PVA (Janv-Mars 2021)

Un café a c… ANDRÉ COMTE-SPONVILLE

Figure emblématique de la pensée française, André Comte-Sponville poursuit depuis des années son travail de ré exion sur les grands thèmes humanistes sans craindre de se frotter au réel. Un exercice aussi salutaire que réjouissant auquel il se livre avec nous.

This iconic gure of French thought has long re ected on grand humanist themes while remaining joyfully engaged with reality.

Fanny Triboulet

Patrice Normand/Leextra

Quel lieu parisien choisiriez-vous pour servir de décor à une rencontre ? ANDRÉ COMTE-SPONVILLE : Peut-être la cafétéria ou le restaurant du Petit Palais. C’est l’un de mes musées préférés, d’abord pour les œuvres exposées qui sont admi- rables (Courbet, Cézanne, Corot, Monet, Degas, etc.), mais aussi pour le cadre et l’ambiance. C’est un musée où, sauf exception, on n’est pas gêné par la foule, comme c’est souvent le cas au Louvre ou au musée d’Orsay. Et puis la cafétéria, au rez-de-chaussée, et le restaurant, à l’étage, sont des lieux calmes, propices aux conversations. Quel est votre lien à la capitale et quel regard portez-vous sur elle ? Je suis né à Paris, comme mon père, et j’y ai vécu l’essentiel de ma vie. C’est une très belle ville, à laquelle je suis fortement attaché. Mais je pourrais tout à fait vivre

Where in Paris do you like to meet up with people? ANDRÉ COMTE-SPONVILLE: The café-restaurant at the Petit Palais, one of my favourite museums, first for the admirable works (Courbet, Cézanne, Corot, Monet, Degas...) and for the setting and atmosphere. Unlike the Louvre and the Musée Orsay, it’s rarely overcrowded and the ground- floor garden café and restaurant upstairs are quiet places perfect for conversation. What is your connection with the capital and how do you see it? Like my father, I was born in Paris and have lived here most of my life. I’m very attached to this beautiful city, but I could live elsewhere, preferably by the sea. I actually live six months of the year in Normandy, but the City of Lights is definitely where I feel most at home. The countryside and the sea are a bit exotic for me.

ailleurs, de préférence au bord de la mer. De fait, je passe presque la moitié de l’année dans le dépar- tement de la Manche, à l’extrême ouest de la Basse-Normandie. La Ville lumière demeure pourtant mon lieu naturel, celui où je me sens le plus chez moi. La cam- pagne et la mer, à côté, me restent quelque peu exotiques. la période qui s’ouvre à nous ? Avec un goût renouvelé de la liberté ! Pas besoin d’être philo- sophe pour cela : il suf t d’être citoyen ! À cause des deux con nements et des différentes mesures sanitaires, nous avons connu, pendant des mois, la plus forte réduction de liberté que les Français de ma génération aient jamais vécue. J’ai respecté scrupuleusement les consignes, mais j’avais hâte d’en sortir ! En revanche, d’un point de vue philo- sophique, je crains que nous En tant que philosophe, comment abordez-vous

Le philosophe français André Comte-Sponville, dans son appartement parisien. French philosopher André Comte-Sponville in his Paris apartment.

JANVIER - FÉVRIER - MARS 2021

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