuseppe Penone. Installé en 1999 dans le jardin des Tuileries (1 er ), cemoulage en bronze res- semble à s’y méprendre à un chêne fossilisé tombé après une tempête. «L’art urbain s’avère très varié , constate Miss. Tic. Il y en a pour tous les goûts.» Et pour tous les supports! L’artiste Le CyKLop s’est emparé du mobilier urbain - en l’occurrence des poteaux antistationnement de la rue Pié- montesi (18 e ) - pour peindre de drôles de cyclopes colorés.

S ince October 2019, a 6 m 3 (212 ft 3 ) concrete plinth has dominated a small square at the corner of the Rue Saint-Martin and Rue Cloître-Saint-Merri in Paris’ 4th arrondisement. Urban art? Not exactly. “The pedestal was designed to feature temporary artworks and serve as a base for impromptu installations”, explains Djeff, a co-founder of the artist collective 6M3. “Tonight, for it will host a dance performance by the Japanese choreographer Yumi Fujitani.” With 206 museums and increasingly art- lled streets, Paris offers a vast cultural wealth to satisfy curiosity and please the eye. French sten- cil artist Miss.Tic compares the capital to “an open- air museum”. “Every day an artist works on a wall, a facade, a square, or a garden.” Olivier Landes, an urban planner and the artistic director of Art en Ville, d sn’t see this phenomenon as particularly novel. “Paris has a long history of commissioning artwork in public spaces. A result of the city’s 1% art stipulation, which funds the creation and acquisition of contemporary artworks. Thanks to this policy, the City of Lights has a rich collection of public artwork adorning the walls and squares of historic neigh- bourhoods.” Art in all its forms If you’re not convinced, just look up. Joana Vasconcelos’ 9-m (30-ft) Cœur de Paris , at the Porte de Clignancourt (18th) is easily discernable from

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