PVA Magazine n°6 (juillet-octobre 2021)

SUR ET SOUS LES TOITS DE PARIS

 R ebut de l’immobilier ! Voici comment on désignait il y a quelques années encore les étages sous la charpente des immeubles haussmanniens, destinés à loger les domes- tiques. Pourtant, aujourd’hui, ils s’arrachent, pour l’espace qu’offrent les combles mais aussi pour la possibilité, parfois, d’investir le toit en le transformant en terrasse ou en lieu de convivialité . Sous les toits, « lamansarde est une spéci cité parisienne. Sa couverture brisée optimise l’espace intérieur et permet d’y habiter », souligne Thomas Lesne, dirigeant de la so- ciété Toiture Parisienne, spécialisée dans les travaux de couverture. Après avoir hébergé des générations d’em- ployés de maison puis d’étudiants, ces chambres de bonnes se négocient désormais à prix d’or, car l’ascen- seur a changé la donne. Grâce à lui, les familles aisées ont pris de la hauteur, délaissant même les deuxièmes étages, traditionnellement dotés de balcons. Résultat: vivre sous les toits est devenu un luxe. Le vrai plus de ces espaces d’une dizaine de mètres carrés rassemblés pour former un appartement? Une succession de fenêtres en en lade correspondant aux anciennes chambres. « Il s’agit le plus souvent de lucarnes ou de chiens-assis à l’esthétisme très prisé et offrant une grande luminosité », précise l’architecte DPLG Céline Boclaud. Des espaces convoités pour leur cachet Mais les immeubles parisiens ne jouissent pas tous de chambres de bonnes à transformer en deux, trois ou quatre pièces cosy. En revanche, ceux à toiture mansar- dée possèdent systématiquement des combles convoités par les propriétaires de derniers étages. « Le rachat de ces espaces constitue la meilleure option pour acquérir quelques mètres carrés supplémentaires à moindre coût, expose Olivier Corsin, ingénieur structure et fondateur du bureau d’études Tisco . Libre à chacun, ensuite, d’en faire ce qu’il veut: gagner une belle hauteur sous plafond, aménager une mezzanine, ou simplement pro ter de la vue des poutres apparentes. » « Pente de toit, lucarnes, chiens-assis, recoins ou escalier hélicoïdal, les prestations offertes par ces appartements sont très recherchées en raison de leur cachet », ajoute Murielle Hofstein, respon- sable de l’agence immobilière Dernier Étage. « Ces biens ne représentent que 10 % de l’offre globale. Or, la rareté faisant la valeur, ils se vendent de 15 à 20 % plus cher que les autres, surtout si l’immeuble possède un ascenseur », complète-t-elle avant de préciser que la situation est iden- tique pour les programmes neufs. Cette rareté atteint son paroxysme lorsque les biens sont dotés d’une terrasse, surtout depuis la crise sanitaire. « Les clients les plus ai- sés qui désirent habiter la capitale sont prêts à mettre des fortunes dans des logements avec vue dégagée sur les mo- numents et sur les toits en zinc, constateMurielle Hofstein, mais aussi, et de plus en plus, avec un espace extérieur. » « Le zinc gris qui habille les toits parisiens, matériau souple, facile à plier et bon marché, s’est généralisé au

U ntil recently, the spaces under the eaves of Paris’ 19 th -century Haussmannian buildings, originally designed to house servants, were off the real estate indus- try’s radar. But suddenly attics are all the rage; extra space and the possibility of converting rooftops into terraces is irresistible. “Mansard roofs are speci c to Paris. Their sloping sides optimise inte- rior space and make them habitable”, said Thomas Lesne, the director of Toiture Parisienne, special- ists in roo ng. After housing generations of servants and students, these maids’ quarters – or “chambres de bonnes” – are selling at premium prices thanks to the installation of lifts. Well-to-do Parisians are now seeking higher ground, even forsaking the sec- ond oor, traditionally the living oor, with its high ceilings and balconies. Living under the roof is the newest luxury. “These often quirky 10-sq-m (110-sq- ft) spaces can be joined together to forma single lumi- nous apartment with a prized aesthetic”, explained architect Céline Boclaud. Coveted for their character Though not every Paris building has maid’s quar- ters to convert, buildings with mansard roofs all have attics that owners of upper- oor apartments

JUILLET - AOÛT - SEPTEMBRE

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