PVA Magazine n°6 (juillet-octobre 2021)

Comment faire dialoguer Chaillot avec les danseurs urbains du parvis du Trocadéro? Comment ouvrir ce sanctuaire aux publics de la rue? Les danses urbaines sont déjà pré- sentes sur la scène de Chaillot. Il faut continuer à tisser des liens avec les pratiques qui se déploient autour du théâtre. Je pense à la communauté des skateurs du parvis et à l’artiste danoise Mette Ingvartsen, qui conçoit une pièce sur cet univers. Je serai attentif à ces initiatives visant à rapprocher des milieux qui n’ont pas pour habitude de se fréquenter. J’y veil- lerai aussi pour régénérer l’expres- sion de la danse en s’appuyant sur des savoir-faire inattendus. Il nous faut aller là où sont les gens et ame- ner la danse là où on ne l’attend pas. Didier Deschamps, votre prédécesseur, a programmé votre spectacle en 2022. Cette création relèvera-t-elle de la « danse documentaire » qui vous caractérise tant ? Didier Deschamps m’avait une nou- velle fois invité dans ce théâtre avant même que nous sachions que j’allais en prendre la direction quelques mois plus tard. Je pré- senterai donc, en juin 2022, Corps extrêmes, qui réunit des acrobates, des voltigeurs et des artistes catégo- risés « de l’extrême ». Ce spectacle joue sur le contraste entre la grande virtuosité de ces corps et leur fra- gilité. Nous comprenons, en creux, que c’est en acceptant ce que nous sommes, avec nos failles, que l’on arrive à réaliser des choses que l’on croyait impossibles à atteindre. C’est le l rouge d’un bon nombre de mes pièces, et ce que l’on a coutume de considérer comme des « fragilités » devient très relatif. La danse est l’art qui, via les réseaux, s’est le plus révélé au grand public pendant cette année de con nement. Quel regard portez-vous sur cet engouement? La danse est une façon d’expri- mer la liberté à disposer de son

of confinement, thanks to digital media. How do you view this interest? Dance is a way of expressing the freedom of using one’s body. Social distancing and sanitary measures have limited the use of our bodies and our contact with others. It’s therefore no surprise that an art based on everything we couldn’t experience over the past fewmonths has generated such enthusiasm. What’s specific about dance in Paris compared with other capitals? They’re all represented here! Every choreographic world can be found in Paris. Heritage, academic, off- beat, experimental, contemporary, traditional, vernacular, urban, club- bing, and digital dances! Paris and its suburbs offer the opportunity to experience dance - whether prac- ticed or thought about - in its widest sense. This is not always the case in other cities of the world.

corps. Les distances sociales, les gestes barrières sont venus limiter la possibilité de vivre pleinement son corps et d’être en contact avec les autres. Il n’est pas surprenant qu’un art fondé sur tout ce que nous ne pouvions plus éprouver ces der- niers mois – le contact, partager un espace, etc. – ait créé un tel engoue- ment chez les gens. rapport à d’autres capitales? C’est qu’elles y sont toutes repré- sentées! Tous les univers choré- graphiques sont ou passent par Paris. Danse patrimoniale, acadé- mique, revisitée, expérimentale, contemporaine, traditionnelle, ver- naculaire, urbaine, clubbing, digi- talisée! Paris et sa banlieue offrent la possibilité de vivre la danse – qu’elle soit pratiquée ou contem- plée – dans ce qu’elle a de plus large. Cela n’est pas toujours le cas dans les autres villes du monde. Quelles sont les spéci cités de la danse à Paris par

JUILLET - AOÛT - SEPTEMBRE

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