PVA Magazine n°6 (juillet-octobre 2021)

QUAND L’ÉGALITÉ DES CHANCES RÉVÈLE NOS DIFFÉRENCES

Deux chercheurs ont mis au jour un paradoxe : dans les pays les plus égalitaires, les lles étudient moins les sciences dures que les garçons.

Two researchers have uncovered a paradox: girls in even the most egalitarian countries are less likely than boys to study the hard sciences. WHEN EQUAL OPPORTUNITY REVEALS OUR DIFFERENCES

En collaboration avec Phébé , la veille d’idées internationale par Le Point

Cécile Philippe, docteure en économie, fondatrice et directrice de l'Institut économique Molinarai Boris Séméniako

É tudier les sciences dures, en France, c’est bien connu, est la voie royale. Tout le monde sait que choisir les mathématiques ouvre toutes les portes. Les sciences molles (sciences humaines et sociales), au contraire, en ferment. Pour autant, on continue d’observer, en France et partout ailleurs, un écart impor- tant entre le pourcentage de lles et de garçons qui choisissent des car- rières scienti ques. Cet écart per- siste, même si les lles réussissent aussi bien sur le plan scolaire, voire mieux, que les garçons dans deux pays sur trois, selon l’enquête Pro- gramme international pour le sui- vi des acquis des élèves (Pisa) de l’OCDE. Ce choix des lles est-il rationnel ou, au contraire, irra- tionnel? L’article des psychologues Stoet et Geary sur la sous-repré- sentation des jeunes lles et des femmes dans les domaines scien- ti ques offre une réponse. Leur démarche permet en effet de com- prendre que cette différence est en

grande partie le fruit d’un choix correspondant à des différences de préférences entre les deux sexes. Le constat est universel: les femmes sont sous-représentées dans les matières scienti ques. Une situation bien plus complexe qu’il n’y paraît Il est courant de trouver ce fait inac- ceptable, voire de pointer du doigt les cultures des pays où il est le plus marqué. Mais la situation est bien plus complexe. Les données disponibles, en effet, montrent que les écarts les plus grands sont dans les pays les moins discriminatoires – Finlande, Norvège ou Suède. Dans ceux où le choix de carrière est le plus dénué de ce que l’on pour- rait quali er d’in uence culturelle « sexiste », les femmes choisissent des études et des carrières orientées vers le vivant ou l’humain, plutôt que scienti ques, souvent plus ré- munératrices. Pour résoudre ce paradoxe, Stoet et Geary se sont appuyés sur le mo- dèle appelé « expectancy-value » de

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