PVA Magazine n°6 (juillet-octobre 2021)

MÉLANGE DES GENRES Ci-contre, Jean Tesar, sculpteur. Ci-dessous, l’artiste plasticienne Hélène Majera. Tous deux sont installés dans la cour depuis plus de trente ans. MIXING GENRES Opposite, sculptor Jean Tesar. Below, visual artist Hélène Majera. Both have been working in the Cour for over 30 years.

W e had tomake ourselves heard in order to save ourselves – and for our neigh- bours to discover our existence, even though some of us have lived here for over 40 years!”, recalls sculptor Jean Tesar, who’s rented his own workshop here since 1984. Workingwithmarble, metal, and porcelain, Jean Tesar is currently sculptinganimal gures incrystal forBac- carat. Hidden from view from the sidewalk, the Cour de l’Industrie at 37 bis, Rue de Montreuil (Paris 11 th ) is the capital’s last active ensemble of 19 th -century indus- trial courtyards. However, the fate of this vestige of the Faubourg Saint-Antoine’s working-class past nearly succumbed to real estate developers seeking to carve up the complex for hefty pro t. So the artisans created the ACI association to defend themselves. In 1992, the premises were nally listed as a Paris historical mon- ument. Despite this achievement, the workshops were deteriorating and the real estate threat still loomed. Finally, the mayor of Paris stepped in, purchasing all three of the courtyardswith the objective of promoting this heritage and supporting these threatenedmetiers of the "Made in Paris" label. By 2017, the courtyard studios were back to their original state after 17 mil- lion euros of work. "It was a long shot. These huge light-drenched spaces are remarkable, but they were also very run down. There was no comfort, no heat- ing, sometimes no toilets, and winters were harsh",

D ire qu’il aura fallu attendre qu’on fasse du bruit pour notre sauvegarde pour que des voi- sins du quartier découvrent notre existence! Et pourtant, certains habitaient là depuis au moins quarante ans », se souvient le sculpteur Jean Tesar, locataire de son ate- lier depuis 1984. Travaillant le marbre, le métal ou encore la porcelaine, il œuvre en ce moment à la sculpture d’animaux en cristal pour la marque Baccarat. Quasi insoupçonnable depuis le trot- toir du 37 bis, rue de Montreuil (Paris 11 e ), la Cour de l’industrie est le dernier ensemble de cours industrielles du XIX e siècle encore en activité dans la capitale. Pour- tant, le sort de ce vestige du passé ouvrier propre au fau- bourg Saint-Antoine a failli être balayé par l’appétit d’un promoteur immobilier qui rêvait déjà d’une vente à la découpe. De pétitions en fêtes populaires, les artisans d’art créent une association (l’ACI) pour se défendre. Et ça paye: dès 1992, les lieux sont inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques de Paris. Un statu quo s’instaure mais le délabrement s’accélère et la menace immobilière persiste. La mairie de Paris décide de racheter l’ensemble des trois cours. Objectif: valoriser ce patrimoine, aider des métiers dits « fragiles » et surfer sur l’étiquette du « Fabriqué à Paris ». Estimés à 17 mil-

lions d’euros, les tra- vaux durent six ans et s’achèvent en 2017. « On partait de loin. Les lieux sont certes

recalled cabinetmaker Bernard Mauffret, who found a workshop at the end of the third courtyard that was suf ciently removed for him to

La création d’une association par les artisans a permis de sauvegarder le lieu

work without disturb- ing anyone. "It’s true that I can make seri- ous noise when I turn on my tools and have

fantastiques, avec tout ce qu’il faut de volume et de lumière pour travailler, mais ils étaient aussi très vétustes. Il n’y avait aucun confort, pas de chauffage, parfois

The creation of an artisans’ association made it possible to safeguard the location

même pas de toilettes, et les hivers étaient rudes », se rap- pelle l’ébéniste Bernard Mauffret, qui a trouvé au fond de la troisième cour un local suf samment en retrait pour travailler sans déranger personne. « C’est vrai que je peux vite devenir encombrant et bruyant quand je mets en marche mes outils et que je dois faire passer dans mon atelier un morceau de chêne de 250 kg! », reconnaît-il. Grâce à cette lutte de longue haleine, l’activité des lieux a pu être préservée et valorisée. Mais les artisans du bois qui ont fait la renommée du quartier jusque

to run a 250 kg (550 lb) piece of oak throughmy work- shop!", acknowledgedMauffret. Thanks to the tenants’ long-termstruggle, activities on the premises have not only been preserved but promoted. The woodworkers for which the district was famous until the 1970s are a minority now, joined by artists and craftspeople who bring new life to this ensemble of half-timbered buildings and small pavilions. “It’s true that there is a greater number of workshops and trades than before the renovation, including upholsterers,

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