PVA (Janv-Mars 2021)

La e histoire

LE PARIS BOHÈME DE JOSÉPHINE BAKER JOSEPHINE BAKER'S BOHEMIAN PARIS Danseuse, chanteuse et meneuse de revue, la pétulante Américaine fut la reine de

la nuit dans le Paris des Années folles. Elle y t souf er un vent de folie et de liberté au rythme du jazz et du charleston.

The American dancer, singer, and revue star was the queen of Parisian nightlife during the Roaring Twenties. She brought freedom, revelry, and the rhythms of jazz and the Charleston.

Pascal Mouneyres

U n corps élastique aux seins nus, paré d’une ceinture de plumes, une danse frénétique où les jambes, désarticulées, semblent fuir un tapis de braises, des poses lascives ou faussement ingénues couron- nées d’un sourire ravageur, de grimaces et d’un regard qui louche à outrance. En une soirée d’octobre 1925, Joséphine Baker devint l’égérie indocile et fantasque des Années folles. Aiguillonné par un bouche-à-oreille foudroyant, le Tout-Paris des mon- dains, des fêtards et des artistes, dont le poète Robert Desnos, l’écrivain Blaise Cendrars ou le dadaïste Pica- bia, s’était précipité à la première de la Revue nègre . Le peintre Fernand Léger avait suggéré à un théâtre des Champs-Élysées d’accueillir le premier spectacle donné par des Noirs. Pour un public friand d’extravagances, cette succession de tableaux baroques, jouant avec l’exotisme africain et pastichant la vie dans l’empire colonial, fut une dé agration d’autant plus forte qu’elle était rythmée par une musique inconnue en Europe: le charleston. Entre Paris et Freda Josephine McDonald, jeune New-Yorkaise à peine débarquée de son trans- atlantique, le coup de foudre est dé nitif. « Le public a peut-être eu pitié de moi, racontait-elle en riant des années plus tard, il m’a tout de suite adoptée. Pourtant j’étais si maigre. À l’époque, à Paris, les dames

W ith her supple body, ingenu- ous dances, free spirit, sexy poses, and irresistible smile, Josephine Baker, in a single evening in 1925, instantly captured the imagination of Paris social- ites and artists and became the muse of the Roaring Twenties. Poet Robert Desnos, writer Blaise Cendrars, and artist Francis Picabia all rushed to the premiere of La Revue Nègre . Painter Fernand Léger had pushed a theatre on the Champs-Élysées to host the rst-ever revue by Black performers. For a public enam- oured of extravagance, Baker's succession of scenes evoking African exoticism and paro- dying life in the colonial empire was all the more powerfully punctuated by the Charleston, a dance hitherto unknown in Europe. Between Paris and Freda Josephine McDonald, a freshly arrived young New Yorker, it was instant love. “Maybe the public took pity on me”, she laughed years later, “they adopted me right away. Yet I was so skinny. Back then Parisian ladies were plump and I arrived with my dark skin and boyish haircut”. She mocked, with dark humor, her “pointed knees”, “breasts like a 17-year- old boy” and “teeth sticking out of my mouth”, which broke the prevailing beauty norms

Joséphine Baker, coqueluche du Tout-Paris et symbole

d’émancipation, photographiée ici

avec son automobile Delage D6, en 1935. Joséphine Baker, the darling of Paris and a symbol of emancipation, is pictured here in 1935 with her Delage D6 automobile.

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